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Intel ne gravera pas ses processeurs en 10 nm avant… 2019

Malgré trois ans de retard, le géant des processeurs reste confiant dans la supériorité de ses procédés de fabrication et dans la solidité de son écosystème de technologies.

Il fut un temps où les annonces d’Intel mettaient en avant sa domination en termes de gigahertz et de finesses de gravure en nanomètres. Ces deux pages sont désormais tournées. Intel travaille toujours à l’amélioration des fréquences et des finesses de gravure mais il met en avant d’autres bénéfices, notamment parce que la course aux chiffres n’est plus à son avantage.

À lire : Samsung grave les processeurs en 8 nm… et Intel pleure

En matière de finesse de gravure, Intel a perdu le leadership des annonces depuis un moment déjà, et le géant américain a annoncé que les premiers processeurs gravés en 10 nm n’arriveront finalement pas fin 2018 mais en 2019. Et quand on dit 2019, Intel se refuse pour le moment à préciser si ce lancement aura lieu au premier ou au second semestre. Or, si on regarde du côté des annonces des autres fondeurs, on voit que Samsung et TSMC ont largement dépassé Intel côté finesse de gravure… annoncée.

« Il faut préciser que Intel produit déjà des processeurs en 10 nm que nous livrons à nos partenaires en petite quantité », explique-t-on chez Intel France. Ces puces sont destinées aux fabricants de cartes de mère, de PC, etc. qui préparent les machines à venir. « Le retard que nous avons pris vient de problèmes de rendement du procédé de fabrication que nous avons identifié et sur lesquels nous travaillons. Le lancement de la production de masse de plusieurs millions de puces interviendra courant 2019 », continue-t-on chez Intel. Avant de préciser « que les comparaisons entre les différents procédés de fabrication sont difficiles : quand la concurrence parle de gravure minimale dans la puce, nous parlons de distance maximale entre les transistors ». En clair, quand Samsung parle d’une gravure en 10 nm, le fondeur coréen communique sur l’écartement minimal entre deux transistors qui peut aller jusqu’à 10 nm… mais avec des parties de la puce gravées plus grossièrement. Chez Intel « certaines parties de nos circuits sont gravées plus finement, mais nous ne communiquons que sur l’écartement maximal ».

Difficile effectivement de comparer… mais il n’empêche que Intel a perdu un avantage psychologique.

Trois ans de retard et menace ARM

Pourquoi s’intéresser autant à la finesse de gravure des processeurs chez Intel ? Pour deux raisons : d’une part Intel était, jusqu’il y a peu, le meilleur de l’industrie dans la miniaturisation des transistors et le cap des 10 nm était annoncé pour 2016, ce qui fera tout de même 3 ans de retard. Ensuite, même s’il y a de plus en plus de limites, graver un processeur le plus finement possible permet d’améliorer les performances (plus d’unités de calcul) et/ou limiter sa consommation énergétique.
Face à la montée en puissance brute des puces ARM, nativement plus performantes dans la consommation énergétique, le ralentissement des améliorations des puces Intel renforce encore plus la menace du remplacement des puces x86 dans les ordinateurs, comme les rumeurs en font régulièrement état chez Apple par exemple.

Une compétition qui ne semble pas faire peur à Intel, pourtant récemment surclassé par Samsung en tant que leader des semi-conducteurs. « Nous prenons toutes les concurrences au sérieux, mais nous sommes confiants non seulement dans nos procédés de fabrication, mais aussi dans notre écosystème de technologies », justifie-t-on chez Intel. « Notre mode de gravure 14 nm ++ offre 70% de performances supplémentaires par rapport au premier mode 14 nm que nous avons lancé et ce mode est équivalent voire meilleur que les 10 nm de nos concurrents », martèle Intel.

Diversification, bourse confiante et résultats records

On pourrait taxer l’entreprise californienne d’arrogance ou de faire preuve de trop de confiance si les résultats financiers n’étaient pas là. Mais, même si les concurrents progressent, Intel profite de sa plus haute cotation boursière depuis 18 ans (depuis l’éclatement de la bulle Internet de l’an 2000) et ses résultats financiers sont plus qu’à la hauteur puisque l’entreprise a dépassé les attentes lors du dernier trimestre.

Intel serait donc intouchable ? Pas du tout, les trois ans de retard sur le planning initial parlent d’eux-mêmes. Mais contrairement à ce qu’annoncent bien des Cassandre, Intel, quoi que lent à la détente, commence à déplacer son attention et ses investissements dans l’automobile ou la 5G, des domaines « où la simple annonce de la meilleure finesse de gravure ne sert à rien : c’est la qualité de l’offre complète de composants et de solutions logicielles qui comptent », enfonce Intel France.

En clair, on peut faire parler les chiffres comme on veut et écrire des scénarios catastrophe, mais les résultats actuels prouvent qu’Intel n’est pas endormi. Loin de là.

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