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Alan Wake : ombres et lumière

Ambiance pesante et grosses frayeurs sont au programme de ce thriller qui tire son inspiration de l’œuvre de Stephen King.

Le mystère était bien gardé. Du jeu de Microsoft conçu par le studio finlandais Remedy déjà auteur de la série Max Payne), en chantier depuis cinq ans, rien n’a filtré ou presque. Même la première bande-annonce dévoilée en février dernier a confirmé ce que l’on savait déjà, outre que l’univers s’inspire de celui des romans de Stephen King : le jeu est un thriller psychologique orienté action. A l’arrivée, Alan Wake se résume à un seul mot : la peur.Son héros est un écrivain à succès en mal d’inspiration. Accompagné de sa femme Alice, il prend quelques jours de vacances à Bright Falls, une petite bourgade typiquement américaine isolée dans les Rocheuses. L’endroit où tout le monde se connaît, vit au rythme de la fête du cerf et des bulletins d’information de la radio locale. Sérénité et plénitude…Puis la nuit tombe et tout bascule. Alice disparaît mystérieusement, l’ambiance change radicalement. Dans l’obscurité et la brume qui s’impose, des bruits inquiétants annoncent le pire : l’arrivée des possédés, ces mystérieux assaillants qui, armés de haches, serpes et autres tronçonneuses, attaquent Alan. Qui sont-ils et d’où sortent-ils ? A ce stade, aucune explication n’est fournie, mais on comprend vite que seule la lumière est source de sécurité. Notamment les projecteurs disséminés ça et là, et qui fonctionnent avec des groupes électrogènes, à démarrer au plus vite. Pour assurer sa défense hors des zones éclairées, Alan doit mettre la main sur des fusées éclairantes, et surtout sur des munitions et des piles pour sa lampe de poche. Des munitions qui ne sont pas toujours en quantité suffisante, comme les piles (qu’il faudra constamment placer dans la lampe torche à des moments où… ce n’est pas le moment). Dans ce cas, fuir vers la lumière la plus proche reste la seule alternative. Pas si simple…La force première du jeu, c’est d’avoir réussi à instaurer une ambiance extrêmement pesante, voire terrifiante pour les âmes sensibles. Car si les codes ne sont pas forcément novateurs (on pense à Alone in the Dark ou à Silent Hill), on sursaute beaucoup.

Entre réel et imaginaire

Outre une réalisation irréprochable, le jeu des ombres sur les sentiers de montagne, le vol des oiseaux, le bruit du vent dans les arbres, l’éclairage à la seule lampe de poche sont autant d’éléments parfaitement amenés qui pèsent et font mouche. On hésite constamment entre courir pour mieux fuir ou avancer à pas de loup pour mieux appréhender les attaques. Du coup, quand les possédés débarquent, ce qui est annoncé dans un mouvement de ralenti avec un plan de caméra permettant de voir que l’on est cerné, on ressent le cauchemar d’Alan. Avec la panique qui s’installe, on aurait presque envie de rallumer les lumières autour de soi !L’autre tour de force du jeu, c’est d’avoir réussi à distiller le scénario au compte-gouttes, de laisser bien des questions sans réponse et surtout de perdre brillamment son héros, donc le joueur, entre rêve et réalité. Il faut dire que la narration, remarquable, est assurée par le héros lui-même, ce qui amplifie cette confusion. A noter d’ailleurs que des informations apparaissent sur les pages d’un manuscrit à ramasser tout au long des parcours. Manuscrit qu’Alan ne se souvient pas avoir écrit alors que tout semble indiquer l’inverse… Si l’on ajoute à tout cela un découpage en épisodes à la façon des séries (avec un résumé annoncé par la formule consacrée “ Précédemment dans Alan Wake… ”), on accroche vite au scénario, pourtant complexe, avec l’envie d’avancer vers le dénouement.Enfin, dernier point remarquable : les environnements très réussis collent superbement à l’ambiance. On ira de la mine désaffectée à la gare ferroviaire, du motel de montagne à la centrale électrique, de la ville fantôme au labyrinthe de jardin (un clin d’œil à Shining), permettant de varier (un peu) les situations, mais avec le même sentiment d’insécurité. Dans Alan Wake, il n’y a vraiment que la pleine lumière qui permet de souffler… Vivement la suite !L’avis de la rédaction
On aime

L’incroyable atmosphère, la narration, la réalisation irréprochable, le découpage en épisodes.
On n’aime pas
Le combat à mains nues (quand on n’a plus de munitions !), impossible.
Mention très bien
A partir de 16 ans

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Hervé Cabibbo