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Les antipub défigurent les panneaux vidéo de la RATP

Un collectif s’en est pris, hier, 24 novembre, à une centaine d’écrans de publicité LCD dans le métro et le RER parisiens, qu’ils considèrent comme espions. Métrobus, la régie de la RATP, affirme que ce mobilier n’est pas équipé de capteurs.

Les antipub ne décolèrent toujours pas contre les panneaux publicitaires vidéo animés que la régie publicitaire de la RATP, Métrobus (filiale de JCDecaux et Publicis), installe dans les couloirs des stations de métro et de RER à Paris et dans sa région. Ces nouveaux supports, présentés à la fin de 2008, ont été, les victimes d’une action de « barbouillage » de la part d’un collectif Danger-ecranpub dans la soirée du 24  novembre.

Ce dernier publie sur son site plusieurs clichés des écrans pris pour cibles par des groupes de militants, qui ont peint des slogans et posé des autocollants sur ces écrans LCD de grande taille, aux allures d’iPhone géants. Le collectif indique s’en être pris à 118 panneaux dans 16 stations (Châtelet, Gare de Lyon, Montparnasse, Port-Royal, etc.), soit environ un tiers des panneaux déjà mis en place par Métrobus. Certains de ces écrans avaient déjà été vandalisés en juin dernier (voir cet article du Post).

Dans un communiqué, un porte-parole de Danger-ecranpub indique que cette action « vise à dénoncer les dangers démocratiques, environnementaux et sociaux que représentent les nouveaux écrans publicitaires ». « Lorsqu’on leur explique [aux usagers, NDLR] que des caméras installées dans les panneaux nous analysent en temps réel et permettent de déterminer notre sexe ou notre âge pour mieux cibler les publicités diffusées, ils sont autant scandalisés que moi. Nous ne sommes pas des rats de laboratoire », commente un activiste, cité dans le communiqué.

« Nous ne sommes pas des rats de laboratoire »

Ce que reprochent les antipub à ces panneaux, qui affichent des images animées, va en effet au-delà de la simple invasion visuelle ou du gaspillage d’énergie (1) : ils contestent les dispositifs de « mesure d’audience intégrée » (selon le mot de la RATP) que comprennent ces appareils. Les écrans LCD de Métrobus sont en effet capables de dénombrer les passants qui s’arrêtent devant la publicité et de voir où les regards se portent.

En mars 2009, lors d’une action en justice des antipub, Laurent Collot, expert technique qui avait participé à l’élaboration de ces panneaux, réfutait toute idée d’une vidéosurveillance. « Les capteurs repèrent des formes de visages humains et identifient la position du visage par rapport à l’affichage. La seule chose qui est conservée, c’est un décompte [du nombre de visages, NDLR], qui n’est absolument pas lié aux caractéristiques individuelles des passants. Personne n’a accès à des images. »

Métrobus nie tout dispositif de comptage ou de reconnaissance

Face à la polémique, la RATP avait annoncé en juillet 2009 qu’elle renonçait à activer les dispositifs d’analyse dans les écrans. En avril dernier, la Cnil avait indiqué n’avoir rien à redire sur ce genre de dispositif, sous certaines conditions (pas d’enregistrement d’image, notamment). Le déploiement des écrans par Metrobus a alors continué, mais sans recours à la mesure d’audience, selon la régie (voir cet article du Parisien). « Métrobus affirme que ses capteurs espions ne sont pas activés, ce dont personne ne peut s’assurer », écrit Danger-ecranpub.

« Rien n’est clair, confirme Charlotte Nenner, porte-parole de Résistance à l’agression publicitaire. On sait que les écrans contiennent des caméras, mais on ne sait pas ce qu’elles font exactement. Nos questions restent sans réponses. » L’association a demandé à être auditionnée par la Cnil sur cette question. Depuis la loi Grenelle II cet été, c’est en effet elle qui autorise ou non ce type de dispositif.

De son côté, Métrobus, qui vient d’être reconduite par la RATP pour neuf ans, a indiqué à l’AFP que le « mobilier numérique installé dans le métro et le RER n’est pas équipé de capteurs faciaux. Il n’y aucun système de comptage ou de mesure d’audience à l’intérieur du mobilier. » (2) Les antipub ne sont visiblement pas convaincus. « Ceci n’est qu’un début… A bientôt », écrit Danger-ecranpub.

(1) Selon Résistance à l’agression publicitaire, « un écran à cristaux liquides de cette taille consomme 700 W environ. À quoi il faut ajouter les ordinateurs nécessaires au fonctionnement du système, les systèmes de communication, les capteurs, etc. Si l’on évalue la totalité à 1 000 W, fonctionnant 7 000 heures par an (horaires d’ouverture du métro), la consommation atteint 7 000 kWh/an, soit environ autant que trois foyers français en moyenne (hors chauffage électrique). »

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Guillaume Deleurence