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French Romance: L’agence matrimoniale des filles de l’Est

Un espace de rencontres, le site de Patrick Teissier ? Non, un catalogue de 9 000 femmes de l’Est qui attendent qu’un homme (de l’Ouest) les remarque. La Redoute du c?”ur est née.

Mon fonds de commerce, c’est la solitude des gens “, reconnaît Patrick Teissier, le fondateur du site web french-romance.com. Un site de rencontre ? Non, un supermarché en ligne. En rayon ? Vicky, 19 ans, 1,70 m, 53 kilos, ukrainienne. “Je suis agréable, amusante et pleine d’humour”, précise le commentaire sous la photo de la jeune femme brune aux yeux sombres moulée dans un justaucorps noir.En réserve ? Neuf mille autres jeunes femmes comme elle, originaires de Russie, d’Ukraine ou de Biélorussie. Ancien négociant international en matériel médical, Patrick Teissier, 53 ans, a monté ce site en 1998 grâce à sa fortune personnelle. Avec une stratégie : se rendre indispensable aux internautes en mal d'” amour ” en leur proposant des services qui ne lui coûtent presque rien. French Romance devrait d’ailleurs atteindre l’équilibre cette année.

80 % des recettes proviennent de la vente des adresses des filles

Afin de recruter sa clientèle ?” composée pour 60 % d’Européens de l’Ouest et pour 30 % d’Américains ?”, Patrick Teissier a une recette imparable. Première étape : proposer, en accès libre, des photos aguichantes de jeunes femmes comme Vicky. La rubrique ” New sweethearts ” (nouvelles fiancées) joue ici un rôle clé. Les vingt ou vingt-cinq dernières recrues y sont ” mises en vitrine ” pendant environ un mois. Chaque semaine, trois ou quatre d’entre elles en sortent pour rejoindre le catalogue.But de cette vitrine : donner à l’internaute l’envie de visiter le magasin et d’entrer en contact ?” payant ?” avec les jeunes femmes qui lui plaisent. French Romance l’y pousse habilement. D’abord en facilitant ses recherches grâce à un moteur permettant de sélectionner les beautés de l’Est selon quatorze critères.Ensuite en lui donnant l’impression de faire une bonne affaire. “80 % de notre chiffre d’affaires provient de la vente des adresses postales des filles”, confie Patrick Teissier, qui, s’il pousse les autres à la consommation, limite pour sa part les frais au minimum.Les saisies informatiques (scans des photos, mise en ligne…) sont effectuées par un ami artiste installé à New York, qu’il paie 7 500 francs par mois. L’entretien du site est assuré, pour 200 000 francs par an, par un technicien à mi-temps. Quant au recrutement des filles, ce sont les épouses de ses anciens clients de l’Est ?” rencontrés lorsqu’il travaillait dans le matériel médical ?” qui s’en chargent ! Le job de ces ” agentes ” consiste essentiellement à faire passer des petites annonces dans les journaux locaux. Elles touchent environ 1 300 francs par fille ” recrutée “.Une fois les tourtereaux mis en relation, French Romance se rappelle à eux par de multiples petites attentions. Le site offre par exemple de traduire leurs missives (130 francs les trois cents mots). Encore une bonne opération pour Patrick Teissier, puisque c’est sa femme, russe, qui s’en charge.Pour 100 francs de plus, le site propose d’accélérer les échanges en demandant à ses agentes de poster localement les lettres que les clients envoient par e-mail sur le site. Un tiers du prix sert à financer l’envoi, un tiers revient à l’agente.Le dernier tiers ? De la marge pour French Romance. Le site peut aussi assister le client dans ses tentatives de séduction (envoi de chocolats, de parfum…) pour des tarifs compris entre 330 et 2 600 francs. Et si la jeune fille refuse de continuer la romance, l’explication est, elle aussi, payante ! Le client devra débourser 260 francs pour s’entendre dire qu’on le trouve trop petit ou pas assez riche…

200 francs pour déclarer sa flamme et 260 francs pour se faire larguer !

La ” fiancée ” accepte enfin de se déplacer pour rencontrer le client ? Il sera encouragé à lui offrir le billet d’avion, mais surtout à prendre en charge les frais d’assistance, qui, eux, tombent directement dans la poche de Patrick Teissier. L’internaute déboursera 985 francs pour qu’un agent local aide sa fiancée à réserver ses billets d’avion et à demander un visa. Pour quel résultat ? Patrick Teissier revendique 700 mariages depuis la création de son site, effectivement assimilable à une agence matrimoniale. À un détail près : ici, seuls les hommes paient.Le site développe également depuis l’an dernier une activité encore plus lucrative : les voyages VIP. Pour 30 000 francs, le client peut en effet s’offrir une étude de marché sur le terrain.La prestation ? Hôtel quatre étoiles, voiture avec chauffeur et services permanents d’une représentante locale de French Romance pendant une semaine. Celle-ci s’engage à lui présenter quotidiennement deux ou trois candidates triées sur le volet. Sur les1 500 femmes répertoriées à Saint-Pétersbourg (la seule destination disponible actuellement), elle en a préalablement auditionné une centaine, puis sélectionné une douzaine. Le client choisit celles avec qui il souhaite engager une relation plus approfondie : visite de monuments, dîner dans un bon restaurant, sortie en boîte… Des prestations certes assurées par l’agent, mais à payer en plus du forfait.Un voyage VIP qui porte ses fruits fait au minimum trois heureux. L’homme amoureux, d’abord. L’agente russe, ensuite, qui touche une prime de 1 500 francs venant s’ajouter à ses honoraires (3 750 francs) : non négligeable dans un pays où le salaire moyen est d’environ 1 000 francs par mois. Et, bien sûr, Patrick Teissier.Son objectif ? Développer le concept sur d’autres villes afin qu’il génère un tiers des ventes. Avant de céder le flambeau pour profiter de la retraite aux côtés de Tatiana, sa jolie épouse russe trouvée sur un site de rencontres…

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Anne Rein