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Jean-François Pépin (Cigref) : ” La logique d’affrontement avec les fournisseurs est dépassée “

Pour Jean-François Pépin, délégué général du Cigref, la mission fondamentale de l’association est de promouvoir l’usage des systèmes d’information comme facteur de création de valeur pour l’entreprise. Il affirme que les DSI doivent établir un nouveau type de relations avec leur fournisseurs et leur Direction Générale.

L’assemblée générale du Club des grandes entreprises françaises (Cigref) s’est tenue cet après-midi. Elle clôt la première année de travail de Jean-François Pépin en tant que délégué général. Perspectives sur les grands chantiers de l’association.

01 Informatique :
Jean-François Pépin, vous êtes, depuis un an, délégué général du Club informatique des grandes entreprises françaises (Cigref). Comment définissez-vous son rôle aujourd’hui ?
Jean-François Pépin : Nous ne sommes pas un ” club cigare “. Notre ambition n’est pas de dire : ” On se rencontre, on dîne ensemble et on s’en va “. Et ce, même si ce rôle reste très important : les valeurs du Cigref basées sur la convivialité et l’échange ne peuvent pas se réaliser dans une logique uniquement tournée vers l’efficacité et la recherche de performance. Notre association est confrontée depuis toujours à un effet de balancier entre convivialité et efficacité. Aujourd’hui, nous sommes à la recherche de l’équilibre entre trois facteurs clefs de succès : la performance, la coopération et le leadership. Performance et coopération : faut-il entendre que le Cigref est un lieu de partenariat ?” ou de contre-pouvoir ?” des utilisateurs vis-à-vis de leurs fournisseurs ? Non, car nous avons dépassé cette attitude. Les organisations ont souvent tendance à penser que pour exister elles doivent s’affronter. C’est une posture qui, aujourd’hui, ne nous convient plus. Nous avons trente-deux ans et nous sommes dans l’âge adulte. Nous savons ce que nous devons faire. Nous avons décidé de nous ouvrir à des partenariats extérieurs. Le fait de réfléchir, par exemple, avec le Syntec sur un certain nombre de domaines, n’est pas synonyme de ” contamination “. Ce type de partenariat va-t-il conduire vers une logique de partage du risque entre client et fournisseur, sous la forme de participation aux bénéfices réalisés, par exemple ? Je ne sais pas. Mais l’avancée vers des logiques de co-action et d’interdépendance est sûre. Je ne vois pas d’autre solution. On peut l’appeler lobbying puisqu’il s’agit d’influencer. Mais, dans cette démarche, nous sommes surtout à la recherche d’un nouveau mode de relation basé sur la confiance, l’échange et la connaissance mutuelle. Cependant, pour y parvenir, il faut que les organisations aillent plus loin qu’une simple relation d’individu à individu. Il faut qu’il y ait vraiment un acte de partenariat qui exprime la prise de conscience de l’intérêt réciproque à travailler ensemble. Cela veut-il dire que les utilisateurs doivent réaliser l’inventaire des bogues et autres défauts logiciels qu’ils constatent dans leur entreprise afin que, sur cette base, le Cigref définisse des indicateurs de qualité ? Notre président (Jean-Pierre Corniou, DSI de Renault ?” NDLR) nous a demandé de réfléchir à un indice Cigref sur cette notion de qualité. Nous avons démarré un travail qui s’avère plus complexe que prévu. En tout cas, l’idée de mesure est quelque chose de très excitant. Et, sur ce domaine en particulier, le lobbying peut se faire aussi de façon non publique. Cela veut dire que notre action ne passe plus par l’invective. Par contre, je souhaite créer les conditions réelles d’échange dans des lieux neutres.Contractualisation et partenariat ne sont-ils pas au bout du compte contradictoires ? Je pense que ce sont deux étapes qui vont l’une avec l’autre. Soyons clair, le Cigref n’a pas la légitimité statutaire de négocier les prix auprès des fournisseurs pour le compte de ses membres. Il faut le dire clairement. Nous avons, à mon sens, une légitimité plus forte qui est d’exprimer, au nom de la communauté des grandes entreprises qui sont nos membres, un point de vue qui permettra à l’entreprise individuelle de créer avec ses fournisseurs le cadre d’une contractualisation admise par chacun. Cette démarche est-elle spécifique à la France ?Non, nous ne restons pas confiné aux frontières de l’Hexagone. Ce que nous faisons avec Euro CIO(*) relève de la même logique. Le lobbying des fournisseurs vis-à-vis de la communauté européenne est excellent. Et les responsables communautaires nous disent qu’ils aimeraient bien connaître également l’avis des utilisateurs avant de prendre des décisions. Nous allons donc agir avec les DSI européens.Le Cigref participe-t-il de façon active à ces organisations ? Tout à fait. Des experts du Cigref travaillent au sein même de certaines de ces organisations : pour l’Icann, par exemple, c’est à notre délégué général adjoint que revient cette responsabilité. Nous avons fait des propositions récemment pour modifier son mode de gouvernance, et nous essayons de convaincre l’Europe qu’il serait temps que ses instances s’en occupent aussi.* Initié par le Cigref, le réseau Euro CIO va réunir pour la seconde année consécutive, à Bruxelles, une centaine de directeur des systèmes d’information des plus grands groupes européens (une dizaine de pays représentés) à l’occasion de sa deuxième édition les 5 et 6 décembre prochains. Objectif : parler de gouvernance des systèmes d’information, du rôle du DSI, des relations clients-fournisseurs, des impacts des fusions-acquisitions sur les systèmes d’information…

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Andrée Muller et Jean-François Ruiz