Passer au contenu

La PMR numérique face aux réseaux mutualisés

L’ouverture prochaine d’Acropol à des utilisateurs autres que la police relance la compétition entre Tetra et Tetrapol, sur le marché français de la radiocommunication professionnelle. La logique des réseaux partagés freine le développement des petits systèmes privés.

Les sapeurs-pompiers seront les tout premiers “invités” sur le réseau Acropol. Ainsi en a décidé le ministre de l’Intérieur, qui prévoit l’ouverture du réseau policier aux soldats du feu dans deux départements pilotes dès 2003. Cette annonce ne réjouit pas Nokia, l’un des industriels majeurs du camp Tetra, qui voit, dans cette mutualisation rampante, un frein à son expansion dans l’Hexagone. En revanche, EADS Telecommunications, promoteur de Tetrapol, s’en félicite, même si cela signifie, à terme, une modification profonde de la planification du réseau.L’industriel français sait de quoi il parle, puisqu’il s’est engagé à régler, avant la fin de l’année, les dysfonctionnements constatés sur Acropol en région parisienne, ce qui suppose la construction de quinze nouveaux sites et la création de vingt-deux cellules. Même s’il dénie sa responsabilité dans les problèmes, et réfute la mise en cause de sa technologie, EADS doit supprimer l’objet des critiques formulées par certains syndicats de policiers s’il veut qu’Acropol devienne l’équivalent de Pegas (République tchèque), Polycom (Suisse), ou Sirdee (Espagne). Car le réseau mutualisé semble être le modèle de référence en Europe pour tous les services de sécurité et de secours, qui y voient la clé d’une bonne coopération entre services.

Une concurrence exacerbée

Les partenaires de Tetra partagent évidemment cette analyse, mettant en avant leurs propres exemples, comme Airwave (Grande-Bretagne), Astrid (Belgique) ou Virve (Finlande), des références qui sont autant d’atouts commerciaux majeurs dans chaque pays concerné. La demande pour le numérique croissant avec l’arrêt des approvisionnements en matériels analogiques, les frères ennemis de la PMR (réseau de radiocommunication privé) font feu de tout bois : lobbying auprès des politiques, dénigrement de l’adversaire, marketing agressif, tout est bon pour séduire les services d’urgences, les communautés urbaines ou les grandes entreprises. Tetra met en avant sa normalisation Etsi, mais Tetrapol compte depuis peu la Communauté européenne parmi ses clients… Cette concurrence exacerbée devrait cependant s’adoucir, car les signataires des accords de Schengen exigent que les deux technologies soient interopérables pour faciliter les communications transfrontières.Sur le marché des réseaux privés, le jeu est plus ouvert. Là aussi, le modèle mutualisé a ses défenseurs. En France, Nokia soutient son client Dolphin Telecom, qui veut conquérir les sociétés d’ambulance, les exploitants d’autoroutes et les systèmes pour grandes flottes. Mais son réseau, concentré sur les grands axes routiers du Nord, demeure insuffisant, et l’argent manque pour l’étendre. Pour sa part, EADS discute avec des industriels pour concéder des licences de fabrication, notamment de terminaux, afin de lever le reproche qui lui est fait d’être le seul fournisseur d’équipements Tetrapol. Reste à faire évoluer les positions de l’ART, qui, selon les spécialistes du marché de la PMR, freine le développement des petits réseaux d’entreprise.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Pélaprat