Passer au contenu

Voltaire au pays de l’Information Technology

“Webisez votre entreprise”, proclame sérieusement une publicité radiophonique. C’est certainement une marque de compétence ! Bien sûr, les nouveaux “VP’s” devront tous avoir un “know-how” reconnu…

“Webisez votre entreprise”, proclame sérieusement une publicité radiophonique. C’est certainement une marque de compétence ! Bien sûr, les nouveaux “VP’s” devront tous avoir un “know-how” reconnu ! “Est-ce que, à 01, vous faites des Awards ?”, questionne lourdement une attachée de presse.Vous y comprenez quelque chose, à ce jargon ? Pour les puristes, ces pseudo-anglicismes sont inutiles, puisque leurs équivalents français sont connus, et même souvent plus courts. Mais alors, pourquoi préfère-t-on se “webiser” plutôt qu’utiliser l’internet ? Pourquoi “staffer son board de mid-management” alors qu’il suffirait d’étoffer son équipe de maîtrise ? Pourquoi “adresser” le “mid-market” quand il est plus facile de cibler les PMI/PME ? Sans doute pour faire pro, sûrement pour montrer qu’on appartient aux “happy few”, certainement pour impressionner.Car, entre anglicisme et jargon, là est toute la différence. Dans le Larousse, le premier est “une tournure ou locution propre à la langue anglaise”, alors que le second est un “langage incorrect, employé par quelqu’un qui a une connaissance imparfaite, approximative d’une langue “. Et toc ! Faut-il davantage encore enfoncer le clou ? Car tout cela ne serait pas grave si cette mode de jargonner l’américain n’était source d’erreur.Je me rappellerai toujours une conférence tenue à Paris (France), il y a six mois, sur le capital-risque européen. Comme de bien entendu, il fallait s’exprimer en anglais. Et ce devant un parterre de 800 investisseurs. Un jeune “start upper” peinait à présenter son “business plan”, articulant mal les “fifty” et les “fifteen”, mélangeant les “net income” et les “operating income”, transformant les “hundred” en “thousand”… Encore heureux que son budget n’en fût pas encore au billion ! Transpirant, conscient d’être incompréhensible, il a demandé de poursuivre dans la langue de Voltaire. Presque toute la salle a acquiescé, soulagée : une seule personne ne comprenait pas le français ; les 799 avaient vraiment trop de mal à comprendre le jargon. Une certaine forme d’idiotisme, voire d’idiotie.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Hubert d'Erceville