Passer au contenu

Apple a commandé une étude pour comparer son App Store à ses concurrents

Une nouvelle enquête, indépendante, mais néanmoins commandée par Apple, vient d’être publiée. Elle compare l’App Store à ses concurrents et met en avant de fortes similitudes dans les approches tarifaires et réglementaires. Une preuve qu’Apple n’abuse pas de sa position et accorde assez de libertés à ses développeurs ?

Environ un mois après une première étude, qui indiquait que l’App Store avait généré plus de 500 milliards de dollars de revenus dans le monde réel, la société d’études Analysis Group revient sur le devant de la scène avec une seconde enquête, toujours commandée par Apple.

Comparer l’existant pour mettre en lumière le similaire

Il s’agit cette fois-ci de réunir en une courte somme une comparaison des principaux kiosques de distribution numériques, qu’il s’agisse de magasins d’applications, de livres ou encore de musique.
Plus exactement, l’objectif est de comparer les pratiques tarifaires des différentes solutions du marché existantes ou ayant existé : App Store, Play Store, Amazon Store, Microsoft Store, mais aussi Steam, Epic Games Store ou encore les plates-formes de distribution liées aux consoles actuelles, qu’elles soient commercialisées par Microsoft, pour la Xbox, Sony, pour la PlayStation ou encore Nintendo, pour la Switch.

Présentées lors d’une conférence téléphonique, trois conclusions assez simples et claires ressortent de cette étude.

30% partout… ou presque

La première, c’est que la règle des 30% de commissions prélevées sur les ventes s’appliquent unanimement, ou presque. Bien sûr, il existe parfois quelques variations de ce pourcentage selon des volumes de ventes, ou un positionnement tarifaire plus agressif, comme c’est le cas de l’Epic Games Store (12%), conçu pour ébranler la domination de Steam. 
Mais, l’étude rappelle que certains kiosques, notamment, ceux d’opérateurs mobiles, maintiennent des commissions pouvant aller jusqu’à plus de 50%. Historiquement, les opérateurs semblent toujours avoir pratiqué des ponctions élevées, ce qui explique d’ailleurs en partie l’échec de leurs offres.

Analysis Group

L’étude prend également la peine de préciser que les revenus publicitaires ne sont pas contrôlés ou taxés par Apple. En 2019, les jeux aux Etats-Unis auraient produit plus d’argent en publicités intégrées dans les applis qu’en achats, sur lesquels Apple prélève ses précieux 30%. Conclusion logique : Apple ne prive pas ses développeurs d’alternative et de ressources.

Un marché créé par Apple mais qui lui échappe

La deuxième souligne que via ses « places de marché virtuelles », les acteurs du numérique permettent aux différents développeurs de générer davantage de valeurs que s’ils exploitaient une chaîne de distribution physique. Autrement dit, comme en écho à l’étude publiée fin juin, les App Store ont un intérêt pour les développeurs et acteurs du commerce numérique, qui dépassent le cadre logiciel. Un cadre hors App Store.

Une fois encore, l’étude indique qu’une grande part des revenus générés par l’App Store échappent à Apple. Ainsi, près de 90 milliards de dollars seraient issus de ventes de biens physiques via des applications, somme sur laquelle le géant de Cupertino ne toucherait aucune commission. Une situation qui ne semble pas contrarier le géant, même si l’étude rappelle (innocemment) que les acteurs du e-commerce et des marketplaces empêchent généralement les vendeurs d’échapper à leur univers contrôlé pour éviter les manques à gagner. Une manière de dire, par contraste, qu’Apple laisse libre les sociétés de gérer leur commerce via leur appli, comme elles l’entendent.

La nécessité des contraintes réglementaires

Enfin, la dernière conclusion établit qu’apparemment afin d’assurer le succès de ces kiosques de téléchargements, il est courant que leurs propriétaires imposent des règles et optent pour une stratégie contraignante, censée apporter une valeur ajoutée et un intérêt pour les développeurs, et par ricochet pour les utilisateurs. Les analystes laissant penser que sans cadre réglementaire, les kiosques pourraient perdre en attrait, au point d’éventuellement péricliter.

Quelques oublis

En rappelant ces faits, en les regroupant alors qu’ils étaient jusqu’alors épars, cette étude « indépendante » aide à mettre en perspective la réalité du marché des App Store.
Toutefois, elle omet de rappeler que c’est Apple, pour la majeure partie, qui a défini ce cadre au lancement de l’App Store en juillet 2008. Les autres acteurs ont donc pour la plupart calé leurs pas sur ceux de la firme de Cupertino.
Ensuite, elle laisse de côté le fait que l’App Store est le seul kiosque applicatif de ceux étudiés, qui soit exclusif, qui soit la seule véritable porte d’entrée dans un écosystème de près d’un milliard d’appareils.
Sauf à jailbreaker son iPhone ou son iPad, il est en effet impossible de facilement installer des applications autrement que via l’App Store. Pour de très bonnes raisons et d’autres peut-être plus discutables, Apple s’évertue à contrôler l’accès à son univers, afin d’en assurer la sécurité, la cohérence et l’évolution.

Hasard du calendrier…

En définitive, cette étude nous a été présentée comme n’ayant d’autres buts que d’éclairer la situation et de faciliter la comparaison. Néanmoins, alors que Tim Cook doit témoigner devant le congrès la semaine prochaine, que des enquêtes pour monopole éventuel sont ouvertes des deux côtés de l’Atlantique, aux Etats-Unis comme en Europe, cette petite somme documentaire semble tomber à point nommé dans une bataille de communication qu’Apple livre à différents niveaux.

Tout début juillet, le responsable européen de l’App Store, Daniel Matray participait ainsi à une conférence européenne pour défendre la stratégie d’Apple et son App Store. Aujourd’hui, une nouvelle étude vient apporter des arguments, qui, à défaut d’être systématiquement favorables à Apple, indiquent que ses pratiques sont généralisées.
Evidemment, la publication de cette étude pourrait également être totalement fortuite, un hasard du calendrier, et n’avoir d’autre objet que d’informer le monde…

Source : Etude d’Analysis Group

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Opera One - Navigateur web boosté à l’IA
Opera One - Navigateur web boosté à l’IA
Par : Opera

Pierre FONTAINE