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Elections, piège à Internet

L’économie en réseau ne sera pas au c?”ur des prochaines campagnes électorales. Nos hommes politiques éviteront ainsi les gaffes. Mais les mesures nécessaires au développement des nouvelles technologies attendront 2007.

” Internet constitue sans aucun doute une chance de retisser un lien, de recréer une proximité entre les responsables publics et les citoyens. “ C’est beau comme du François Bayrou. D’ailleurs, c’est du François Bayrou. Qui, s’il n’a pas brillé par ses déclarations fracassantes, a eu au moins le mérite d’évoquer l’économie en réseau dans ses discours pré-électoraux. Car Internet ne sera définitivement pas au centre des campagnes électorales.Bien sûr, les deux finalistes de la course à l’Elysée n’échapperont pas à une question piège lors du débat final (Pourquoi les souris d’ordinateur ont-elles une queue si longue ? Combien de gobelets à café tiennent-ils dans un tiroir de CD-ROM ?…). Mais tout ceci ne sera qu’accessoire. Certains grincheux diront que c’est tant mieux. Que cela évitera un nouveau ” coup du mulot “.Chaque fois qu’un homme politique parle d’Internet, on a peur de la gaffe. Noël Mamère affirmait ainsi en décembre dans Courrier des cadres qu’il serait “envisageable de taxer Internet à deux centimes la minute “. Pourquoi pas.En septembre, c’est Lionel Jospin qui rappelait : ” Les démocraties doivent poursuivre leur réflexion sur la prévention des risques de dévoiement de la liberté, en particulier sur Internet. “Pourquoi en particulier sur Internet ? On ne sait pas vraiment, car visiblement les réseaux terroristes multinationaux n’ont pas franchement besoin d’Internet pour commettre leurs crimes. Mais ” probablement ” parce qu’Internet est bourré de néonazis et de pédophiles. Non ? Pourtant, ce ne sont pas les thèmes qui manquent. Où en est, par exemple, le développement de solutions électroniques d’achat groupé au sein de l’administration ?Si toutes les écoles de France achetaient leurs fournitures en ligne, chez le même fournisseur avec des tarifs négociés, ce sont des millions d’euros que l’on pourrait économiser. Pas de nouvelles non plus à propos de la réduction de la TVA sur les ordinateurs censée booster l’équipement des Français et donc leurs usages.Et si on formait les jeunes à utiliser un ordinateur avant de leur refourguer un PC ” Messier ” dont ils ne sauront jamais se servir, ce serait encore mieux.Autre sujet d’étude cher aux entrepreneurs : l’ouverture de la manne financière. Objectif : permettre l’injection de fonds (provenant de l’épargne populaire) dans les sociétés innovantes. Et, pour cela, une seule recette : la défiscalisation des investissements dans le high-tech.Certains rappellent, fort à propos, au ?” pressenti ?” futur gouvernement de droite, qu’entre 1995 et 1997, Alain Juppé avait créé des ” zones franches ” pour favoriser l’implantation de sociétés dans des quartiers sensibles ou des zones industrielles délaissées.A quand des ” zones franches ” pour l’économie en réseau, demandent-ils ? Alors, comme me le disait un ami québécois, on ne fait pas d’élections avec des prières. Mais parmi toutes les idées qui traînent dans l’air, peut-être une ou deux seraient intéressantes. Et nos hommes politiques seraient bien inspirés de s’y pencher. Ça les changerait de leurs arrière-pensées malsaines sur linsécurité.Prochaine chronique le vendredi 8 février* Grand reporter au Nouvel Hebdo.

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Alain Steinmann*