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A3is utilise toutes les ficelles

Après un dispendieux train de vie, les start-up sont contraintes de se serrer la ceinture. Or, c’est dès sa création qu’une entreprise doit prendre le bon pli. Études de cas.

Asnières, rue des Champs. L’ancienne usine de brique rouge et de béton blanc s’est offerte une seconde jeunesse. Exit les machines-outils et les effluves de senteurs… L’ex-fabrique de parfums abrite aujourd’hui une dizaine de start-up dont A3is, une SSII qui a vu le jour au début juillet. Parce qu’un sou est un sou, la jeune pousse a décidé de réduire au maximum ses frais de fonctionnement, et cela dès le début de son activité. “Nous recherchions des locaux. Et par un concours de circonstances, j’ai abordé ce point avec Pierre Boumard, cofondateur de la société de communication Brands@work, qui cherchait lui-même à s’agrandir. Nous avons rapidement opté pour la colocation”, se rappelle Jean-Emmanuel Grau, directeur de A3is.Considérant la minimisation des infrastructures comme une des clés de la longévité d’une entreprise, les deux hommes décident de pousser l’expérience à l’extrême. Ils meublent leur nouvel habitat avec un mobilier au design similaire, “non pas pour réduire les coûts à l’achat, mais pour donner une vision d’ensemble”. Tous deux auraient-ils une passion pour l’architecture d’intérieure ? Pas vraiment. Astucieux en diable, les entrepreneurs espèrent par cette homogénéité donner l’impression au visiteur qu’il est face à une équipe de taille. Bien utile quand on est une jeune entreprise de trois salariés ! Rapidement, la mutualisation apparaît comme un choix évident.Pour jouer sur les économies d’échelle, les deux sociétés partagent une connexion haut débit, et optent pour une même solution de téléphonie. Elles ont pu ainsi s’offrir une solution CTI (convergence téléphonie informatique) intégrant des fonctions voix-données dans les centres d’appel. Et pour tenir ce standard haute performance, les deux entreprises envisagent de n’embaucher qu’une seule et même personne. Histoire de diminuer les charges sociales !

Un système de covalorisation

Volontaire, peut-être grâce à son passé de rugbyman, Jean-Emmanuel Grau décrète qu’il utilisera tous les trucs possibles pour se développer sans faire appel au capital-risque. Et pour embaucher quatre personnes supplémentaires d’ici la fin de l’année, il n’hésite pas à utiliser toutes les ficelles afin de réduire les coûts. Ainsi, plutôt que de payer une société de communication pour lui concevoir son logo et ses plaquettes commerciales, il opte pour l’échange de compétences. Brands@work s’attelle à la tâche et, en contrepartie, A3is promet de lui concevoir un site internet. Les économies réalisées grâce à toutes ces astuces sont difficiles à chiffrer. Jean-Emmanuel Grau sait juste qu’il doit gérer au mieux le capital de 30 200 euros de sa société. Sans oublier qu’il lui faut développer le chiffre d’affaires. Son c?”ur de métier devrait lui permettre de réaliser entre 0,22 et 0,38 million d’euros de CA à la fin de l’année. Des résultats que la SSII espère multiplier grâce à un foyer de développement annexe : “la covalorisation”. “Lorsqu’elles ne rencontrent pas de logiciels spécifiques sur le marché, les entreprises sont obligées de développer elles-mêmes leurs applications. Applications qui restent ensuite dans les tiroirs. Afin de faire évoluer ses produits, nous avons décidé de créer une communauté. Les clients vendront le droit d’utiliser les codes sources, et nous prendrons un pourcentage. Nous validons le concept avant de décider dindustrialiser le principe.” Si cette dernière entreprise devient un projet à grande échelle, alors Jean-Emmanuel Grau le concède : il sera bien obligé de faire appel à des investisseurs extérieurs.

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Hélène Puel et Alain Steinmann