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Google voit-il trop grand ?

Avec Google Earth, le moteur de recherche américain étend encore le champ de ses fonctions. Au point que l’irrésistible ascension de ce géant du Web commence à inquiéter.

Où s’arrêtera donc Google ? Le moteur de recherche le plus célèbre du Web vient de mettre en ligne une version bêta et gratuite d’un nouveau service baptisé Google Earth. Travaillant à partir d’images satellite, ce logiciel de
cartographie (qui est téléchargeable sur le site
http://earth.google.com) permet de survoler la planète et, surtout, de zoomer sur n’importe quelle zone du globe. En quelques clics, on passe ainsi d’une vue générale de la France, par exemple, à
une représentation détaillée d’une région, d’une ville et même d’un quartier (les images étant téléchargées en temps réel, au fur et à mesure) ! Et pour peu que la zone ait été photographiée avec assez de précision (ce qui n’est le cas que pour
quelques régions françaises, pour le moment), on distingue les rues, les arbres, les immeubles, les maisons et même les voitures ! Le résultat est tout simplement époustouflant…

Une présence renforcée sur la Toile

Après les webmails (Gmail), les blogs (Blogger), l’actualité en ligne (Google News), la bibliothèque virtuelle et universelle (Google Print) et l’indexation de vidéos (Google Video), le lancement de ce nouveau service renforce encore
la présence sur la Toile du plus populaire des moteurs de recherche.Google traite actuellement près de la moitié des recherches effectuées par les internautes du monde entier : loin, très loin devant ses concurrents directs, Yahoo et MSN Search. Une position hégémonique qui fait de cette ancienne
start-up un géant des médias. Au point que certains commencent même à se demander si Google n’est pas un peu trop puissant.Parmi eux, on trouve pêle-mêle, ceux qui, comme Jacques Chirac, redoutent une uniformisation de la culture mondiale ; mais aussi des auteurs, producteurs et diffuseurs de contenus multimédias, pas toujours ravis de s’apercevoir
que le moteur de recherche utilise leurs productions pour vendre ses espaces publicitaires ; et encore de simples citoyens qui craignent de voir Google devenir la seule porte d’entrée sur le réseau mondial et se transformer en une sorte de Big
Brother numérique.

Les concurrents de Google répliquent

Les pamphlets commencent à fleurir. L’un d’eux, un petit film d’anticipation réalisé par deux étudiants californiens, raconte comment, en 2014, le moteur de recherche, transformé en conglomérat omnipotent, contrôle le monde de
l’information (www.robinsloan.com/epic). Face aux critiques, Google commence à reculer : il a ainsi suspendu pendant trois mois la numérisation d’ouvrages alimentant sa bibliothèque virtuelle
devant les protestations des éditeurs et des auteurs américains qui estiment que le moteur de recherche attente à la propriété intellectuelle.La réponse à ces inquiétudes pourrait venir des concurrents directs de Google. Bien décidés à ne pas se laisser étouffer, MSN et Yahoo ont répliqué. Le premier en ouvrant deux services équivalents à ceux de Google : MSN Virtual
Earth (www.vitualearth.msn.com), pour la cartographie par satellite, et MSN Adcenter, pour la production de liens sponsorisés (ces liens publicitaires intégrés aux pages de résultats). Le second en
jouant la carte de l’innovation, avec le lancement d’un moteur de recherche spécialisé dans les fichiers audio (Yahoo Audio Search) et l’intégration dans ses pages Actualités des vidéos issues de deux grandes chaînes américaines, CNN et ABC. Mais un
coup encore plus dur vient de frapper Google : début août, Yahoo a annoncé qu’il indexait plus de 20 milliards de pages Web. Soit deux fois plus que Google ! Comme si, en se diversifiant, Google avait oublié qu’il restait avant
tout… un moteur de recherche !

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Benjamin Peyrel