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Danse avec les puces

Les danseurs de Franck II Louise sont comme branchés à des haut-parleurs : ce sont leurs mouvements qui créent la musique du spectacle. Une interactivité qui doit beaucoup au Wi-Fi.

Pour son nouveau spectacle, intitulé Konnecting Souls*, le chorégraphe Franck II Louise a transformé ses danseurs en musiciens : chacun de leurs mouvements produit une note. Lorsqu’un danseur se gratte, sa main génère des bruitages inquiétants, mais parfaitement synchrones. Quand il lève un bras, il déclenche un sample ultrarythmé. S’il plie le coude, il module une cascade de notes… La bande-son du spectacle obéit ainsi aux moindres inflexions des trois danseurs, au point que la musique semble jaillir de leurs corps. Le secret ? Des capteurs, dissimulés un peu partout. Sur les danseurs, bien sûr : accéléromètres, capteurs de flexion ou de pression et autres interrupteurs ont été cousus dans les costumes. Mais également sur la scène, jonchée de capteurs sensibles à la pression.‘ Au début du spectacle, on utilise essentiellement les accéléromètres. Ils commandent le déclenchement de samples, puis modulent la vitesse de lecture, explique Fabrice Moinet, le concepteur technique de l’installation. Plus tard, ce sont les capteurs de pression qui prennent le relais. Ils déclenchent des notes dont la hauteur est réglée à l’avance. A d’autres moments, ces capteurs de pression déclenchent des percussions ou des bruitages. ‘ Quant aux capteurs de flexion, placés aux coudes, ils servent à ‘ modifier la hauteur de la note. Ou à changer le point d’entrée dans le sample ‘.

Un duo de Macintosh

Techniquement, les informations des capteurs sont transmises par un boîtier Wi-Fi fixé dans le dos des danseurs à un routeur situé en bord de scène.Elles sont ensuite acheminées via un câble Ethernet à l’ordinateur central, placé au fond de la salle, qui transforme les données en musique. Ou plutôt, les ordinateurs centraux, puisque le système est composé de deux Macintosh : un iBook G4 reçoit les données des capteurs, les analyse et commande le déclenchement des sons par un second Mac, un G4 à quatre c?”urs. Sur les deux est installé Max/MSP, un logiciel professionnel de spectacle multimédia polyvalent. Au total, la mise au point technique et informatique a demandé près d’un an de travail à Fabrice Moinet.Et sur le plan artistique, les danseurs ont-ils plus de liberté qu’un danseur traditionnel ? Le plus souvent, non. Ils déclenchent au bon moment des sons choisis à l’avance par le chorégraphe.

Ils jouent sur les percussions

Parfois, cependant, le système leur laisse un choix. ‘ Sur chaque index, j’ai fixé un interrupteur, raconte Fabrice Moinet. Quand un danseur presse ce bouton, il change d’ensemble de percussions. ‘ Une intense est donc requise : difficile d’enchaîner ces man?”uvres tout en dansant une chorégraphie hip-hop explosive !Le travail de Franck II Louise est aujourd’hui remarqué. Si des dizaines de chorégraphes ont tenté de connecter danse et musique, peu ont été aussi loin. Les expérimentations de Franck II Louise ont d’ailleurs intéressé le MIT, la plus illustre université denseignement technologique au monde. Invité à présenter son travail en octobre 2006, Franck II Louise pourrait bientôt y retourner, pour travailler de façon approfondie sur des technologies plus complexes encore. Ce serait alors une consécration.* En tournée en France de février à juin 2007. Détails sur
www.fnacspectacles.com
et
www.f2louise.com

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Nicolas Six