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Le processeur pour portable dévoile sa différence

Il joue le même rôle que celui d’un PC de bureau, tout en se vantant d’augmenter d’un tiers environ l’autonomie des batteries. Comment le processeur pour micro portable réussit-il ce tour de force ? Explication.

En quoi êtes-vous différent d’un processeur pour PC de bureau ?Permettez, avant d’aborder nos différences, que nous parlions de ce qui nous rassemble. Nous avons le même rôle, nous sommes l’un et l’autre l’élément central, le c?”ur du micro-ordinateur.Alors, quelles différences persistent entre vous ?Il faut savoir que j’ai plus de tâches à accomplir que lui, car si je fais le même travail, on me demande aussi de faire des économies d’énergie pour ne pas vider trop vite les batteries du portable. Je ne dois pas trop chauffer non
plus. En effet, il n’est pas envisageable d’équiper un portable des mêmes ventilateurs qu’un PC de bureau. Nos différences tiennent donc à ce triple rôle qui m’échoit.Des différences intégrées dès votre conception ?Oui, et c’est même le postulat de base de mes concepteurs. Quel est le meilleur moyen de faire des économies ? C’est de ne pas aller à fond tout le temps, et de solliciter les batteries le moins possible.Ah oui, la fréquence ! C’est le plus important pour un processeur, non ?Oui et non. Bien sûr, aujourd’hui un processeur n’est généralement plus caractérisé que par sa fréquence. Et dans ce domaine, nous atteignons des sommets remarquables, puisque certains d’entre nous en sont déjà à 2 GHz. C’est presque
autant que pour les processeurs pour PC de bureau. Mais quand ils s’aperçoivent qu’il n’y a pas besoin d’autant de puissance, les meilleurs d’entre nous sont capables de descendre à 300 MHz, ce qui se révèle souvent largement suffisant. Pour faire
tourner un lecteur de disquettes ou un écran de veille, il n’y a pas besoin de plus. Ces systèmes de régulation de ma puissance s’appellent PowerNow! chez AMD, et Speedstep chez Intel, mes deux principaux fabricants. Ces deux-là sont des systèmes
“rajoutés” sur les technologies de base qui font de moi un processeur. Mais j’ai d’autres atouts dans ma manche.Plus importants encore ?Je crois que oui. Car Speedstep et PowerNow! réagissent par rapport à ce qui se passe “à l’écran”, si je puis dire, alors que les autres astuces dont je suis doté agissent avant, au niveau même de
la carte mère et des circuits électriques.Bon alors, de quoi s’agit-il ?J’y viens. Il y a tout d’abord le Clock Trottling, une technologie qui sert essentiellement à me faire consommer moins d’énergie.C’est tout de même embêtant… C’est un peu comme si on empêchait une voiture de rouler à plus de 120 km/h parce qu’elle est allée plus vite avant !Oui, mais si votre moteur chauffe trop, vous seriez bien content qu’on vous évite de casser un joint de culasse ! Pour moi, c’est pareil. La fréquence, le voltage, c’est bien, mais on oublie souvent un paramètre essentiel : la
température de fonctionnement. Et je vous jure que là réside le vrai danger.Un danger pour qui ? Pour vous, pour le portable ou pour l’utilisateur ?Mais pour tout le monde ! Un processeur produit énormément de chaleur, proportionnellement à sa puissance. Aujourd’hui, un processeur de bureau développe 70 watts et peut chauffer jusqu’à 90?’. Cela n’est pas trop grave dans la
mesure où on lui colle un ventilateur dessus et que le boîtier est grand et bien refroidi. Mais dans un micro portable, on ne peut pas mettre de ventilateur sur le processeur, et il est très difficile d’évacuer la chaleur. Il faut donc veiller à ne
pas trop en créer.Mais comment produisez-vous cette chaleur ?En plus de la fréquence, un processeur se caractérise aussi par sa puissance électrique. Elle est calculée en multipliant le courant de la batterie par la tension d’alimentation, (qui est l’énergie fournie au processeur par la carte
mère). Cette puissance (exprimée en watt) a tendance à se dégrader, et ses pertes se transforment en chaleur (c’est l’effet Joule), d’où mes bouffées de chaleur !Et le danger dont nous parlions ?Il est aussi évident qu’avec une voiture ! Si je chauffe trop et si la chaleur n’arrive pas à s’évacuer, je risque de griller mes circuits ou ceux de la carte mère, de faire fondre des composants ; bref, d’endommager irrémédiablement
le portable. Mais ce n’est pas tout. Poseriez-vous une casserole d’eau quasi bouillante sur vos genoux ? Non, bien sûr. D’après les normes, il ne faut pas que la température du boîtier excède 50 ou 60 degrés ! Ce qui n’est déjà pas du tout facile à
réaliser. C’est à cela aussi que servent mes chutes de tension.Alors, quand on met un processeur pour PC de bureau dans un portable, on court un danger ?Ce n’est pas moi qui vous dirai le contraire, même lorsque de nombreuses précautions sont prises. Il est pourtant vrai, comme je l’ai dit au début de notre entretien, que certains constructeurs le font. Mais dans ce cas, ils
renforcent la coque de leur boîtier, créent de nouvelles sorties pour l’air chaud, ventilent au mieux leur boîtier, et sont obligés d’équiper leurs portables d’une batterie plus puissante. Sinon lautonomie sera très médiocre…, ce qui reste
souvent le cas !

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Emmanuel Genty