Toute nouvelle fournée d’iPhone suscite l’émoi des photographes, les terminaux d’Apple étant prisés depuis belle lurette par la communauté de l’image. Pour cette génération « 12 », Apple a été prudent – conservateur – en matière de plage focale : mis à part le nouveau téléobjectif du seul iPhone 12 Pro Max (guère puissant), on reste à peu près sur la même partition que la génération « 11 ».
Çà et là, Apple a procédé à des ajustements – optique du module caméra principal revue pour être un poil plu lumineuse – et a introduit le Lidar dans la gamme Pro. Mais le gros de nos attentes est à chercher non pas du côté du hardware, mais plutôt du côté software.
Le logiciel au cœur des améliorations
Apple a beaucoup travaillé la partie logicielle, commune à tous les terminaux. Primo, on note l’arrivée du Smart HDR 3, une nomenclature qui met en lumière qu’Apple semble avoir produit une toute nouvelle moulinette logicielle. Vu la maîtrise d’Apple en matière de couleur, on en attend beaucoup.
Deuxio, Apple a généralisé son outil de visual computing « Deep Fusion » sur les quatre modules caméra potentiellement disponibles (Pro et Pro Max). De quoi offrir flous d’arrière-plan et autres clichés nets en basses lumières au téléobjectif comme à la caméra en façade. Un très bon point.
Pour démontrer son travail en la matière, Apple s’est attelé à détailler le travail de sa puce A14 Bionic : du processeur d’image (ISP) au CPU en passant par le GPU et le processeur neuronal (NPU), tous les sous-éléments liés au calcul fonctionnent de concert dans le traitement de l’image.
Enfin du RAW !
Jusqu’ici, pour récupérer des fichiers négatifs numériques – le fameux format RAW – il fallait passer par des applications tierces, l’application Photo d’Apple ne proposant que le format Jpeg ou HEIF. Une démarche qui avait comme limite de ne pas disposer des moulinettes logicielles d’Apple type Deep Fusion ou Smart HDR.
La génération 12 des iPhone apporte donc avec elle le format « Apple ProRAW », un format de fichier brut enrichi de toutes les informations et process de traitement d’image que la puce A14 Bionic est capable de collecter et calculer.
De quoi promettre aux photographes un potentiel de développement au-dessus de tout ce qui se fait en smartphotographie. En effet, le nouveau format de fichier ProRAW dispose (ou disposera à son lancement plus tard cette année), en plus des informations de luminance et chrominance, d’un histogramme, d’une cartographie des tons (tone mapping), etc.
Il nous tarde de voir comment cela va se traduire dans les applications de développement numérique.
Vidéo : Dolby Vision HDR pour tout le monde !
Si les iPhone ne sont plus les premiers de notre Top 10 en photo, il est un point dans lequel leur domination est incontestable : la vidéo. Et la génération 12 risque d’enfoncer le clou encore plus loin avec la généralisation du Dolby Vision HDR pour les 4 terminaux.
L’intérêt de cette technologie est non seulement la richesse de l’échantillonnage des couleurs – le HDR 10 bit dispose d’une palette de 700 millions de couleurs – mais aussi des informations attenantes. Chaque trame dispose de son propre histogramme, ce qui facilite (grandement !) l’étalonnage des couleurs en postproduction.
Les iPhone 12 sont ainsi les premiers terminaux au monde à capturer, éditer, visionner (écran Super Retina XDR) et partager en Dolby Vision HDR. Vous savez tout – ou presque – des améliorations logicielles, maintenant passons au décorticage des quatre terminaux !
iPhone 12 Pro Max : le king de l’image
Le géant de la gamme iPhone 12 est le vaisseau amiral de l’imagerie d’Apple. De la génération « 11 Pro », il ne conserve que l’ultra grand-angle, les deux autres modules sont nouveaux. L’ultra grand-angle est donc le (médiocre) équivalent 13 mm f/2.4 que l’on retrouve dans tous les modèles de la génération « 11 ». Un module qui couvre une large plage angulaire, mais à la précision d’image un peu moyenne, surtout comparé au fabuleux ultra grand-angle des Huawei P40 Pro.
