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Business et technologies, les deux piliers de l’entreprise

L’e-business est révolu. Les spécificités d’Internet disparaissent, absorbées par les directions des systèmes d’information. Les concepts d’entreprise agile ou d’entreprise comme composant de la chaîne de la valeur apparaissent.

Menacées par la mondialisation, pressées par la concurrence, les entreprises françaises réagissent en optimisant leur mode de création de la valeur. “Il faut être plus réactif, plus agile”, acquiesce Franck Lechef, directeur technique de Valtech. “Le maître mot est flexibilité”, renchérit Marcel Rizcallah, Managing Partner chez Valoris. Mais, en ces périodes de réduction des coûts, ce sont “les projets à retour sur investissement rapide qui ont un grand succès auprès des directions générales”, expose Éric Le Guillou, consultant e-business chez Atos Origin. En particulier, à l’heure d’Internet, “les directions générales ont bien compris les gains rapides apportés par l’e-procurement”, souligne Michaël Tartar, consultant chez Andersen. “Il y a toutefois des prérequis : définir des procédures d’achat rigoureuses, négocier des contrats cadres et organiser les achats au sein de l’entreprise. L’outil n’est qu’un moyen d’y parvenir”, précise-t-il.

Réurbaniser le système d’information

Saad Bennani, membre de la Service Line New Value Chain chez Cap Gemini Ernst & Young, et ancien directeur technique de la place de marché Covisint Europe, partage la même vision : “Dans l’industrie, on constate de plus en plus d’initiatives autour des achats et du collaboratif. La connexion aux places de marché arrive alors comme une réponse à un besoin métiers clairement identifié.”Franck Lechef souligne : “Ce qui est stratégique, c’est le projet métiers, pas le moyen de le réaliser.” Par exemple, une direction générale pourra décider que le site Web doit répondre en temps réel sur la disponibilité effective d’un produit en stock. Cela nécessitera d’automatiser les processus métiers, éventuellement avec ses partenaires, voire de réurbaniser le système d’information.“La réurbanisation est une préoccupation des entreprises, assure Michaël Tartar. Elle se traduit essentiellement par l’acquisition de packages logiciels, qu’il s’agisse d’ERP, de CRM, de SCM, d’e-procurement ou de plate-forme Sell-Side.”“Un progiciel comme SAP peut remplacer quarante applications dans une entreprise”, rappelle Franck Lechef. “Les développements spécifiques ne se justifient que dans des cas métiers très particuliers. Dans ce cas, une approche composants sur plate-forme J2EE rencontre un franc succès”, estime Michaël Tartar.“Dans les grands groupes, la recherche de l’utilisation de progiciels est systématique. S’ils ne répondent pas aux besoins, des frontaux sont utilisés. Toutes les nouvelles applications spécifiques ?” Internet ou non ?” sont développées sur des serveurs d’applications !”, confirme Éric Le Guillou. Le réflexe est bien là.

