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HP-Compaq : une offre trop complexe

Jusqu’ici concurrents frontaux sur les équipements d’entreprise, HP et Compaq vont devoir fusionner leurs gammes. Une opération qui obligera à faire des choix de plates-formes.

La fusion entre HP et Compaq donnera le jour au catalogue produit le plus étendu de l’industrie informatique. Plus vaste même que celui d’IBM absent de l’imagerie (imprimantes et scanners), et des terminaux de poche iPaq et Jornada.Mais l’opération s’annonce risquée. Comme l’a déclaré Carly Fiorina, “nous allons devoir fournir un intense effort d’intégration, car c’est un véritable défi qui nous est posé”. En effet, HP et Compaq étaient jusqu’ici en concurrence sur la quasi-totalité de leur gamme : PC, portables, stations de travail Risc et Intel, serveurs, serveurs dédiés, stockage, et même PDA. Au titre des premières mesures, HP va devoir limiter les zones de recouvrement et supprimer les doublons. Pour ce faire, une direction de l’intégration (Integration Office) va être créée dans les plus hauts niveaux de l’exécutif de HP.

Pléthore de processeurs et migration vers Itanium

Les serveurs d’entreprise risquent d’être un des points les plus complexes. Les deux constructeurs utilisent pas moins de cinq architectures processeurs différentes : IA-32, Itanium, PA-Risc, Alpha et Mips. C’est beaucoup trop. Il paraît impossible, pour des raisons de coûts, de faire évoluer harmonieusement toutes ces puces.Le temps devrait néanmoins simplifier les choses. Compaq a fait savoir en juin que les puces Alpha disparaîtraient d’ici à cinq ans au profit d’Itanium. Les processeurs Mips aujourd’hui installés sur les serveurs Himalaya (environ 450 000 machines dans le monde) devraient évoluer vers Alpha en 2003, puis eux aussi vers Itanium. Quand au PA-Risc, HP a bien annoncé qu’il serait remplacé par des architectures 64 bits d’Intel. Mais le constructeur ne cesse de repousser la date de cette migration (d’abord annoncée pour 2002-2003).

Quelles familles de serveurs demain ?

Les plates-formes sont également bien trop nombreuses aux deux catalogues pour être toutes maintenues : Himalaya (jusqu’à 4 080 processeurs Mips), AlphaServer (jusqu’à 512 processeurs Alpha) et Proliant (jusqu’à 8 processeurs IA-32) chez Compaq, serveurs Risc Unix (dont le fameux Superdome et ses 256 PA-Risc) et NetServer chez HP. Il faudra faire des choix aussi bien dans le haut de gamme, que dans les serveurs Intel, sans oublier les serveurs dédiés, un domaine dans lequel les deux constructeurs se sont engagés l’an dernier, avec des offres similaires : cache, gestion de trafic, NAS, serveur Web. Comme l’a déclaré Michael Cappelas, PDG de Compaq : “Un autre de nos défis sera d’informer clairement nos clients de notre calendrier de sortie produits.”Cette multiplicité des plates-formes matérielles a d’ailleurs son pendant dans le domaine des systèmes d’exploitation. Compaq apporte avec lui Tru64 Unix (ancien Digital Unix), NonStop pour Himalaya et OpenVMS, tous hérités de Digital, et un solide partenariat avec SCO/Caldera. HP pour sa part entretient HP-UX, son Unix maison, et MPE/ix. Si on ajoute l’engagement des deux constructeurs dans les systèmes Windows, et dans Linux, on arrive à un total d’un dizaine de systèmes d’exploitation.

Dans le stockage, des alliances qui risquent de se révéler contradictoires

Le stockage devrait constituer un autre domaine épineux. HP comme Compaq (qui revendique un premier rang mondial) ont beaucoup investi dans ce secteur. Et là encore, leurs gammes se recouvrent largement.Tous deux offrent des solutions de stockage en réseau SAN sur Fibre Channel, disposent d’une offre NAS et d’un catalogue complet de matériels de stockage sur disque (baies) ou sur bandes (DLT, SDLT, DAT, AIT, DDS, Ultrium). Comme ils ne fabriquent pas eux-mêmes l’intégralité de ces équipements, la nouvelle entité va devoir réviser ses contrats. Ainsi HP fait-il appel à Hitachi pour ses baies de stockage haut de gamme, alors que Compaq les achète à IBM. Ce n’est sûrement pas la solution la plus économique, ni la plus fonctionnelle que de maintenir deux fournisseurs pour ce type d’équipements.Les deux entreprises devront donc trancher rapidement en faveur d’un catalogue moins dense, et qu’ils soient capables de maintenir dans de bonnes conditions. Une mesure qui nest pas faite pour rassurer les utilisateurs.

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Renaud Bonnet