Passer au contenu

68 millions de chinois surfent sous haute surveillance

La Chine gagne du terrain sur la toile et occupe à présent le deuxième rang mondial. Mais l’expansion a lieu dans un périmètre restreint balisé par le régime.

Le nombre d’internautes chinois a gonflé de 8 900 000 personnes en un an. L’étude statistique du China Internet Network Information Center (CNNIC), parue en juillet 2003, fait le point sur un marché en pleine
explosion. Avec ses 68 millions d’internautes, la Chine souhaite afficher sa modernité. Elle compte le plus grand nombre d’utilisateurs d’Internet après les Etats-Unis.Le réseau rencontre surtout un vif succès auprès des moins de 25 ans qui représentent à eux seuls plus de la moitié des internautes chinois (56 %). La grosse majorité de la population n’a cependant pas accès au réseau. L’étude
met en évidence de fortes disparités régionales qui profitent aux grandes villes de l’Est. Pékin concentre 23 % des utilisateurs, Shanghai 9,2 % alors que la Mongolie intérieure n’en abrite que 0,7 % et le Tibet 0,2 %.Les différences régionales au niveau du nombre d’internautes s’accompagnent de grosses inégalités en matière d’accès à l’information. ‘ J’ai fait le test sur le portail de Yahoo Chine. En tapant les mots clés
 ?” dalaï-lama, dissidence, indépendance de Taiwan ?” les résultats de recherche sont bloqués en Chine territoriale alors qu’ils sont accessibles sans problème à Taïwan ‘
, explique Eric Sautedé, rédacteur
en chef de la revue du
Centre d’études français de la Chine contemporaine, Perspectives Chinoises.

Auto-censure des fournisseurs de contenu

Le régime utilise tous les moyens de dissuasion pour museler le réseau. La langue constitue un premier barrage. La plupart des sites accessibles sont en chinois simplifié, langue la plus utilisée dans le pays. Les sites en anglais sont
très souvent rendus inaccessibles . Parfois certains liens apparaissent mais restent inactifs ou sont d’une lenteur décourageante. Les articles sur la Chine publiés sur des sites de journaux étrangers ?” notamment sur la question du Tibet,
de Taïwan ou des droits de l’homme ?” sont systématiquement bloqués. ‘ Les fournisseurs de contenus sont soumis comme la presse au bureau de la censure ‘, souligne Eric Sautedé.Les 6 principaux fournisseurs d’accès entretiennent des relations étroites avec le gouvernement et restent sous le contrôle de l’administration de tutelle. Ils pratiquent une auto-censure très forte en écartant toutes les informations
qui ne sont pas dans la droite ligne du système.Yahoo Chine respecte à la lettre la charte de bonne conduite imposée par le régime. ‘ Il constitue une pseudo officine du gouvernement et représente le premier portail chinois en fréquentation même s’il est classé
quatrième par les autorités chinoises ‘
, explique Eric Sautedé. Officiellement, les sites chinois Sina, Sohu et Netease occupent les trois premières places. Mais les chiffres doivent toujours être considérés avec prudence car
les sondages font également l’objet du contrôle des autorités.

Les forums, mince espace de liberté

Dans cette manipulation générale de l’information, les lecteurs apprécient les forums qui permettent de commenter lactualité ‘ autorisée ‘ et de formuler quelques critiques de bon sens sur la version
officielle des faits. Mais, les forums de discussion sont un échappatoire bien illusoire. ‘ Le gouvernement central fait un écrémage très régulier des messages suspects. Une intervention subversive ne restera pas en ligne plus
de 5 ou 10 minutes ‘,
tient à préciser Eric Sautedé.Dans un pays où 90 % des versions de Windows en circulation sont des contrefaçons, le piratage est bien la seule infraction plus ou moins tolérée par les autorités.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Caroline Lebrun