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Des navettes spéciales

Avec ses navettes sans conducteur roulant jusqu’à 80 km/h et ses quais protégés par des façades en verre, la ligne 14 du métro parisien est une référence en matière d’automatisation et de sécurité.

Ambiance feutrée au poste de commande de la ligne 14 du métro parisien, la seule ligne automatique de la RATP. Sur le tableau de contrôle optique qui occupe tout un mur de la salle, on peut voir un schéma géant et interactif où figurent, stylisées, les stations, les rames et la ligne. Juste au-dessus, des moniteurs vidéo rendent compte en images de son fonctionnement.Derrière leurs consoles, quatre superviseurs semblent suffire à faire fonctionner ce métro pas comme les autres.‘ Il n’en est rien, s’exclame Philippe Le Morvan, responsable transport sur la ligne 14. Nous avons autant de personnel sur le terrain que les lignes comparables en termes de nombre et de type de stations (desservant gares, lieux publics, etc.) et de kilomètres parcourus. 250 personnes se relaient pour intervenir en cas d’incident, informer et conseiller les voyageurs, s’assurer que les équipements sont en bon état, vendre des titres de transport. Les seuls personnels que nous n’avons pas, ce sont les conducteurs ! ‘ Les rames, qu’on appelle ici des navettes, sont en effet gérées par un système d’automatisation à l’exploitation des trains reposant sur l’informatique, et toute la circulation est réglée à partir du poste de commande centralisée (PCC).

C’est le superviseur qui a le dernier mot

Jour ouvré, jour férié, vacances scolaires : en fonction du calendrier, le système informatique propose un programme d’exploitation au superviseur, qui le valide ou pas. Il peut aussi le modifier et définir, en fonction de l’affluence, le nombre de navettes qui vont desservir la ligne. S’il constate, par exemple, une trop grande affluence sur les quais, il peut d’un clic mettre une navette supplémentaire en service. Le système s’adapte automatiquement, rectifiant les écarts entre les véhicules. Aux heures creuses, six navettes circulent. Elles sont 14 aux heures pleines, pouvant atteindre 80 km/h, une vitesse bien plus élevée que celle des rames classiques.Tous les déplacements sont visibles sur le grand tableau de contrôle. Ce tableau présente aussi une vue synthétique de l’état d’alimentation en courant électrique, les stations et la position des navettes. De leurs consoles, composées de plusieurs moniteurs et ordinateurs, les superviseurs peuvent gérer à la fois les navettes, l’énergie, la régulation de la circulation et les ‘ missions ‘ qui remplacent les ordres donnés par le conducteur (aller de telle station à telle autre avec des voyageurs, rapatrier du matériel, etc.). Les superviseurs s’occupent aussi des équipements en station (ascenseurs, escalators, etc.) et de l’information aux voyageurs, que celle-ci soit affichée sur les moniteurs des stations ou sonore. Les responsables du PCC peuvent intervenir à tout moment. Le moindre incident, par exemple une porte bloquée par les bagages d’un voyageur, est signalé dans une fenêtre spécifique avec une alarme sonore. L’opérateur clique sur la zone d’alarme, ce qui affiche automatiquement à l’écran les données qui vont permettre de remédier à la situation, par exemple par une annonce orale.La ligne 14 est divisée en cinq zones, un calculateur gérant le trafic dans chacune. Les navettes et les équipements au sol dialoguent en permanence par ondes radio grâce à un équipement embarqué dans une des voitures d’extrémité. Au moment où la navette passe d’une zone à l’autre, elle traverse un sas où elle est prise en charge par le calculateur suivant.Chaque calculateur est équipé d’une unité active et d’une unité passive à l’‘ écoute ‘, capable de prendre la main en cas de défaillance.

Un système qui roule

La ligne 14 connaît peu d’incidents et présente un excellent indice de régularité (99,8 %). ‘ Dans le domaine de l’automatisme, c’est la référence ! ‘ souligne Philippe Le Morvan. Ces bons résultats sont autant dus au système informatique performant qu’à la quasi-absence d’incidents voyageurs. Impossible de s’offrir une balade sur les rails, par exemple : les façades de quai, qui ne s’ouvrent que lorsque la navette est en station, sont en permanence contrôlées.Cette ligne est aussi la seule qui soit à la fois automatisée et dotée d’un métro ‘ lourd ‘, c’est-à-dire avec six voitures, comme toutes les lignes parisiennes. Les autres villes possédant des métros automatisés ­ Rennes, Lille et Toulouse ­ sont équipées de véhicules légers à deux voitures, les VAL, qui ne seraient pas adaptées au trafic de la capitale. Ce sont en effet 240 000 voyageurs que transporte par jour la ligne 14.Pour l’instant, aucune autre ouverture de ligne de métro automatique n’est prévue à Paris, mais, à la fin de l’année, la ligne 14 sera prolongée jusqu’à la gare Saint-Lazare. Une station déjà représentée dans le système automatique dexploitationwww.ratp.fr

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Nathalie Bloch-Sitbon