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Didier Benchimol (iMediation) : ” Le marché de l’affiliation est mort “

Championne des levées de fonds, iMediation fut le symbole des start-up partant à la conquête du monde. Aujourd’hui, elle licencie une cinquantaine d’employés et tire un trait sur l’affiliation pour défricher ”
l’espace collaboratif “.


01net. : Qu’est-ce qui vous a amené à supprimer près de 25 % de vos effectifs ?
Didier Benchimol : Plusieurs facteurs se sont conjugués. Le retournement boursier, bien sûr, qui incite les investisseurs à être plus prudents. Mais aussi l’environnement économique, tous secteurs confondus. La croissance diminue nettement plus qu’on veut bien le dire. Les niveaux d’investissement des années précédentes ne se justifient donc plus puisque nos retours sur investissement seront moins bons. Ce n’est donc pas la peine de brûler du cash. Mieux vaut croître à la vitesse réelle du marché.Justement, cette mesure est-elle symptomatique de l’état du marché de l’affiliation qui est loin d’avoir tenu ses promesses ?
Le marché de l’affiliation est mort. Il n’a quasiment jamais existé. En fait, c’est un gadget marketing. Nous sommes positionnés sur le créneau de ” l’espace collaboratif “. C’est une formule qui permet de tirer parti d’Internet, en tant que nouveau canal commercial, promotionnel, et marketing pour construire un pont entre l’ancienne et la nouvelle économie. C’est ce que nous permettons avec iChannel.Quelle est la typologie de vos clients ?Ce sont principalement des fabricants à marque forte, qui ont une grande expérience de la vente indirecte, comme L’Oréal. Nous permettons à leur marque d’être représentée sur les sites de leurs distributeurs tout en donnant la possibilité à nos clients de contrôler leur marketing, et de partager la connaissance des clients qu’ils captent ainsi. Sinon, nos produits aident aussi les ” retailers ” afin d’agréger les contenus et les produits de plusieurs fournisseurs dans des chaînes ” shopping “. Enfin, nos logiciels s’adaptent aussi aux places de marché pour gérer les offres et les services destinés aux communautés de professionnels.Vers quels services allez-vous orienter vos développements pour relancer votre croissance ?L’espace de marché se définit petit à petit, et les outils sont de plus en plus spécifiques. On comprend mieux les besoins des entreprises qui attendent des nouvelles technologies des outils pour améliorer leur productivité. A terme, nous nous spécialiserons certainement sur des secteurs particuliers en visant la cible des fabricants. Mais il est encore trop tôt pour l’affirmer.Vous semblez avoir du mal à valider votre modèle, quelle est votre situation financière ?Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 1,6 million d’euros en 1999, et de 18 millions d’euros en 2000. Sur 2001, la croissance de notre CA sera moins importante, mais sera à deux chiffres. Cela nous permettra de viser une introduction en Bourse en 2002, où nous devrions atteindre notre seuil de rentabilité. Car si nous ne sommes pas proches de l’équilibre, les conditions de marché actuelles ne nous permettront pas de tenter l’aventure de la Bourse. Dans un cas de figure contraire, nous pourrions toujours lever des capitaux privés pour ne pas freiner notre croissance.Pourtant, votre levée de fonds de 52 millions de dollars de l’été dernier ressemblait fort à un tour pré-IPO ?Nos levées de capitaux [88,5 millions de dollars au total depuis la création de la société mi-1998, NDLR)] sont comparables à ce qui se fait tous les jours aux Etats-Unis. Bien sûr, vu d’Europe et notamment de France, cela peut paraître démesuré. Mais c’est ce qu’il faut lorsque l’on a des ambitions internationales. Ces 52 millions de dollars devaient nous permettre d’atteindre l’équilibre. Effectivement à cette époque, une des options envisagées était l’entrée en Bourse, mais ce n’était pas la seule.

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Propos recueillis par Frantz Grenier