Passer au contenu

Les films disponibles en DVD et VOD quatre mois après leur sortie en salle

Les professionnels du cinéma, de la vidéo et de la télévision ont signé un accord qui réorganise la chronologie des médias. C’était l’un des pendants de la loi Hadopi.

Quatre mois au lieu de six. C’est le « geste » consenti par la filière cinématographique pour réduire le délai de distribution des films en DVD après leur sortie en salle. Exploitants de cinémas, producteurs, distributeurs, chaînes TV ou encore plates-formes de VOD, ont enfin signé un accord officiel ce lundi 6 juillet, visant à modifier la « chronologie des médias ».

Cette révision était l’une des contreparties demandées aux ayants droit face au volet répressif de la loi Hadopi. Elle est censée contribuer au développement de l’offre légale de films, en particulier sur Internet, pour endiguer le piratage.

Signé sous l’égide du Centre national de la cinématographie (CNC), l’accord ramène à quatre mois le délai de sortie en DVD, mais aussi en VOD (vidéo à la demande), jusqu’ici fixé à sept mois et demi. Avec toutefois une nuance : seuls les films payés à l’acte en VOD seront disponibles sous quatre mois. Pour la VOD par abonnement, le délai passe… à 36 mois ! Quant à la VOD gratuite, il faudra attendre quatre ans pour profiter d’un film par ce biais.

La fenêtre Canal + réduite à 10 mois

Autre exception, les films qui n’auront pas connu le succès en salle (moins de 200 entrées en un mois) pourront être distribués en DVD ou VOD trois mois seulement après leur sortie. Les délais de diffusion des films à la télévision sont également modifiés : les chaînes payantes « de cinéma », comme Canal + ou Orange Cinéma Séries, pourront les exploiter sous dix mois (contre douze aujourd’hui) et les chaînes gratuites sous 22 mois (contre 24) si elles les ont coproduits, ou 30 mois si non.

En mettant les films à disposition plus tôt après leur sortie en salle, cette nouvelle chronologie peut-elle vraiment influer sur le piratage Internet ? Assurément non. Plusieurs associations du secteur ont d’ailleurs refusé de signer l’accord, comme le SEVN (Syndicat d’éditeurs de vidéo), l’ARP (Société civile des auteurs réalisateurs producteurs) ou encore la SACD, qui rassemble les auteurs et compositeurs dramatiques.

Une « vaste concertation »… plus tard

« Il ne permet pas de développer une offre légale attractive, résume Guillaume Prieur, directeur des relations institutionnelles de la SACD. L’accord ne crée pas de dynamique : pourquoi la VOD en abonnement n’aurait-elle pas la même fenêtre que les chaîne payantes, par exemple, en les faisant contribuer à la création ». La SACD pointe également la dérogation à 3 mois pour les films à faible entrée « qui n’intéressent presque personne » ou la publicité pour les DVD, désormais autorisée seulement une semaine avant leur commercialisation (au grand dam des éditeurs du SEVN).

En impactant les périodes d’exclusivité, donc le préfinancement des films, un tel accord pouvait difficilement faire l’unanimité. Une chose est sûre, il ne suffira certainement pas à convertir les adeptes du téléchargement illégal à la VOD légale. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a rappelé à cet effet qu’il allait organiser une nouvelle concertation avec les acteurs concernés pour rendre les offres légales « encore plus attractives » et dégager de nouvelles sources de financement pour la création, comme les plates-formes VOD.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Julie de Meslon