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Faut-il interdire les robots tueurs ?

L’ONG Human Rights Watch préconise le bannissement des systèmes d’armes autonomes létales dans son dernier rapport. Au moment même où s’achève une première réunion sur le sujet à l’Office des Nations Unies à Genève.

Predator, le célèbre drone de combat américain télécommandé qui frappe ponctuellement l’Afghanistan ou le Pakistan n’est peut-être qu’un prélude à une nouvelle génération de robots soldats. Des machines aériennes ou terrestres, qui avec un peu d’intelligence artificielle, pourraient sélectionner et attaquer des cibles sans intervention humaine. Dans le jargon des militaires, on appelle ça des systèmes d’armes autonomes létales.

Mais les associations de défense des droits de l’homme les ont baptisés « robots tueurs ». A l’avant-garde de la lutte contre ces armes, l’ONG Human Rights Watch, qui préconise carrément leur interdiction préventive dans un rapport publié ce lundi 12 mai. Juste avant la première réunion des Nations Unies sur le sujet qui s’achève ce vendredi 16 mai à Genève, dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques.

Les robots tueurs illégaux

Le texte se base principalement sur des arguments juridiques pour combattre ces machines, à la fois dans un contexte de guerre mais aussi pour le maintien de l’ordre en temps de paix (comme lors d’émeutes ou de manifestations). Premier point, l’utilisation de robots tueurs entre en contradiction avec le droit à la vie proclamé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Parce que des doutes subsistent sur leurs capacités de jugement et leur facilité à identifier des êtres humains.

Mais cela remet également en cause le droit au recours mentionné dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966. Le robot ne pouvant être tenu responsable de ses actes, qui punir ou mettre en cause en cas de problème ? Enfin, cela violerait le principe de dignité humaine défendu par la déclaration de Vienne sur les droits de l’homme de 1993,  les robots ne pouvant évidemment pas comprendre la valeur d’une vie ou la signification de sa perte.

De la spéculation technologique

Human Rights Watch n’oublie pas de passer en revue les avantages supposés des robots tueurs. Grâce à ces derniers, il serait possible de réduire les pertes humaines de soldats, de faire baisser les dépenses militaires, de traiter les informations plus rapidement durant les opérations… ou encore de tuer de façon impartiale, sans affects comme la peur ou la colère.

Des arguments qui font froid dans le dos et qui sont loin de convaincre tout le monde. Dans une lettre ouverte publiée en 2013 à l’initiative de l’International Committee for Robot Arms Control, des chercheurs s’attaquaient violemment à cette technologie. Selon eux, elle ne serait pas suffisamment mature et compter utiliser des robots capables de tuer de façon autonome serait une erreur monumentale. 

Aucune machine de ce type n’est encore utilisée sur le terrain dans le monde. Mais les armées américaine, britannique ou encore israélienne y travaillent. Et la Corée du Sud a installé le long de sa frontière avec son voisin du Nord un robot sentinelle Samsung (en photo) qui dispose d’un mode automatique pour tirer. Pour le moment, il n’a pas encore été activé…

Lire l’intégralité du rapport de Human Rights Watch :

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Lire aussi :

L’incroyable défi de la DARPA au secteur robotique 15/07/2013

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Amélie Charnay