Le module principal grand-angle, toujours équivalent à un 26 mm 12 Mpix, est pour sa part revu de fond en comble. Le nouveau capteur est non seulement plus grand (photodiodes de 1,7 micron, surface en hausse de 47%) mais il intègre surtout la première stabilisation mécanique de l’histoire des iPhone. Couplé à la stabilisation optique, il permet d’améliorer encore le potentiel de prise de vue en vitesses lentes – Apple revendique des clichés nets jusqu’à 2 secondes. Côté optique, la nouvelle formule passe de 6 à 7 éléments et l’ouverture à f/1.6. De quoi collecter, là encore, plus de lumière.
Autre module complètement revu, le téléobjectif. Côté puissance de grandissement, c’est la déception : on passe d’un équivalent 52 mm pour les anciennes générations à… un modeste 65 mm f/2.2. Pas de quoi se comparer aux P40 Pro+ et autre Oppo Find X2 Pro avec leur +200 mm, mais cela donne un supplément au coefficient de zoom qui passe de x4 (11 Pro/Max) à x5. Apple ne veut pas prendre de risques en matière de collecte de lumière.
À ces modules d’imagerie, s’ajoute le Lidar introduit dans la dernière génération d’iPad Pro. Un module capable de cartographier l’environnement en 3D en mesurant la distance grâce à un système de lumière pulsée (lire “Comment fonctionnent les capteurs ToF, ces caméras qui voient en 3D grâce à la vitesse de la lumière“).
Outre le potentiel dans les applications de réalité augmentée, Apple utilise ce Lidar pour faciliter et accélérer la mise au point, notamment dans les basses lumières où les systèmes AF traditionnels souffrent.
Sur le papier, les iPhone 12 Pro et Pro Max devraient être plus rapides et plus fiables en matière de mise au point, une première dans le monde des iPhone.
iPhone 12 Pro : optiques d’iPhone 11 Pro (un peu) améliorées
Côté plage focale, définition et taille de capteurs, l’iPhone 12 Pro ressemble à s’y méprendre à l’iPhone 11 Pro. Comme le 12 Pro Max, il profite du même module ultra grand-angle que la précédente génération. Et si le module principal couple le capteur du 11 Pro et une nouvelle optique un poil plus lumineuse (f/1.6), le téléobjectif reste le même équivalent 52 mm f/2.0. Son coefficient de zoom est donc inférieur et reste à x4.
Mais outre la panoplie logicielle, il profite lui aussi du Lidar qui devrait le rendre plus performant en matière d’AF que les iPhone 12 « normaux ».
iPhone 12/12 mini : parfum d’iPhone 11
Dépourvus de Lidar et de téléobjectif, les iPhone 12 et iPhone 12 mini conservent la partition photo matérielle des iPhone 11 actuels, à une modification optique près. Le module ultra grand-angle est donc l’équivalent 13 mm, et le module grand angle équivalent 26 mm est celui de l’iPhone 12 Pro « normal », à savoir le capteur des iPhone 11 Pro avec l’optique améliorée en sept éléments. En clair : chez eux, les améliorations tiendront essentiellement au logiciel.
Apple parie (encore et toujours) sur le logiciel
Que retenir de ce déluge de détails ? Tout d’abord que l’iPhone 12 Pro Max est LE champion de l’imagerie d’Apple. Que ça vous plaise ou non, il faudra acheter le plus gros terminal de la gamme pour profiter des meilleures performances en basses lumières (capteur du module grand-angle plus grand et stabilisé) et du téléobjectif le plus puissant.
On note aussi un très (trop ?) grand conservatisme en matière de couverture angulaire – le zoom x5 ne change pas trop la donne – et peu d’effort quant à la taille des capteurs. Avec l’exemple de la gamme P40 Pro et les clichés incroyables du capteur « géant » de leur module ultra grand-angle, on aurait pu espérer qu’Apple en fasse de même.
Mais la marque a préféré travailler son effet de gamme et soigner sa partie logicielle. Elle compte sur le logiciel et son savoir-faire en matière de visual computing et de couleurs pour faire (ou pas) la différence avec la rude concurrence d’Android…
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