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Jean-Jacques Urban-Galindo (PSA Peugeot Citroën) : ” 2 500 personnes utilisent notre maquette numérique “

PSA Peugeot Citroën généralise la maquette numérique pour la conception de ses véhicules.

Qu’apporte l’usage de la maquette numérique et l’utilisez-vous pour tous les véhicules ?La maquette numérique fait partie des avancées qui rendent possibles nos objectifs de développement de projets de véhicules, en particulier la réduction de leur durée à cent quatre semaines. Elle permet de gagner environ 10 % sur le coût de développement. On détecte et on résout des problèmes beaucoup plus tôt. La première étape d’Ingénum, le projet d’ingénierie numérique, est la “conception en environnement” avec la généralisation de l’usage de la maquette numérique dans un sens plus avancé qu’il y a quelques années. En 1998, nous avons décidé de franchir une nouvelle étape avec le partage des données. Chacun conçoit ses pièces en tenant compte des pièces environnantes, de manière à faire bien du premier coup. Nous avons adopté un modeleur principal, Catia, et avons choisi les outils Enovia VPM ?” également de Dassault Systèmes ?” pour réaliser la maquette numérique. Ses premières utilisations datent de novembre 1999. En ce premier trimestre de 2002, ce choix aura un impact sur tous les projets de véhicule. Deux mille cinq cents personnes environ utilisent l’application. Nous y accédons à partir d’une vingtaine de sites en France, et nous équipons aussi nos équipes de conception, basées en Espagne et en Angleterre. Au total, nous aurons formé trois mille personnes à Enovia VPM. Le basculement vers Catia s’est terminé au premier trimestre de 2001. Il a nécessité la formation, de janvier 1999 à mai 2001, des neuf cents personnes concevant la carrosserie, qui utilisaient auparavant Cadds, de Computervision. Aujourd’hui, trois mille cinq cents personnes se servent de Catia. Les étapes suivantes d’Ingénum sont le référentiel produit-processus et l’usine numérique.Comment avez-vous concilié une formation massive aux outils et les impératifs des projets de véhicule ?Extraire les concepteurs de leur métier pendant un mois pour les former à Catia pose problème sur le terrain. La conception d’une voiture mobilise de trois cents à six cents personnes. Le dispositif de formation était donc délicat à ordonnancer et à faire suivre. Les formations sur Enovia VPM ne duraient qu’une semaine par personne, mais avaient lieu au moment du passage de l’ancien outil ?” EPD Connect, de Computervision ?” au nouveau. Et, pendant deux mois, il a fallu assurer leur coexistence. Nous avons aussi formé quatre cents personnes de l’encadrement intermédiaire à Catia et à Enovia. Mais plus rapidement, toutefois.De quelle manière vos sous-traitants utilisent-ils la maquette numérique ?Nos concepteurs mettent à jour directement leurs données dans la maquette numérique. Mais les sous-traitants qui conçoivent avec nous sur notre plateau (cent à deux cents ingénieurs) ne voient qu’une partie limitée de la maquette. L’application Meeting donne aux sous-traitants extérieurs accès à la maquette numérique via le réseau sécurisé ENX (European Network eXchange). Trois sociétés commencent à utiliser Meeting : Rieter, Lear et Faurecia. Aujourd’hui, nous envoyons périodiquement en EDI à nos sous-traitants leur environnement de travail. Avec Meeting, observant l’évolution de la définition des pièces proches de celles qu’ils conçoivent, ils demandent eux-mêmes leur rapatriement. On passe ainsi d’un flux poussé à un flux tiré, ce qui accélère la mise à jour et allège le travail d’analyse chez nos fournisseurs. Nous visons les cent cinquante bureaux d’études connectés à Meeting en Europe en fin 2002.Où en sont la constitution d’un référentiel produit-processus et l’usine numérique ?La mise en place d’un référentiel progressif produit-processus couvrant les nomenclatures et les gammes de fabrication doit aboutir en 2003. Nous allons utiliser le module IPPE (Integrated Product and Process Engineering) de SAP, développé pour l’automobile. Cela pose des problèmes de synchronisation avec Enovia VPM, qui sont des choix subtils de l’architecture. Pour l’usine numérique, nous avons deux axes de travail principaux. L’un a trait à la préparation des postes de montage dans les usines terminales. Nous y travaillons avec les outils de la gamme Delmia, de Dassault Systèmes, et une version pilote est prête à être déployée. Nous en sommes au choix du moment opportun par rapport à nos projets de véhicule. Le deuxième axe est la représentation des procédés d’usinage, qui devrait démarrer en début 2003.Quels problèmes posent le calage du démarrage de logiciels avec les projets de véhicule ?Nous utilisons les projets de véhicule, qui cadencent l’activité industrielle, comme levier pour aboutir à la mise en place de pilotes et d’applications mieux finis. Cette stratégie risquée oblige à être ferme dans la tenue de résultats à des dates données. En revanche, entre deux versions d’applications, nous développons les fonctions de manière incrémentale à partir de la réalité du terrain. Nous faisons bouger les modes de fonctionnement, et les utilisateurs doivent avoir le temps de s’adapter. D’ailleurs, la formation et l’accompagnement du changement représentent plus de 50 % du budget d’Ingénum (100 millions d’euros sur plus de trois ans).

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Boris Perzinsky