Passer au contenu

Audiovisuel : le stockage sur disque dur arrive chez l’abonné

À l’occasion de la Coupe du monde de football, TPS devrait commercialiser les premiers disques durs associés à un décodeur numérique. Un concept qui semble arrivé à maturité et qui, à terme, pourrait bien bouleverser l’économie de l’audiovisuel.

“Le concept de disque dur associé à un téléviseur risque de révolutionner l’économie de l’audiovisuel.” Ce pronostic de Jean-Jacques Damlamian, directeur du développement et véritable Géo Trouvetou de France Télécom, remonte à l’été 1999. Même sans être à la veille du Grand Soir, le concept, trois ans plus tard, semble quasi arrivé à maturité.De fait, l’idée a fait son chemin, et les premiers exemplaires de cette nouvelle génération de terminaux sortent des cartons. Témoin Sagem, dont le dernier modèle de décodeur numérique (PVR 5000 S) comporte un disque dur de 80 Go permettant de stocker jusqu’à une quarantaine d’heures de programmes audiovisuels.Fournisseur traditionnel de TPS, le Français devrait lancer ses premiers décodeurs sur le marché à l’occasion de la Coupe du monde de football. Une fenêtre d’opportunité non négligeable, compte tenu du décalage horaire avec la Corée et le Japon (les rencontres ayant lieu le matin entre 9 heures et midi, les abonnés à TPS pourront regarder les matches du jour en rentrant chez eux le soir). L’intérêt porté à ces décodeurs-enregisteurs numériques n’est pas propre à TPS, Canal Satellite est également sur les rangs, même si les échéances (on parle de fin 2002) sont plus éloignées dans le temps.Relativement mûr, donc, ce concept a toutefois un certain nombre d’obstacles à surmonter avant de s’imposer dans l’Hexagone. Un phénomène presque paradoxal si l’on considère la vitesse de pénétration aux États-Unis, où sept cent mille décodeurs-enregistreurs pour le bouquet EchoStar ont été commercialisés au dernier trimestre 2001. “La fonction disque dur bouleverse le modèle économique des opérateurs de télévision”, observe-t-on à la Sagem pour justifier la relative inertie du marché, alors que ce concept n’est pas parvenu à essaimer dans l’univers de la télévision analogique.

Avancer avec prudence

Au-delà des usages, les constructeurs considèrent que les diffuseurs de programmes cryptés (qui maîtrisent leur parc de décodeurs) sont les mieux placés pour amorcer la pompe auprès du public. Vue des opérateurs de bouquets numériques, tant TPS que Canal Satellite, la problématique n’est pas évidente non plus. “Le problème, relève un industriel, est que cette fonctionnalité est soit trop chère [de l’ordre de 200 E supplémentaires, NDLR], soit trop attrayante, avec un risque évident de churn ou de retour des décodeurs en service avant que le parc actuel ne soit amorti.” D’où la nécessité d’avancer avec prudence. “Un disque dur, cela permet de stocker un tas de choses, que ce soit du MP3 ou des DVD”, poursuit ce même industriel.Derniers éléments à prendre en compte : une indispensable pédagogie, afin d’éduquer le marché sans le déstabiliser ; et le défi lié à l’introduction de nouveaux services interactifs, personnalisés ou de proximité.“Ces disques durs seront incontournables à terme, reconnaît Gilles Maugars, directeur technique de TPS, le problème étant de trouver un modèle économique fiable, avec un outil qui soit à la fois puissant et évolutif.”
“Tout cela est dépendant des stratégies de distribution des fournisseurs de contenus”, relève un spécialiste de l’audiovisuel, tout en insistant sur l’enjeu du piratage et des droits attachés aux contenus. Bref, au-delà des débouchés potentiels, les différents acteurs marchent encore sur des ?”ufs.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Henri Bessières