Finie la navette bimensuelle entre le technocentre de Guyancourt et l’usine d’assemblage de la Kangoo à Maubeuge. Le net a élargi l’horizon de Mathieu Godart. Il a fait le pèlerinage à Detroit, la Mecque des constructeurs, et revient tout juste du Japon. À 26 ans, le jeune ingénieur aiguillonne la mise en ligne de la direction des achats de Renault. En 2002, il déploie Quote Manager, l’outil d’appels d’offres en ligne disponible via la place de marché Covisint.
Stage chez Renault
Louis Schweitzer était le parrain de sa promotion de l’Institut français de mécanique avancée, à Clermont-Ferrand. À son retour d’un an de stage à l’étranger, en Australie et aux États-Unis, il préfère rempiler dans l’enseignement supérieur et choisit le Mastère en stratégie et ingénierie des affaires internationales de l’Essec. C’est finalement vers Renault qu’il se tourne pour son stage de fin d’études, à la stratégie de la direction véhicules utilitaires. Dans la foulée, il fait ses premières armes d’acheteur. Pendant un an, le cockpit de la kangoo devient son domaine réservé. Il veille à la fois à l’approvisionnement de l’usine de Maubeuge et à l’optimisation du rapport entre la technique et le prix, sans perdre de vue l’amélioration de la qualité. Mais en octobre 2000, il quitte l’opérationnel pour intégrer le projet B to B, créé quelques mois après la prise de participation de Renault au capital de Covisint, la place de marché lancée par General Motors, Ford et Daimler Chrysler.“Jusque-là, je jonglais entre plusieurs fournisseurs. Du jour au lendemain, je n’ai plus eu que Covisint”, explique-t-il. Pour dématérialiser ses achats, Renault devrait utiliser les trois outils fournis par la place de marché : les catalogues en ligne, les enchères inversées et les appels d’offres. “Mais dans la phase actuelle de déploiement, je me concentre sur le troisième module, “Quote Manager”, insiste-t-il. Et, aujourd’hui, j’ai le couple acheteurs et fournisseurs comme client.”Le 31 janvier, Mathieu Godart animait son premier Supplier Summit, un forum co-organisé avec Covisint Europe. “Nous recevions 30 fournisseurs qui répondront aux appels d’offres en ligne de nos acheteurs à partir de mars. Nous sommes entrés dans le vif du sujet, sans être stratosphériques”, résume-t-il. Ces forums vont se multiplier, car Renault achète 70 % des composants d’une voiture, et le net sera vite utilisé pour des centaines d’appels d’offres par an. Son avenir professionnel ? Promouvoir les “nouvelles fonctionnalités [qui] apparaîtront”, prévoit- il, prêt à reprendre son bâton de pèlerin.
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