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Avec le rachat de HTC, Google va-t-il concurrencer Apple ?

La finalisation du rachat de la division smartphone de HTC permet à Google de récupérer plus de 2.000 ingénieurs dont beaucoup spécialisés dans le hardware…

Le marché est conclu : l’acquisition par la maison mère de Google de la division smartphone de HTC pour 1,1 milliard de dollars est une réalité, comme le valide The Verge. Ce qui fait de Google un concepteur à la fois de système d’exploitation avec Android et un concepteur de téléphones avec le savoir-faire de HTC. Si Google a depuis longtemps conçu des téléphones « type » avec des partenaires – les Nexus puis Pixel, développés avec HTC, LG et autres – c’est la première fois que l’entreprise californienne réunit tous les savoir-faire.

À lire : Google et HTC, le couple fondateur d’Android

Côté hardware, les compétences sont donc en Asie, à Taïwan pour être plus précis, siège de HTC. Avec 2.000 ingénieurs, l’équipe taïwanaise est la plus importante de Google dans la région Asie-Pacifique. Il ne s’agit pas de toutes les équipes de HTC, puisque seule la division smartphone a été rachetée : les équipes VR et production industrielle restent indépendantes (mais des synergies pourraient exister). Comme le précise Rick Osterloh, responsable de la division hardware de Google interrogé par The Verge dans une interview accordée en octobre 2017 dernier, « Nous (Google, NDR) ne voulons plus (que le Pixel) soit un produit de niche. Nous voulons vendre des produits en masse d’ici 5 ans ». Ce qui ferait d’Alphabet/Google un concurrent direct d’Apple puisque Google contrôlerait les mêmes élément qu’Apple.

Tous les éléments ? Presque : si comme Apple, Google a commencé à développer des puces maison en matière d’intelligence artificielle, Apple est pour l’heure bien plus avancé dans la conception des processeurs. Depuis l’iPhone lancé en 2010 soit 2 ans après le rachat de PA Semi, c’est en effet Apple qui conçoit ses propres puces ARM, les processeurs Ax, quand tous les smartphones siglés Google (et HTC) font appel à des puces tierces (Qualcomm notamment). Il reste donc à Google/HTC à développer ses propres processeurs centraux (CPU), ce qui n’est pas une mince affaire.

Depuis 2013 et le processeur A7 de l’iPhone 5S, Apple a commencé à ajouter des éléments supplémentaires comme les éléments de sécurité du Touch ID et un processeur maison pour les mesures physiques (mouvements, élévation, etc.). Actuellement, la dernière puce A11 Bionic d’Apple dispose non seulement de ces éléments mais aussi d’une puce graphique custom et d’une partie dédiée à l’intelligence artificielle. Si le Pixel 2 de Google dispose lui aussi d’une partie intelligente similaire, il lui reste de nombreuses briques à développer.

Quelle stratégie pour Android ?

Dans l’interview accordée à The Verge, Rick Osterloh explique que la volonté de Google de devenir plus vertical est de pousser plus rapidement les technologies, notamment autour de la réalité augmentée. Mais le modèle de Google est pour l’heure différent de celui d’Apple : quand ce dernier maîtrise tout et se contente de moins de 20% de parts de marché, Google contrôle 80% du monde des smartphones grâce à Android mais avec l’aide des constructeurs de téléphones – Samsung, Huawei, Oppo, Vivo, Xiaomi, etc. – mais aussi des concepteurs de processeurs (Samsung qui veut commencer à promouvoir plus ses puces Exynos, Qualcomm qui règne en maître dans le haut de gamme, Mediatek qui grimpe, etc.). En devenant maître de presque toute la chaîne et en concevant ses propres terminaux, Google doit susciter des inquiétudes de la part de toute l’industrie.

Car si Google est un nain à côté de Samsung (300 millions de terminaux vendus l’an dernier), la progression de la vente des Pixels est importante comme le rappelle cet article de Bloomberg : de 500.000 unités du premier Pixel en 2016, Google est passé à 1,5 millions Pixels 2 en 2017. Une croissance d’autant plus intéressante qu’elle se fait dans peu de marchés (aucune distribution en France ou en Chine par exemple) et sans gros efforts de pub. Google semble prudent et préfère cimenter sa stratégie plutôt que de faire feu de tout bois.

A quoi ressemblera le premier téléphone HTC/Google ? Réponse sans doute courant 2018 voire début 2019. Mais une chose est sûre : dans un marché mûr (pour la première fois les ventes de smartphones ont baissées en Chine en 2017), le vent pourrait rapidement tourner.

Et Google entend rester maître du jeu.

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