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Stella Baruk : ‘ Se creuser la tête en se faisant plaisir ! ‘

Professeur de mathématiques et auteur de nombreux ouvrages, comme le Dictionnaire de mathématiques élémentaires et l’Age du capitaine, Stella Baruk consacre une grande partie de son temps à la recherche en
pédagogie sur l’enseignement des mathématiques.

Le Net présente-t-il un intérêt nouveau pour apprendre les mathématiques ?Pour la géométrie, l’apport de l’informatique est évident. C’est un moyen privilégié de voir, par exemple, quelles sont les propriétés invariantes d’une figure lorsque tel ou tel point change, d’observer le tracé d’une courbe ou
le déplacement de points dans l’espace. C’est non seulement visuel mais aussi rapide, et donc d’une certaine manière plaisant. Aujourd’hui, on constate d’ailleurs un certain retour en grâce de la géométrie, tombée en désuétude au moment de la
réforme des mathématiques modernes. Il n’est pas impossible à cet égard que les outils informatiques y soient pour quelque chose.Pour autant, est-ce que c’est instructif parce que plaisant, voire ludique ?C’est toute la question. Un élève fasciné et émerveillé par ce qu’il voit n’a pas forcément envie d’aller plus loin et de saisir papier et crayon pour se pencher sur les problèmes posés. Il ne suffit pas de voir pour savoir. Le
danger est de rester intellectuellement passif face à l’écran. Donc, tout l’enjeu n’est pas tant de présenter les choses de façon plaisante mais surtout de les rendre intéressantes et incitatives pour conduire les enfants à vouloir retrouver et
démontrer par eux-mêmes ce qu’ils voient. Que le jeu en somme soit plus un défi à relever qu’un simple divertissement. Faire des mathématiques, c’est s’amuser à se prendre la tête, avec plaisir, en sachant que, au-delà de l’effort, il y a la
gratification du sens.Les jeux qui permettent de mesurer les performances (les bouliers virtuels, les tournois de calcul en ligne, etc.) présentent-ils un intérêt ?Il y a des enfants qui aiment résoudre toutes sortes de tests de performances ­ calcul mental, procédés mnémotechniques, etc. ­ et que ça intéresse. Il y en a d’autres qui, fuyant les chiffres, ne vont même pas regarder. Et
entre les deux, il y a ceux que ça amuse un moment. Je ne suis pas sûre en revanche que cela apporte du savoir ; de l’entraînement, oui. L’intérêt serait de faire en sorte que ceux qui n’aiment pas les chiffres se réconcilient avec eux, mais pour
cela je crois que l’ordinateur ne suffit pas, il faut une médiation humaine.Comment concilier mathématiques amusantes et programmes scolaires ?En exploitant au mieux l’interactivité et le côté visuel fascinant pour rendre les mathématiques attractives et susciter un intérêt, en évitant la passivité. On est en tout cas surpris de la quantité de sites qui prennent pour
objet les mathématiques et de la passion qu’y mettent leurs créateurs, lesquels sont souvent des professeurs qui font sur le Net ce qu’ils ne peuvent pas faire en classe.

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Karyn Poupée