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‘ A la demande ‘, trois mots qui s’usent ?

Attention aux mots marketing martelés à tout bout de champ qui pourraient aboutir à l’effet inverse de celui recherché, et faire fuir les directions informatiques.

‘ A la demande. ‘ Trois mots serinés, radotés, ruminés, remâchés dans la communauté informatique. Une formule publicitaire matraquée depuis un an par les IBM, HP, et autres Sun, qui
cherchent à vendre autrement leurs technologies et leurs prestations informatiques.Ces sociétés ont fait appel à toute leur énergie et investi beaucoup d’argent pour séduire les grands comptes et leur expliquer qu’ils pourraient bénéficier de solutions et de services selon leur demande, comme cela se fait
depuis longtemps pour l’électricité ou le gaz.IBM a ressassé, à la télé et dans la presse écrite, son slogan ‘ l’e-business à la demande ‘. Le même scénario s’est déroulé avec HP et son ‘ entreprise
adaptable ‘
. Et avec Sun et son offre N1. Plus récemment, des éditeurs comme Computer Associates lançaient également leurs infrastructures d’informatique à la demande.Les constructeurs comme les analystes qui mettent au point ces formules marketing n’hésitent pas à les répéter, à les ‘ rabâcher ‘ jusqu’à ce que les oreilles des directions informatiques en bourdonnent.
Seulement voilà, ces dernières ne ‘ se bouculent pas au portillon ‘.Et quelle est leur demande ? Sans aucun doute, elles recherchent plus que jamais des solutions pratiques et efficaces, dans cette période économique difficile. Car elles sont préoccupées par la réduction des coûts, par la
rationalisation de leur système d’information et, en cette fin d’année, par l’élaboration laborieuse de leurs budgets informatiques 2004.Même si IBM s’est empressé, il y a un an, de citer ses premières références d’informatique à la demande, comme la JP Morgan Chase, les DSI n’ont pas vraiment accroché. Et ce ne sont pas les retours d’expériences probants qui
affluent.Il faudrait davantage de transparence en matière de tarification et de gestion des coûts variables de ces solutions à la demande. Pour l’instant, tout le monde est dans le brouillard. Il faudra du temps pour voir plus clair, comme
l’avouent eux-mêmes les fournisseurs.Les directions informatiques devront en outre avoir une meilleure visibilité de l’évolution de leur système d’information, du périmètre d’activité de leur entreprise et des investissements associés.Les marchands d’informatique à la demande n’ont pas encore convaincu les foules. Ils ont plutôt survendu le concept. Dans l’industrie informatique en pleine mutation, il vaut mieux lancer un concept, un modèle ou une technologie adaptés
aux besoins du moment.Alors, en attendant, ces trois mots ‘ à la demande ‘, scandés au rythme des marchands, risquent de se dévaloriser. On pourrait philosopher à la manière d’Erik Orsenna qui, dans son livre
La Grammaire est une chanson douce, dénonce avec intelligence et humour la répétition exclusive des mots.De trois mots, en l’occurrence. ‘ Trois mots devenus maigres et pâles : je t’aime. Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les
uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver… ‘
* Chef d’enquête à 01 Informatique

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Clarisse Burger*