« Je rougirais si je pouvais ». Voilà ce que répondait la voix de femme de l’assistant vocal Siri à ses débuts lorsqu’un utilisateur lui demandait si elle était une « salope » ! Depuis, Apple a corrigé le tir. Mais pour éviter qu’un problème similaire ne survienne à nouveau, l’entreprise a voulu cantonner Siri à des réponses neutres et évasives dès que le sujet du féminisme est évoqué.
C’est ce que révèle The Guardian grâce à une série de documents internes divulgués par un ancien sous-traitant. La même source a contribué a révélé l’écoute des enregistrements de Siri au mois de juillet dernier.
Les autres assistants vocaux sont féministes
Des consignes très précises ont été adressées aux développeurs, leur demandant même de ne jamais faire prononcer le mot féminisme. Si un utilisateur pose la question « Es-tu féministe? » , Siri doit répondre avec une formule comme « Je crois que toutes les voix sont créées égales et méritent un respect égal », ou encore « Il me semble que tous les êtres humains devraient être traités de manière égale ». Pas très courageux, surtout comparé aux réponses d’autres assistants vocaux comme Alexa ou Google Assistant qui assument des positions ouvertement féministes. Le problème, c’est que cette soi-disant neutralité n’en est pas une. Un peu comme si Siri refusait de dire qu’il n’est pas raciste. C’était toutefois pire avant la réécriture de ces réponses, Siri pouvant affirmer dédaigneusement « Je n’ai tout simplement pas compris l’affaire liée au genre », par exemple.
Les documents contiennent également les directives internes d’Apple sur la personnalité de Siri .. ou plutôt son absence de personnalité. La direction martèle que Siri n’a pas de point de vue, qu’il n’est pas humain, sans corps, sans lieu, sans sexe, sans opinion, se bornant à un rôle informatif et ne voulant surtout froisser personne. Il doit dans le même temps s’afficher « enjoué » et « humble » en toutes circonstances. Apple fait enfin attention à ce qu’il ne se fasse jamais passer pour un humain. Plutôt raccord avec les lois d’Asimov sur la robotique. Beaucoup plus étrange, l’entreprise tient particulièrement à entretenir l’idée que Siri n’aurait pas été créé par un humain. De là à laisser croire à une intervention divine…
Source : The Guardian
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