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Dix jeux littéralement divins

En réactivant le god game, From Dust se place comme l’héritier d’une longue lignée de jeux qui ont fait de nous des dieux. Rétrospective.

Athena – Arcade (1986)

C’est peut-être la première fois dans un jeu vidéo que l’on peut se glisser dans la peau d’un dieu. Ou plutôt d’une déesse : Athéna, divinité de la guerre, qui s’est moins signalée par son arsenal impressionnant que par son très seyant bikini. Il faut dire qu’à l’époque les personnages de jeux vidéo se la jouaient pragmatiques, préférant le port de la salopette et de la moustache à celui du maillot de bain.

Athena disparaîtra ensuite de la circulation jusqu’au début des années 2000. A partir de cette date, son papa, le développeur SNK, s’amuse à l’intégrer régulièrement comme boss secret dans les jeux de baston dont il s’est entre-temps fait une spécialité. En 2006, l’antique titre aura même une suite, disponible uniquement sur les téléphones portables nippons.

Thor – MSX et ZX Spectrum (1988)

Pas sûr que Thor ait marqué grand-monde, mais c’est le premier d’une série de jeux prenant pour héros les divinités du panthéon nordique comme Heimdall (dans le très beau jeu d’action-aventure du même nom, en 1992) ou encore Loki. Dernièrement, on a pu incarner une nouvelle fois Thor, version Marvel Comics, dans le jeu adapté du film hollywoodien. Pas sûr qu’il laissera non plus un souvenir impérissable. Pauvre Thor.

Populous – PC, Amiga et Atari ST (1989)

Le deuxième jeu de Bullfrog fait partie d’un club extrêmement sélect : celui des jeux qui ont fondé un genre à eux seuls. Ainsi, Populous a inventé ce qu’il convient d’appeler le god game, très populaire dans les années 1990 et malheureusement un peu tombé en désuétude jusqu’à sa récente résurrection avec From Dust. Le titre de Bullfrog n’a pas forcément très bien vieilli (comme on l’a vu lors du test de la version DS), mais il a laissé un bel héritage, fait de fidèles à martyriser, de paysages à sculpter et de divinités à bouter hors de notre très saint royaume.

Le cerveau de l’opération, Peter Molyneux, n’aura de cesse de décliner le principe du god game, en nous propulsant général (Powermonger), parrain d’une organisation secrète (Syndicate), gestionnaire de parc d’attractions (Theme Park), génie du mal (Dungeon Keeper) et, finalement, à nouveau dieu avec Black & White. On y reviendra.

ActRaiser – Super Nintendo (1990)

Dieu déchu, le Maître envoie une statue animée sur Terre pour y mettre un peu d’ordre et reconquérir ses anciens adeptes. Entre deux phases d’action-plates-formes assez classiques, le joueur veille ainsi à la prospérité et à la sécurité de son peuple dans une interface à la Sim City, en usant au besoin de ses pouvoirs divins. ActRaiser est généralement considéré comme l’un des meilleurs jeux de la Super NES, ce qui n’a pourtant pas empêché les concepteurs de sa suite d’en revoir la recette et d’en ôter tout aspect de gestion.

Mega-Lo-Mania – Amiga (1991)

Fils déshérité de Populous et de Powermonger, Mega-Lo-Mania propose lui aussi de présider à la destinée d’un peuple et vous investit d’une sainte mission : coloniser une planète avant les fidèles des dieux concurrents. Sauf que, en se concentrant sur l’exploitation de mines, sur l’aspect militaire et sur des cartes de taille réduite, Mega-Lo-Mania s’impose plutôt comme un précurseur de la stratégie en temps réel (Dune 2 ne sortira qu’en 1992) que comme un grand god game.

Afterlife – PC (1996)

Dieu, ce n’est pas un boulot de tout repos. Quand on a passé sa journée à multiplier les miracles sur Terre afin de convaincre les mécréants de sa potentielle bienveillance, il faut encore faire le ménage à la maison. Afterlife raconte ainsi les coulisses de la vie de Dieu et nous propose de gérer à la fois l’enfer et le paradis dans une simulation à la Sim City.

Black & White – PC (2001)

Au Japon, Doshin the Giant proposait dès 1999 une relecture de Populous dans laquelle le dieu omnipotent et invisble était remplacé par un géant tout ce qu’il y a de plus tangible. Gentil ou méchant ? A vous de choisir, l’important étant d’arriver à vos fins. Monstre géant et dilemmes moraux : deux ans plus tard, Peter Molyneux s’en sera sans doute inspiré au moment de faire son retour au god game pur et dur.

Contrairement à Doshin (ou au plus récent From Dust), plus question ici de modifier le terrain. Le rôle du dieu, et donc du joueur, est même réduit à sa portion congrue. C’est tout juste s’il peut lancer quelques sorts et prendre ses sujets dans sa divine main. En revanche, il a à sa disposition une créature titanesque : un tigre, un singe ou une vache, qu’il est possible d’éduquer et qui, comme la statue d’ActRaiser, est son moyen d’agir sur le monde qui l’entoure. Surtout, selon ses actions, le joueur se muera peu à peu en dieu du Bien ou du Mal, aimé ou craint de ses zélotes. Bourré de bonnes idées, Black & White cuisine le god game à la sauce aventure, faisant de nous une divinité à la fois toute puissante et sensible au destin du moindre de ses sujets. Dommage que l’intelligence artificielle de la créature soit aussi approximative.

God of War – PlayStation 2 (2005)

Attention, spoiler : s’il n’est pas encore un dieu au début du premier épisode, Kratos, le héros de God of War, ne tardera pas à s’asseoir sur le trône d’Arès. Si le Dieu chrétien est amour, celui de God of War préfère multiplier les pains dans la gueule et les mises à mort gorissimes.

Okami – PlayStation 2 (2006)

Sous la fourrure de la louve se cache Amaterasu, déesse du Soleil et de la lumière, chargée de rendre ses couleurs à un monde abandonné à l’obscurité. Jeu d’action-aventure ultra-esthétisant, cousin poétique et bucolique de Zelda, Okami met en scène l’antithèse du dieu vengeur et sanguinaire de God of War.

Too Human – Xbox 360 (2008)

Jeu d’action aux relents de jeu de rôle, titre fourre-tout dont le développement long de dix ans aura énormément nui à la cohérence, Too Human n’aura malheureusement pas eu les moyens de ses ambitions. Dommage : en proposant une relecture futuriste des mythes nordiques, dans laquelle les dieux du Valhalla ne sont que des hommes pourvus d’équipements cybernétiques et chargés de protéger les mortels des assauts des machines, Too Human prend le contre-pied de deux décennies de dieux invincibles.

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Corentin Raguenes