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Mozilla milite pour la sauvegarde de l’Internet, menacé de toute part

La fondation vient de publier son premier “bilan de santé de l’Internet”, un rapport censé alerter les Internautes sur les dangers qui guettent la Toile. C’est aussi un moyen pour redorer son blason de militant du Web.

Pour Mozilla, l’éditeur de Firefox, le Web n’est pas au mieux de sa forme. Il présente même quelques symptômes de maladie. Sa sécurité est de plus en plus défaillante, sa neutralité est remise en question, sa diversité s’appauvrit, la censure gagne du terrain, etc. La situation n’est pas catastrophique, mais les tendances seraient suffisamment graves pour que la fondation open source décide de créer un “bilan de santé de l’Internet”. L’idée est de rassembler dans un seul endroit un certain nombre d’indicateurs permettant d’apprécier l’état général de la Toile, et cela selon cinq points de vue: innovation ouverte, inclusion numérique, décentralisation, vie privée et sécurité, éducation à Internet.

Les données mises en ligne ne sont pas vraiment nouvelles. Elles proviennent de différentes organisations comme The Web Foundation, Freedom House, Pew Research Center, la Banque mondiale, Wikipedia, etc. Elles montrent, par exemple, quels pays œuvrent le plus pour l’open data (Royaume-Uni, Finlande et Australie), quelle est la langue la plus diffusée (l’anglais), combien de sites acceptent le protocole de chiffrement TLS (48 %), combien de brésiliens pensent que l’Internet et Facebook ne font qu’un (55 %), etc.  

Cette première version du “bilan de santé de l’Internet” est expérimentale. L’organisation sollicite les Internautes pour qu’ils donnent leur avis et, en fonction des retours, procédera à des modifications. L’approche de Mozilla n’est pas neutre mais se veut clairement militante. Dans une lettre ouverte intitulée “Appel à tous les citoyens d’Internet”, le directeur exécutif de Mozilla Foundation, Mark Surman, compare le combat pour la défense de l’Internet au mouvement écologiste des années 60. “Rares étaient les personnes au courant de la menace qui pesait sur la planète. Ils ont donc créé un mouvement mondial pour sensibiliser le public à des sujets pointus, tels que la couche d’ozone et les énergies renouvelables. Celui-ci a grandi, permis de modifier des réglementations et poussé de nombreuses entreprises à mener des activités en minimisant leur impact environnemental. Ils ont fait de l’environnement une question de société. Un mouvement similaire est nécessaire pour défendre Internet. Nous devons aider le public à comprendre ce qui est en danger et comment les citoyens peuvent agir”, explique Mark Surman dans sa lettre ouverte.

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Retour aux sources

Ce militantisme de Mozilla n’est pas très surprenant. Il se situe dans la continuité d’une stratégie qui, depuis ses débuts, défend certaines valeurs du web comme la neutralité, les technologies ouvertes ou la protection des données personnelles. Des valeurs qui se retrouvent d’ailleurs de manière concrète dans les fonctionnalités de son navigateur Firefox, comme le blocage des trackers de pub par exemple. Le lancement de ce baromètre de santé de l’Internet intervient quelques jours après la présentation du nouveau logo de Mozilla, qui est lui aussi censé rappeler son engagement originel pour l’Internet.

Les mauvaises langues diront que ce retour aux sources très appuyé de la fondation coïncide avec une visibilité en décroissance sur le marché. Sur les ordinateurs fixes, Firefox s’est fait dépasser par Google Chrome. Sur les mobiles, le navigateur est quasi-inexistant. Et les autres projets de la fondation, comme Firefox OS, ont bien du mal à décoller. Mozilla ne lutte pas seulement pour éviter le déclin du Web, mais aussi le sien.

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Gilbert KALLENBORN