Intégrer les briques logicielles

“Le progiciel est retenu dans les domaines où il a fait ses preuves. En revanche, dans certains cas comme la distribution (3 Suisses ou Cora), avec un million de références qui changent d’une année à l’autre, les progiciels doivent démontrer leur efficacité ?” tant économique que technique. Plutôt qu’un ERP spécialisé, au coût prohibitif, la solution est d’intégrer les meilleures briques logicielles (modules de SAP, par exemple), via un EAI et des développements complémentaires”, explique Franck Lechef.“Dans le cas des applications stratégiques (e-procurement ou CRM), on recourt au progiciel. Dans le cas d’un développement pour un Intranet, de la facturation ou de la communication, on utilise un serveur d’applications J2EE, en particulier pour la refonte de front-office d’applications de gestion”, illustre Habib Guergachi, directeur technique de SQLI.“En matière de serveurs d’applications, il existe une structuration autour de J2EE et de.NET”, rappelle Pierre Pezziardi, directeur technique d’Octo Technology..NET, de Microsoft, n’est-il pas qu’un concept marketing actuellement ? “Il existe des versions bêta de.NET”, assure Habib Guergachi. “Je n’entrerais pas en production en juin sur.NET, mais je le conseille déjà sur certains grands projets. Les fondations de.NET (MTS et DNA) ont plus de cinq ans et ont inspiré J2EE”, assure Pierre Pezziardi. Mais tous ne sont pas si enthousiastes. “BizTalk n’est pas encore prêt à s’intégrer dans.NET”, prévient Franck Lechef. “.NET n’a pas encore la richesse fonctionnelle de J2EE. La mise en ?”uvre de transactions nécessite, par exemple, de packager les composants.NET en composants COM. Mais nous réalisons actuellement un portail pour un organisme public en technologie.NET”, décrit Éric Le Guillou. “.NET devra faire ses preuves par rapport à l’universalité de la couverture de J2EE”, estime Michaël Tartar. Un avis que partage Marcel Rizcallah : “.NET ne rivalise pas encore avec J2EE, n’ayant pas la maturité des API comme JMS, JNDI, JDBC, etc.”Quant aux avis sur la plate-forme J2EE, ils convergent. La technologie des EJB, en particulier, est prête pour les développements stratégiques, mais elle ne se laisse pas maîtriser facilement. Elle se justifie dans le cas de volume de développement important, car elle est coûteuse. Plusieurs bémols cependant. D’abord, les EJB entités ne semblent pas encore fiables dans des contextes exigeants en performances, à moins d’utiliser des technologies de persistance propriétaires. En outre, l’usage des EJB sous la forme de composants métiers réutilisables reste discret.On le rencontre surtout dans les packages applicatifs ?” tels que ceux fournis par ATG, BlueMartini, BroadVision, IBM ou BEA Systems ?” fonctionnant sur des serveurs d’applications, dont ils utilisent les services d’infrastructure.Les entreprises préfèrent, pour leur part, utiliser les servlets. Pierre Pezziardi s’enflamme : “Je n’ai jamais rencontré l’usage des EJB en tant que composants réutilisables. Cela nécessite avant tout un changement dans l’organisation. Pour des composants réutilisables, il faut une structure de développement “transverse”. Ce n’est pas un problème technique !”.NET rivalise-t-il avec J2EE ? “J2EE répond mieux aux contextes hétérogènes, comportant des applications anciennes, avec de fortes montées en charge, sur des budgets importants, estime Habib Guergachi. Tandis que.NET convient aux budgets limités, aux contextes confinés, avec peu d’intégration aux systèmes existants.”
“Bien sûr que.NET rivalise avec J2EE, réagit Pierre Pezziardi. Il ne faut pas oublier que les outils s’approprient la plate-forme. Ainsi, il est difficile de porter un développement Visual Age pour WebSphere sur un serveur d’applications WebLogic, de BEA. L’opposition.NET contre J2EE n’a pas d’enjeu. L’important, c’est de faire migrer les méthodologies pour écrire correctement des applications 3 tiers.”Par ailleurs, avec Internet, “la nouvelle donne, c’est aussi : faut-il mutualiser avec mon concurrent, et externaliser certains processus sur une place de marché, par exemple ?” interroge Saad Bennani. “En choisissant un progiciel, cela revient à externaliser “, estime Habib Guergachi. “SAP a compris cette problématique, l’éditeur arrive dans l’entreprise par la voie des processus métiers, et il amène sa propre infrastructure”, poursuit-il.“Le problème, c’est la transversalité. Si, sur un projet, il n’existe que dix flux et cent cinquante utilisateurs, il faut créer de la transversalité, il faut mutualiser avec d’autres projets afin de bénéficier d’une infrastructure EAI !”, intervient Pierre Pezziardi. “Mais, attention, l’automatisation des processus n’est pas une fin en soi, prévient-il. C’est la leçon des projets EAI transverses qui ont souvent échoué. En revanche, sur un gros projet ?” par exemple, l’introduction d’un CRM qui recentre le système d’information autour de lui, ou le raccordement aux places de marché ?”, l’automatisation est une priorité lorsque les échanges sont complexes. Si le projet apporte plusieurs dizaines d’échanges complexes, l’EAI est intéressant.”

