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Culture : le nouveau défi numérique de Fleur Pellerin

Fleur Pellerin va devoir traiter plusieurs dossiers numériques brûlants comme la réforme de l’audiovisuel et la lutte contre le piratage. Réussira-t-elle là ou Aurélie Filippetti a échoué ?

Vous pensiez Fleur Pellerin ardente adversaire de la Hadopi et fervent défenseur de la neutralité du net ? Pas si simple. Mais plus que sur le fond, c’est sur la forme qu’elle devrait faire la différence avec Aurélie Filippetti concernant les chantiers numériques.

Netflix et Google : le dialogue au lieu de la diabolisation

Aurélie Filippetti a menacé Netflix de sanctions s’il n’installait pas son siège en France pour lancer son service dans notre pays. Fleur Pellerin, elle, a tenté de négocier en douceur lorsqu’elle a rencontré Reed Hastings au mois de janvier dernier lors du CES. Les deux femmes ont échoué dans leur démarche puisque l’Américain est resté inflexible et diffusera bien son service depuis les Pays-Bas. Mais il y a là une différence majeure de position et de méthode.

Fleur Pellerin a toujours déclaré que Netflix serait le « bienvenu » en France. De même, elle avait déploré l’intervention d’Arnaud Montebourg empêchant l’arrivée de Yahoo au capital de Dailymotion. Un autre événement s’avère particulièrement révélateur. Aurélie Filippetti avait annulé avec fracas et sur un coup de tête de dernière minute sa venue à l’inauguration de l’Institut Culturel de Google à Paris au mois de décembre dernier. Et qui avait été dépêchée en catastrophe pour la remplacer et rencontrer les représentants de Google ? Fleur Pellerin !

Pourtant, c’est bien Pellerin la première qui avait fustigé le quatuor Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) accusé de se soustraire à la fiscalité française. Mais moins dogmatique et plus pragmatique que son prédécesseur, la nouvelle ministre de la Culture est ouverte au dialogue avec les leaders américains du numérique sans prendre la pose.

Pour continuer à sanctionner le piratage? sans la Hadopi ?

Lors d’un déplacement à Stockholm au mois de mai 2013, la ministre déléguée à l’Economie numérique sous le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait minimisé la portée du téléchargement illégal, « pas très liberticide », selon elle. Favorable au rapport Lescure, elle s’était prononcée pour un dispositif alternant pédagogie et sanctions contre le piratage. Elle se retrouve donc sur ce point tout à fait en accord avec Aurélie Filippetti dont le seul fait d’armes reste d’avoir abrogé la coupure internet. Mais cette dernière n’a finalement pas fait disparaître la Hadopi comme elle le promettait pendant la campagne électorale de François Hollande.

Fleur Pellerin, elle, militait carrément pour sa dissolution, la jugeant même déjà « plus ou moins actée ». Aura-t-elle le courage politique de le faire ? Pas sûr. Autre interrogation : Aura-t-elle le soutien des professionnels de la culture ? Encore moins sûr.

Enfin une réforme de l’audiovisuel ?

Aurélie Filippetti devait présenter dès 2012 un projet de loi Création accordant de larges pouvoirs au CSA et réformant le mode de nomination des PDG de l’audiovisuel. Des mesures ont ensuite été évoquées cette année pour soutenir les acteurs français de la SVoD et assouplir la chronologie des médias. Mais rien de tout cela n’a finalement abouti.

Fleur Pellerin hérite donc de ce dossier brûlant. Elle a, en tous cas, approuvé l’idée d’un approchement entre le CSA et l’Arcep lors d’une audition devant le Sénat au mois de décembre 2012.

Concernant la chronologie des médias, elle avait appelé dans les colonnes des Echos à un assouplissement de la réglementation qui puisse « permettre le développement d’une offre légale attractive sur Internet ». Deux points encore en accord avec Filippetti donc.

Mais sa position sur le contrôle des contenus web semble, en revanche, extrêmement floue, à la fois opposée « à la surveillance généralisée et au filtrage », mais soutenant dans le même temps la nécessité d’un contrôle des contenus web. Une seule chose est sûre, Fleur Pellerin ne pourra pas reculer davantage la présentation d’un texte pour réformer l’audiovisuel.

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Amélie Charnay