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Illectronisme : un Français sur six n’utilise pas Internet

Ne pas avoir accès à Internet est aujourd’hui un handicap. Et peut également être doublé d’un manque de savoir-faire. Une étude de l’INSEE démontre que la lutte contre l’illectronisme est devenu un enjeu politique majeur.

« Un Français sur six n’utilise pas Internet ». A l’aube du grand soir numérique, ce constat peut surprendre. L’étude publiée fin octobre par l’INSEE sur les usages des nouvelles technologies dresse le tableau de la fracture numérique en France. En 2019, 12% des Français âgés de plus de 15 ans (hors Mayotte) n’ont pas d’accès à Internet, 15% n’ont pas utilisé Internet durant les trois derniers mois et 17% sont concernés par l’illectronisme, sorte d’illettrisme des temps modernes. Or,  savoir utiliser Internet est devenu aussi indispensable que savoir lire, écrire et compter.

Un facteur de « vulnérabilité sociale »

L’étude illustre le fossé qui grandit entre les personnes « compétentes » -qui savent se servir des outils numériques- et les « exclues » -qui ne savent pas ou s’en tiennent éloignées. L’éloignement d’Internet augmente jusqu’à 53% chez les plus de 75 ans et 34% chez les personnes sans diplôme et issues d’un milieu modeste. Au contraire, seuls 2% des 15-29 ans ne sont pas équipés, comme 3% des diplômés du supérieur et 4% des ménages les plus riches.

Au-delà de la fracture numérique, c’est la fracture sociale qui est mise en exergue par ces chiffres. L’interface numérique agit comme un facteur démultiplicateur de « vulnérabilité sociale ». Les plus âgés, les moins riches, les plus seuls sont les plus touchés.

Des compétences manquantes

L’étude distingue quatre compétences numériques : rechercher, communiquer, résoudre un problème et utiliser un logiciel. Selon l’INSEE, 38% des usagers manquent au moins d’un de ces compétences numériques de base. Parmi les lacunes, celle qui revient le plus souvent c’est l’usage d’un logiciel. Plus surprenant : à l’heure où l’information foisonne, un Français sur quatre déclare ne pas savoir s’informer sur Internet. Et un sur cinq se sent incapable de communiquer par le web. 

Les répondants évoquent différentes raisons : par manque d’intérêt (19%) mais aussi par peur d’une violation de leur vie privée (15%). À l’opposé, les nouvelles générations (15-29 ans) déclarent être équipées (98%). D’ailleurs, l’appareil avec lequel la majorité des Français se connectent est le smartphone. 

« Un enjeu de politique publique »

Aux disparités sociales s’ajoutent les différences territoriales. Selon les lieux, les difficultés ne manquent pas : zones blanches, connexions médiocres ou déficientes, écarts entre les espaces urbains et ruraux, ou même entre Paris et le reste du pays. 5% des répondants déclarent que l’absence d’équipement dans leur foyer est due à l’inexistence d’offre haut débit. Sans surprise, les territoires les plus touchés se situent outre-mer. 

Même si ces chiffres peuvent paraître alarmants, sur le long terme, l’accès à Internet et son utilisation se démocratise tout de même. En 2018, 82% des résidents français ont utilisé Internet au cours des trois derniers mois, contre seulement 65% en 2009. Les plus âgés rattrapent progressivement leur retard : 42% des plus de 75 ans utilisent Internet contre 14% en 2009.

« La lutte contre l’illectronisme devient ainsi un enjeu de politique publique comparable à la lutte contre l’illettrisme ». Alors que le gouvernement veut dématérialiser tous les services publics d’ici 2022, l’INSEE rappelle qu’il reste du travail pour raccrocher ces « éloignés » du monde numérique. Un manque à gagner alors que le commerce et les services en ligne explosent. 

Source : INSEE

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Marion Simon-Rainaud