Passer au contenu

L’informatique en mémoire

Le contraste est assuré : au c?”ur du quartier d’affaires de la défense, les ancêtres de nos ordinateurs racontent comment tout a commencé. Un vrai retour vers le futur !

Au sommet de la Grande Arche de la Défense, le musée de l’Informatique* retrace l’histoire des machines les plus marquantes commercialisées depuis 1950. Depuis la mémoire à tores de ferrite jusqu’à la salle informatique des années 1960, le site présente des dizaines d’ordinateurs et de pièces détachées. Certaines pièces ont été léguées par des collectionneurs ou des entreprises, d’autres appartiennent à Philippe Nieuwbourg, instigateur et directeur de ce premier musée européen de l’informatique. Ce qui séduit dans le parcours proposé, c’est que la plupart d’entre nous ont connu, voire utilisé certaines des machines exposées.Commodore PET, ZX81, Macintosh, Amstrad CPC 6128, Atari ST ou Amiga 500… des ordinateurs qui appartiennent aujourd’hui à l’histoire et sont exposés ici comme autant d’?”uvres d’art. Mais le musée se veut aussi interactif. La grande majorité des machines sont à portée de main.Et même si elles ne sont pas branchées, vous ne résisterez pas à l’envie de soulever les douze kilos du premier ordinateur portable, manipuler le clapet d’un lecteur de disquette 5,25 pouces ou saisir le stylo optique du célèbre Thomson TO7. Rien de tel pour se rafraîchir la mémoire… et regretter d’avoir jeté son vieil ordinateur Alice, son Oric Atmos ou son Ti-99/4A !Seul regret, le musée ne présente aucune console de jeu. Un manque qui, selon Philippe Nieuwbourg, devrait être comblé dans les tout prochains mois.

Les premiers disques durs

En 1956, IBM présentait le premier ordinateur à disque dur, le Ramac 305. Composé de 50 disques de 61 cm de diamètre, il offrait une capacité de stockage de 5 mégaoctets. En photo, ce disque, lancé quelques années plus tard, offre le même espace de mémoire pour un encombrement nettement plus limité. En 1980, Seagate crée le premier disque dur au format 5,25 pouces, le ST-506. Sa capacité était là aussi de 5 Mo.

Cube de mémoire

Utilisées jusqu’à l’apparition des mémoires à semiconducteurs à la fin des années 1960, les mémoires magnétiques dites ‘ à tores de ferrite ‘ étaient façonnées en partie à la main. De minuscules anneaux de ferrite étaient traversés par deux fils conducteurs tissés sur une surface plane. En faisant passer un courant électrique sur l’un des axes, on aimantait le tore dans cette direction tandis qu’un troisième fil traduisait sa position en bit d’information, 0 ou 1. Le cube de mémoire présenté ici pouvait stocker 768 octets.

Les pionniers français

En 1973, François Gernelle crée avec André Truong pour le compte de l’Inra le Micral-N, premier ordinateur équipé d’un microprocesseur, un 8008 d’Intel cadencé à 500 kHz (le premier microprocesseur de l’histoire, l’Intel 4004, date de 1971). Le Micral-N ne possède ni clavier ni écran.Les instructions sont communiquées à l’aide de commutateurs à deux positions et le résultat s’affiche sous forme de lumières rouges sur le panneau de commande. L’ordinateur valait à l’époque 8 500 francs, soit l’équivalent de 5 650 euros aujourd’hui.

La naissance du PC

Le 12 août 1981, IBM lance le Personal Computer (IBM 5150). Cette machine qui va révolutionner l’informatique intègre un microprocesseur 8 bits Intel 8088 cadencé à 4,77 MHz et 16 Ko de mémoire vive. L’IBM PC fonctionne à l’aide du système d’exploitation DOS développé par Microsoft. Surtout, il dispose d’un écran et d’un clavier, ce qui le rend utilisable sans connaissance préalable de l’informatique. L’unité centrale et le clavier étaient commercialisés à 1 565 dollars. L’écran, bien qu’indispensable, et les deux lecteurs de disquettes 5,25 pouces étaient en option.

