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Pendant la grève, Internet continue

Alors que de nombreux lycées et universités étaient bloqués par le mouvement anti-CPE, Internet a permis de poursuivre le dialogue entre professeurs et étudiants et, surtout, de continuer à travailler… sans briser la grève.

Paralysée depuis le mois de janvier, l’université de Jussieu à Paris fait partie des plus mobilisées contre le CPE. Mais ce blocage total n’a pas empêché les étudiants de rester en contact entre eux et avec leurs enseignants, grâce à Internet. ‘ Dans notre discipline, nous avons bien évidemment l’habitude de travailler avec le Web, note Emmanuel, maître de conférences en informatique, mais en cette période de blocage, les échanges sont bien plus nombreux. ‘

Des forums d’information

Les différents forums ont d’abord permis à chacun de suivre l’évolution du mouvement. ‘ A Paris VI, nous disposons d’un forum réservé aux étudiants de mastère sur lequel nous nous échangeons les informations que nous avons collectées chacun de notre côté ‘, explique Benjamin. ‘ C’est très pratique pour savoir si les cours sont supprimés, poursuit Philippe, qui suit le même cursus, cela évite de se rendre à la fac tous les jours pour lire les annonces. ‘ Et les informations publiées sur Internet sont parfois capitales : ‘ Récemment, un examen a été déplacé dans d’autres locaux. Il valait mieux être au courant sous peine de le manquer ‘, raconte Philippe.Le courrier électronique s’est révélé très utile également pour communiquer. ‘ Depuis le début du blocage, j’utilise le courriel pour correspondre avec mes enseignants, ce que je ne faisais jamais auparavant, raconte Alexie, en première année de physique à Paris VII. Je me suis rendu compte de sa grande utilité. A l’avenir, je l’utiliserai avec moins de scrupules. ‘Au-delà du simple échange par courriel, certains professeurs ont pris le parti de proposer leurs cours sur les forums ou sur les sites de leur laboratoire de recherche. C’est le cas d’Emmanuel, qui en a déjà mis plusieurs en ligne. ‘ C’est quelque chose d’habituel, nous mettons systématiquement nos cours en ligne. La nouveauté c’est que, cette fois, il s’agit des cours qui n’ont pas encore eu lieu ! Mais attention, notre but n’est pas de briser la grève en faisant nos cours via Internet, précise-t-il. Tous les cours que je propose sur le Web seront présentés aux étudiants lors de la reprise. Cela permettra seulement d’aller beaucoup plus vite et de gagner une à deux semaines sur le planning pour rattraper le temps perdu. ‘D’autres professeurs encouragent d’ailleurs leurs étudiants à prendre de l’avance et à entretenir leurs connaissances. ‘ En gardant le contact, ils peuvent préparer des exercices, explique Raphaëlle, chargée de cours d’informatique à l’Université Paris VII. Avant le mouvement, j’avais donné un devoir. Ceux qui le souhaitent pourront me l’adresser via Internet. ‘ Mais il n’y a pas que la filière informatique qui s’organise. A Montpellier, par exemple, Pauline, étudiante en troisième année de lettres modernes à l’université Paul-Valéry, a créé un forum compilant les cours de tous les professeurs souhaitant participer. ‘ Quand le blocage a commencé, j’ai retravaillé chacun de mes cours, mais, au bout d’un moment, je tournais en rond ‘, explique cette étudiante opposée au CPE, mais également au blocage. J’ai donc commencé à contacter mes professeurs et mes camarades pour essayer d’avancer, et nous avons commencé à collecter des cours. ‘Mais pas question là non plus de faire une brèche dans la grève. ‘ Au début, j’ai bien reçu des e-mails m’accusant de casser le mouvement, mais tout est rentré dans l’ordre lorsque j’ai précisé que les cours présentés sur le site étaient ceux que nous aurions dû avoir et que nous n’aurons pas finalement, faute de temps. De plus, ils seront de toute façon distribués sous la forme de polycopiés. ‘Petit à petit, grâce au bouche à oreille et aux affichettes à l’université, le site Paulvalery. net a pris de l’ampleur. Lancé le 15 mars, il compte à présent plus de 700 membres, sur un total de 22 000 étudiants, et une trentaine de professeurs participent activement aux échanges. Maria, maître de conférences à l’université, fait partie des intervenantes régulières : ‘ Je m’y rends deux ou trois fois par jour pour passer en revue les dernières informations, et j’essaie de donner des nouvelles dans mes groupes au moins une fois par semaine. Ce forum permet à de nombreux étudiants de rester en contact avec leurs enseignants et d’obtenir des consignes de travail pendant la période de grève. ‘

Un outil de secours uniquement

Stéphanie, étudiante en deuxième année de licence de psychologie, se félicite de ne pas avoir perdu pied : ‘ Grâce à ce forum, j’ai pu rattraper de nombreux cours. C’est rassurant de savoir que, malgré la grève, on peut toujours tenter de boucler son programme. ‘ Et Mariette, qui suit sa première année de lettres modernes, de renchérir : ‘ Les professeurs nous indiquent des pistes de lecture, des recherches pour continuer le cours. ‘Mais si ces initiatives permettent de rester dans la course pour passer les examens, tous jugent que cela ne saurait remplacer les vrais cours. ‘ Internet m’aide à travailler, mais c’est un outil de secours ‘, juge Adrien, en mastère d’informatique à Paris VI. ‘ Rien ne vaut l’enseignement en direct ‘, confirme Mariette. Emmanuel est du même avis : ‘ Les élèves ont besoin d’une interaction, dun échange direct, entre eux et avec les enseignants. Sinon, il y a bien longtemps que nous ferions nos cours depuis Copacabana ! ‘

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Didier Forray