Passer au contenu

François Hurel, (APCE) : ” Nous devons modifier notre culture du travail en France “

Constatant une baisse de la création d’entreprises, le délégué général de l’Agence pour la création d’entreprises (APCE) estime qu’il faut revoir les outils de financement. Explications avec François Hurel qui pourrait bientôt devenir le ” Monsieur Eutrepreneuriat ” du gouvernement Raffarin.


Le Nouvel Hebdo : Depuis plusieurs mois, le nombre de créations d’entreprises est en baisse constante. Existe-t-il une explication à ce phénomène ?
François Hurel : En 1990, on recensait 206 000 créations d’entreprises. Et 51 % d’entre elles étaient le fait de demandeurs d’emplois. En 2001, seules 179 000 ont vu le jour. Et seulement 24 % étaient le fait de demandeurs d’emploi. Il y a dix ans, la création revêtait un caractère social. Aujourd’hui, il s’agit plus de projets qui se situent dans un contexte économique global. Les créateurs sont donc plus attentifs au climat ambiant, un peu comme un industriel qui hésiterait à lancer un nouveau produit dans un contexte instable. S’ils ne sont pas en confiance, ils reportent tout simplement leur projet.Que manque-t-il pour inverser cette tendance et redresser le nombre de créations d’entreprises ?Il est intéressant de remarquer que la création d’entreprises est désormais considérée comme un indicateur économique à part entière : chaque mois, l’Insee et l’APCE rendent publiques les statistiques ou des analyses dans ce domaine, au même titre que l’indice des prix ou le taux de chômage. Pendant la campagne électorale, Jacques Chirac a indiqué qu’il souhaitait que la France crée, d’ici à 2007, un million d’entreprises supplémentaires. En analysant notre stock actuel, cela signifie qu’il faudrait doubler le nombre mensuel de créations.Est-ce réaliste ?Il est indispensable de développer en France une véritable culture d’entreprise. Car notre pays, en dehors de ses grands groupes industriels, ne dispose que d’un tissu économique fragile, constitué de très petites entreprises (TPE) sur lesquelles nous devons compter dans le cadre d’un développement économique. Nous devons modifier notre culture du travail, qui ne doit pas se résumer à l’emploi salarié.Avec l’effondrement du Nouveau Marché, les entreprises du secteur high-tech ont des difficultés pour accéder à des financements. Existent-ils des solutions alternatives pour aider à la création ?Plutôt que la logique strictement spéculative ?” et souvent à court terme ?” des marchés financiers, il faudrait envisager une nouvelle approche qui combine solidarité, proximité et rentabilité. En mettant en place des fonds communs de placement de proximité.Faut-il un dispositif spécifique pour les entreprises innovantes ?Non. Si ces sociétés high-tech exigent des moyens financiers plus importants pour débuter leur activité, il vaut mieux que le risque soit mutualisé sur un grand nombre de personnes. Il ne faudrait pas créer de fonds de proximité uniquement dédiés aux entreprises du secteur technologique, mais l’orienter vers tous les projets, grands et petits.Existe-t-il d’autres potentiels de développement de la création d’entreprise ?Aux Etats-Unis, vingt millions de personnes exercent plusieurs activités. On pourrait envisager qu’en France, également, un salarié puisse en dehors de son emploi développer une autre activité sous une forme indépendante : conseil, prestation de service, etc. Il faut faciliter le passage du statut de salarié à celui d’entrepreneur, en évitant par exemple le système des doubles cotisations sociales.Pensez-vous que la création d’entreprise devrait bénéficier d’un ministère à part entière ?Les circonstances immédiates sont quelque peu particulières et justifient la nécessité d’une équipe gouvernementale légère. Mais dans un second temps, je crois que le sujet mérite un signal politique très fort. Un département ministériel, qui ait des compétences à la fois économiques, fiscales, juridiques, et qui relève également de l’aménagement du territoire, doit être imaginé.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Nicolas Arpagian