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Je veux ouvrir la boîte noire

Au fur et à mesure que la micro-informatique évolue, l’aspect technique, autrement dit le matériel, apparaît de moins en moins visible. C’est un bon point pour les néophytes, mais pas toujours pour les utilisateurs avertis.

On parle beaucoup du politiquement correct. L’informatiquement correct est également en vogue. Escamoter le matériel est, semble-t-il, le mot d’ordre des pionniers de la micro. On ne parle plus de répertoires sur le disque dur, mais de dossiers sur le bureau de Windows, et on masque autant que possible les aspects techniques du PC et des périphériques.Cette tendance, née avec le Macintosh, a pour but de rassurer le client en lui faisant croire que sa machine n’est guère plus complexe qu’un grille-pain. A priori, on ne peut qu’approuver. En effet, les spécifications matérielles d’un PC ou d’un logiciel, la base de registres ou les paramétrages de la mémoire virtuelle ont de quoi rebuter plus d’un utilisateur.Mais dissimuler les aspects matériels ne les rend pas caducs pour autant. Et il existe de nombreuses circonstances où chacun, sans être spécialiste micro, a parfois besoin de mettre un peu les mains dans la quincaillerie. Ainsi, lorsque vous installez un nouveau périphérique, vous devez parfois régler des conflits d’adresses et d’interruption IRQ. Autant de termes que les concepteurs de Windows XP ont choisi de reléguer dans le fond d’un obscur menu.De même, si vous cherchez tout simplement à connaître la fréquence de votre processeur, ce ne sera pas aussi facile que prévu. Les outils Windows, en effet, ne donnent une information juste que si votre puce est née chez Intel. Pour les autres, il faudra vous contenter d’une approximation.Si les messages d’erreurs sont devenus plus compréhensibles, ils ont perdu en précision et en utilité. Au lieu de me dire ” Impossible d’exécuter le programme car il manque une ressource “, ce qui ne m’avance guère, je préférais le message d’antan, un peu plus techno, du genre ” Le fichier OLE32.DLL est manquant “. Au moins, je savais quelle ressource faisait défaut.Dans une application plus quotidienne, il n’est pas toujours facile non plus de connaître les logiciels lancés au démarrage de Windows. Ces derniers, en effet, se dispersent dans la barre de lancement rapide, dans le menu démarrer, dans la base de registres, dans les fichiers INI…Enfin, succès d’Internet oblige, les versions successives de Windows tendent à effacer toute distinction entre les données placées sur le disque dur, celles situées sur le réseau local et celles disponibles sur Internet. Ici, la confusion est regrettable : lorsque mon réseau local ou mon accès Internet se plante, toutes les données que j’y ai placées deviennent inaccessibles.Alors, entre les austères systèmes d’exploitation des années 80 et les boîtes noires d’aujourd’hui, il y aurait peut-être un compromis à trouver. Après tout, Linux est peut-être plus complexe à utiliser que Windows, mais lui, au moins, il offre une transparence totale.* Chef de service à L’Ordinateur Individue.Prochaine chronique mercredi 15 mai.

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Etienne Oehmichen*