L’avènement du portable

Le Osborne 1, créé en avril 1981, est considéré comme le premier ordinateur portable. Pesant environ 12 kg et plutôt encombrant, l’ordinateur d’Adam Osborne intègre un processeur Zilog Z80 épaulé par 64 Ko de mémoire vive. Il possède en outre un écran de 12,7 cm, deux lecteurs de disquettes 5,25 pouces et fonctionne à l’aide du système d’exploitation CP/M de Digital Research Inc. Vendu moins de 1 800 dollars avec le traitement de texte Wordstar et le tableur Supercalc, l’ordinateur connut un énorme succès. Mais en 1983, Adam Osborne commet ce qui est toujours considéré comme l’une des plus grosses erreurs marketing de tous les temps, en annonçant trop tôt le lancement du successeur du Osborne 1. Les ventes s’effondrent et la compagnie dépose le bilan en 1983.

La micro-informatique à la française

Présenté au Sicob (Salon de l’informatique, de la communication et de l’organisation du bureau) au Cnit en septembre 1982, le Thomson TO7 (pour Télé Ordinateur 7) est sans conteste le plus célèbre ordinateur personnel français. Intégrant un processeur Motorola cadencé à 1 MHz et 24 Ko de mémoire vive, le TO7 disposait en outre d’un lecteur de cartouches et d’un stylo optique, ancêtre de la souris. L’ordinateur, tout comme ses successeurs, les TO 7-70 et MO5, équipera de très nombreux collèges et lycées français.

Le déclencheur de vocations

C’est l’un des ordinateurs les plus connus au monde. Et pour cause, commercialisé par la société anglaise Sinclair Research en 1981, le ZX81 ne coûtait que 500 francs. Doté d’un processeur Zilog Z80A cadencé à 3,25 MHz, il intégrait une mémoire vive de 1 Ko. Dénué de tout logiciel à son lancement, il pouvait néanmoins être programmé en Basic, une fois que l’on avait assimilé les leçons et exemples figurant dans le mode d’emploi. Les applications s’avéraient très simples, mais ceux qui les ont expérimentées pouvaient les présenter crânement en déclarant à leurs amis médusés : c’est moi qui l’ai fait !

Le micro culte !

Premier ordinateur Apple à être fabriqué en série par Steve Jobs et Steve Wozniak, l’Apple II voit le jour en 1977. Il intègre un processeur Mos Technology 6502 cadencé à 1 MHz et seulement 4 Ko de mémoire vive dans sa version de base. L’un des atouts de cet ordinateur réside dans sa capacité à afficher des graphismes en couleur. Il dispose en outre d’un lecteur de cassettes, remplacé dans les versions suivantes par un lecteur de disquettes.

War games

Le Cray X-MP, de Cray Research, fut l’ordinateur le plus rapide au monde de 1983 à 1985. Composé de quatre unités centrales, il a atteint aux derniers stades de son développement une vitesse de 920 mégaflops (millions d’opérations en virgule flottante par seconde). Ce supercalculateur était employé dans l’industrie militaire, dans le nucléaire et dans l’industrie cinématographique pour le calcul des images animées. Pour information, le PC sur lequel a été rédigé cet article délivre une puissance dix fois supérieure (mu par un Pentium 4 à 3 GHz).

En attendant le Mac…

Le 19 janvier 1983, Apple lance Lisa. Il s’agit du premier ordinateur personnel doté d’une interface graphique (GUI) mais également d’une souris. Lisa intègre un processeur Motorola 68000 cadencé à 5 MHz et épaulé par 1 Mo de mémoire vive. La première version dispose de deux lecteurs 5,25 pouces de 871 Ko et d’un écran 12 pouces monochrome. Lisa II, présenté ici, intègre un seul lecteur 3,5 pouces. Malgré toutes ses qualités, Lisa fut un échec commercial, notamment à cause de son prix trop élevé, 10 000 dollars, mais aussi du lancement un an plus tard d’un certain Macintosh, quatre fois moins coûteux.(*) Tous les jours, 10-19 h, entrée libre une fois acquitté le droit d’accès au toit de la Grande Arche (9 euros), (9 euros),
www.museeinformatique.fr

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Fontaine