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À ses débuts, le bitcoin n’était ni égalitaire, ni décentralisé… et c’est un problème

En analysant la blockchain, des chercheurs ont découvert que le réseau du bitcoin était très centralisé à ses débuts. Et malheureusement, cela a des conséquences néfastes pour l’anonymat des utilisateurs aujourd’hui.

Pour les adeptes du bitcoin, les temps sont durs. Les cours dégringolent et on ne sait pas quand cette spirale infernale s’arrêtera, pulvérisant une bonne fois pour tout le fameux argument selon lequel cette cryptomonnaie constitue une « réserve de valeur » permettant de contrer l’inflation des monnaies fiduciaires. Actuellement, c’est tout le contraire que l’on observe. Bonjour le chaos.

Mais il est intéressant de constater que ces temps incertains du bitcoin ne datent pas d’hier. Ils ont même toujours été là. Un groupe de chercheurs pluridisciplinaire s’est penché sur les 30 premiers mois d’existence de cette monnaie, de son lancement le 1er mars 2009 au moment de sa parité avec le dollar le 2 septembre 2011. Cette dernière date correspond à peu près à l’arrivée de la place de marché de la drogue Silk Road, le premier vrai cas d’usage du bitcoin. À ses débuts,

Un risque fréquent d’attaques à 51 %

Les chercheurs ont décortiqué la blockchain dans ses moindres transactions et ce qu’ils ont découvert écorne sérieusement les mythes de la décentralisation et de l’anonymat que l’on relie généralement au bitcoin. Ainsi, en procédant à des analyses et des agrégations transactionnelles, ils ont constaté que durant toute cette période initiale, le minage n’était réalisé que par 64 personnes. « C’est mille fois moins que ce que l’on imaginait jusqu’à présent », soulignent les chercheurs dans leur rapport. Et il arrivait souvent que plus de la moitié de la puissance de calcul était dans les mains d’une seule personne, qui aurait pu – dès lors – prendre le contrôle du réseau tout entier.

Autre découverte : Durant cette période, la répartition des bitcoins était parfaitement conforme à la loi de Pareto, un outil mathématique qui permet de modéliser la distribution de richesse dans les économies classiques. La seule différence, c’est que cette distribution était beaucoup plus concentrée dans le réseau bitcoin que dans une économie classique. Non seulement le système bitcoin n’a pas créé de révolution particulière dans la manière dont les richesses sont réparties entre les personnes, mais en plus il l’a accentué de façon particulièrement inégalitaire.

Un petit groupe de fondateurs altruistes

Face à constat, il apparaît que durant cette période, les postulats de la décentralisation et du fonctionnement « trustless » (pas besoin de faire confiance entre membres du réseau) n’était pas respecté. Autrement dit, si le bitcoin n’a pas capoté durant ses 30 premiers mois, ce n’est pas grâce à ses qualités cryptographiques intrinsèques, mais grâce au bon vouloir des utilisateurs. Ces personnes les plus privilégiées avaient objectivement la possibilité réaliser des attaques de 51 %, mais ils ne l’ont pas fait. « Le succès initial du bitcoin s’est appuyé sur la coopération au sein d’un petit groupe de fondateurs altruistes », concluent les chercheurs.

Enfin, les calculs réalisés par les chercheurs montrent que presque tous les bitcoins en circulation peuvent être reliés à l’un des 64 mineurs de base en moins de six transactions. Là encore, c’est une conséquence de cette hyper-centralisation de ces premiers mois. Le souci, c’est que ce n’est pas terrible pour garantir l’anonymat. « Si les forces de l’ordre arrivaient par exemple à déterminer l’identité des 64 principaux agents, elles pourraient dé-anonymiser quasiment toutes les adresses bitcoin en remontant le fil d’au plus 6 transactions », estiment les chercheurs. Finalement, le monde du bitcoin est très petit, on pourrait presque dire étriqué.

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Source : New York TImes


Gilbert KALLENBORN