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Japan Expo : 10 ans déjà

En dix ans, d’une convention pour otakus bien informés, la Japan Expo est devenue un immense salon culturel français et international. Retour sur un succès savamment négocié.

Créée par les associations Jade et Epitanime en 1999, la Japan Expo (JE) accueille ses premiers visiteurs dans les locaux de l’Epita (une école d’informatique) pour ses deux premières éditions. En 2001, le noyau dur de Jade se professionnalise, laissant à Epitanime le soin de perpétuer le salon des débuts, qui avec son côté volontairement amateur connaît encore de nos jours un vif succès. De 2002 à 2004, le salon emménage au Cnit de la Défense, et voit sa fréquentation doubler pour dépasser finalement les 40 000 visiteurs, éclipsant totalement l’ancien poids lourd des conventions de japanimation, le salon Cartoonist, tenu de 1993 à 2003, d’abord à Toulon, puis à Paris. Un cap a été franchi, exigeant une restructuration en profondeur. Et c’est après une année de vacances, pour l’édition 2006, que la JE s’installe finalement au parc des expositions de Villepinte, un écrin à la mesure de sa croissance exponentielle.

Cohérence et éclectisme

Japan Expo
Japan Expo

Initialement, la Japan Expo se consacre pour l’essentiel à l’univers de la japanimation, une culture alors en passe de devenir un phénomène de société. Mais très vite, mue tant par la vision de ses organisateurs que par l’évolution notable des goûts du public, elle investit sans retenue tous les univers connexes : la musique (moderne et traditionnelle), le jeu vidéo, la culture et les traditions japonaises, comme la cuisine ou les arts martiaux.
Le prestige et le nombre des invités va croissant avec, dès 2004, des légendes vivantes comme le mangaka Masakazu Katsura (Video Girl Ai) et MANA, leader de Malice Mizer, légende du Visual Rock et reconnu comme l’un des initiateurs de la mode « Gothic Lolita » dont les midinettes de Shibuya (quartier branché de Tokyo) ne se sont toujours pas remises. Parallèlement, la BD asiatique (essentiellement coréenne et chinoise) se fait de plus en plus présente.

Le Japon et bien plus encore

Japan Expo
Japan Expo

Dès 2006 se concrétise une politique d’ouverture, avec la création de zones culturelles thématiques dénommées Kultigame (culture ludique, et en particulier jeu vidéo), Azikult (pour la culture asiatique) ou encore Kultima (tout l’imaginaire « SF/Fantasy » occidental : littérature, cinéma, séries TV, BD, comics, etc.), comme autant de mini-salons dans le salon. Une manière élégante d’admettre que, si le nom « Japan Expo » pouvait à l’origine paraître bien prétentieux pour une petite convention de « japanim’ », l’événement a depuis longtemps dépassé sa vocation originelle.
Et pourtant, si même le visiteur le moins averti ne peut manquer de noter une organisation quasi clanique autour de certains centres d’intérêt, le zonage culturel n’est en rien un obstacle aux déambulations du plus grand nombre, visiblement ravi de voir se côtoyer dans toute leur diversité autant de facettes du loisir et de l’imaginaire contemporains.
Les statistiques viennent confirmer ce caractère plus générationnel que thématique. L’édition 2008, qui regroupe chaque thème sous l’ombrelle « Kultiverse » (le Salon des univers cultes) a officiellement décroché le titre convoité de salon numéro 1 pour la tranche des 15-25 ans, et continue à attirer nombre de trentenaires qui ont grandi avec cette culture.

La bourse et la vie

Au-delà du mercantilisme ambiant – tous les magasins et éditeurs spécialisés se menant une guerre sans merci pour capter les derniers visiteurs (avec un panier moyen, nous dit-on, tout de même supérieur à 200 euros) la Japan Expo a su préserver son côté participatif.
Nombreuses sont les associations, fanzines, collectifs d’artistes et autres qui trouvent là une occasion unique de s’exposer à un public nombreux et demandeur. Les projections de films amateurs dans de nombreux genres, les inénarrables spectacles de Cosplay, les concours en tout genre, sont autant de manières de se montrer et de communier. Difficile de s’ennuyer vu la densité de la programmation : conférences, projections, séances de dédidaces, concerts gigantesques avec depuis 2007 une méga-scène comptant pas moins de 12 000 places, capable de contenir le public en délire d’un monstre sacré comme Yoshiki de X-Japan… De quoi combler tous les emplois du temps, y compris ceux des plus téméraires qui n’imaginent pas rater ne serait-ce qu’un jour sur les quatre.

Dans les starting-blocks

La JE 2009, qui entend bien fêter en beauté ses dix ans d’âge, a été précédée d’une nouveauté : la Chibi Japan Expo Sud, qui s’est tenue à Marseille à la fin de février, et offrait un avant-goût de ce qui attend les visiteurs de Villepinte. Forte de son programme en béton armé, de sa liste d’invités de tout premier plan (CLAMP, Akemi Takada, Akitoshi Kawazu, etc.), de sa très riche section jeux vidéo (Musée Sega, nombreux titres en avant-première…), et d’une déferlante de stands et d’activités, cette 9e édition parviendra-t-elle à battre les records d’affluence de 2008, avec ses 135 000 visiteurs certifiés ? En attendant le grand jour, on pourra toujours se perdre sur le site commémoratif, bourré de photos et de souvenirs, mis en place à l’occasion du dixième anniversaire !

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