Les entreprises ne sont pas toutes convaincues

Reste à en convaincre certaines directions générales, qui, en période de crise, pousse chaque business unit à assurer sa propre rentabilité. “J’ai récemment dû calculer le retour sur investissement d’un projet métiers ?” un site de vente en ligne intégrant son propre middleware EAI ?” sans pouvoir mutualiser le coût de son infrastructure avec une application de SCM qui avait pourtant les mêmes besoins”, s’exclame Franck Lechef. Quand les entreprises ne sont pas convaincues, elles poussent à un simple usage de XML, rejetant l’EAI qui apporte la transversalité et l’urbanisation.“La direction centrale des systèmes d’information doit écouter les besoins transversaux. L’EAI est une approche”, constate Habib Guergachi. Toutefois, les services Web ouvrent désormais une autre voie, plus simple et moins coûteuse. Saad Bennani abonde dans le sens de ce dernier : “Dans le cas des fusions et des acquisitions, des directions d’entreprise émettent des directives telles que l’usage d’un format pivot XML.”
“La DSI est un fédérateur. Les initiatives viennent du bas et non du haut, confirme Marcel Rizcallah. Un bon fil conducteur est la constitution d’un référentiel des employés et des clients afin de partager un profil client entre tous les systèmes d’information.”Lorsqu’on sort des murs de l’entreprise, “ce qui déclenche une intégration B to B, de la part des directions générales, ce sont les projets d’e-procurement et la capacité d’adresser un maximum de partenaires à travers des échanges automatisés. Or, les standards de type HTTP n’offrent pas les services attendus : authentification, intégrité des données, confidentialité, non-répudiation et garantie de livraison”, explique Éric Le Guillou.“La solution est soit de déployer des cadres d’échange (ebXML, BizTalk ou RosettaNet), soit d’utiliser des solutions d’échange propriétaires (MQSeries ou SonicMQ) qui passent, plus ou moins, les firewalls.” Dès lors, en matière de cadres d’échanges commerciaux sur Internet, on voit apparaître des communautés (fournisseurs, partenaires et clients) organisées autour de MOM (Message oriented middleware) distribués. Dans le cas où l’on entend seulement superviser des échanges métiers, l’usage d’un cadre fonctionnel (ebXML ou RosettaNet) suffit. En revanche, “pour une traçabilité technique des échanges et une administration de bout en bout, il est nécessaire d’avoir le même logiciel de part et d’autre du “tuyau” télécoms, Tibco ou webMethods, par exemple”, souligne Franck Lechef. Octo Technlogy, pour sa part, recourt à une astuce : un petit bout de code, développé pour l’occasion, est placé sur le réseau du partenaire distant.

Le grand retour du workflow

“Concernant les solutions d’intégration B to B, la bataille se situe sur le traitement et la visibilité des processus métiers”, reprend Éric Le Guillou. “La gestion de processus telle qu’elle arrive avec du BPM sur webMethods est encore très récente”, ajoute-t-il. De même, “le workflow qui s’exécute sur Tibco fonctionne correctement, mais l’intégration n’est pas encore terminée”, reconnaît Pierre Pezziardi.Cette automatisation des processus métiers marque le grand retour du workflow, qui “est dans tous les métiers de l’entreprise : e-procurement, publication de contenu, ressources humaines, gestion de factures, etc.”, analyse Habib Guergachi. Dès lors, il est préférable, si possible, d’exploiter le même workflow pour tous ces processus métiers. “Le portail peut apporter cette unification !”, résume Habib Guergachi. On peut utiliser un courtier de workflow (workflow broker) tel que celui qui est fourni par BEA avec son serveur d’applications. De même, dans le cadre de processus interentreprises, “RosettaNet ou ebXML intègrent les mécanismes indispensables pour gérer un workflow, personnalisé selon les besoins”, conclut Habib Guergachi.

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Jean-Pierre Blettner