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Ceci (non plus) n’est pas une pipe !

Vous connaissez sans doute le célèbre tableau du peintre surréaliste René Magritte représentant une pipe semblable à celle de la photo ci-contre, accompagnée de la phrase…

Vous connaissez sans doute le célèbre tableau du peintre surréaliste René Magritte représentant une pipe semblable à celle de la photo ci-contre, accompagnée de la phrase : ‘ Ceci n’est pas une
pipe. ‘ Ceci n’est pas une pipe, expliquait Magritte, car on ne peut pas la fumer !Sous la plaisanterie, c’est l’essence même de la peinture que le peintre mettait en évidence – et au-delà, le statut de toute image, fixe ou animée : aussi réaliste qu’elle soit, elle n’est pas la
réalité ; elle n’ en est qu’une représentation. C’est-à-dire une interprétation, largement dépendante d’un grand nombre de paramètres, à commencer par la personnalité de celui qui l’exécute.Énonçant cela, on donne peut-être l’impression d’enfoncer une porte ouverte ; je pense, au contraire, qu’une reproduction du tableau de Magritte devrait être accrochée au-dessus de chaque poste de télévision,
histoire de rappeler à chacun qu’on ne nous montre que ce qu’on veut bien nous montrer et que le terme de ‘ télé-réalité ‘ est en lui-même une supercherie. En revanche, dès lors qu’on ne cherche pas à
faire passer des vessies pour des lanternes et des images pour la réalité, tous les coups sont permis, trucages compris, pour améliorer les dites images. Et, en la matière, le numérique facilite bien les choses !Mais est-il aussi autorisé de traiter les images à la source, par exemple pour restituer des couleurs plus flatteuses, comme le font certains constructeurs d’appareils photo et de caméscopes numériques ? La réponse
n’est pas si simple. Ce serait plutôt non, car nous estimons que c’est à l’utilisateur de décider, et non pas au constructeur ; et pour ce faire, il est plus simple de partir d’une colorimétrie la plus proche
possible de la réalité pour la raviver, que le contraire. C’est pourquoi nous accordons de l’importance à la fidélité des couleurs lors des tests de qualité photo réalisés dans notre labo.Mais sans verser pour autant dans l’intégrisme. Après tout, chacun est libre de préférer qu’on lui force un peu la main pour que, sur ses photos, le ciel soit plus bleu et l’herbe plus verte que dans la réalité. Car
une image, c’est souvent fait pour rêver, non ?(*) directeur de la rédaction

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Bernard Montelh*