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VOIP : IP au service de la téléphonie

Voice over IP : voix sur IP. Transport de la voix sur des réseaux de données IP. La voix est numérisée, enfermée dans des paquets de données, puis transmise sur le réseau. Confondue parfois avec la téléphonie sur IP, terme désignant une architecture tout-IP et ses services de téléphonie associés.

L’enjeu de la voix sur IP est de taille : téléphoner en utilisant les réseaux de données traditionnels. À la clé, une convergence voix-données-images autour d’un protocole unique (IP), une réduction des coûts et la centralisation des infrastructures dans un unique réseau. Pour le grand public, la téléphonie sur IP désigne avant tout les logiciels ou les offres permettant de coder la voix sur un réseau IP public. Avec évidemment une qualité et une sécurité minimales. Dans le monde de l’entreprise, qualité de service oblige, la VoIP ne se conçoit aujourd’hui que dans le cadre d’un réseau privé, WAN (Wide Area Network) ou LAN (Local Area Network).

Utilisation : une réduction des coûts attendue

Premier bénéfice attendu de la VoIP : l’allégement des factures téléphoniques intra-entreprises, voire entreprises-fournisseurs-clients dans le cas de réseaux étendus. Imaginons, par exemple, la société Durand disposant de deux sites de production, l’un à Paris, l’autre à Lyon. Pour tout ce qui concerne le transfert de données informatiques, les deux entités sont reliées par une ligne spécialisée. Pour les communications téléphoniques, chacune dispose d’une infrastructure télécoms traditionnelle construite autour d’un PBX (autocommutateur téléphonique interne). Lorsqu’un salarié parisien téléphone à l’un de ses collègues lyonnais, l’appel transite par le PBX avant d’être acheminé jusqu’à Lyon par le réseau téléphonique traditionnel ou RTC (réseau téléphonique commuté). Comment la société Durand peut-elle passer à la VoIP ? En reliant directement, dans un premier temps, ses deux PBX par la ligne spécialisée. Le signal de voix analogique est alors compressé et codé pour être inséré dans des paquets IP, transmis sur le lien, puis décodé et décompressé à l’autre extrémité. Mais l’entreprise Durand peut aller plus loin. Elle peut faire le choix du tout-IP et miser sur la téléphonie sur IP. Elle pourra alors remplacer ses anciens combinés téléphoniques par des terminaux IP (téléphones IP ou PC équipés d’un logiciel de téléphonie). Cet exemple se place dans un contexte de WAN ou de réseau étendu. Reste qu’avec la chute actuelle des tarifs téléphoniques, un changement d’architecture n’est pas toujours facile à justifier. Certains défendent néanmoins que la téléphonie sur IP est déjà rentable au niveau d’un LAN ou réseau local. Ici, le surcoût de la téléphonie classique est à mettre au compte du déplacement fréquent des téléphones (déménagements, aménagements de nouveaux bureaux…) et à la gestion du câblage. Avec la téléphonie sur IP, ce souci disparaît car les terminaux, dotés chacun d’une adresse IP, peuvent être connectés instantanément à n’importe quel endroit du réseau.

Principe de fonctionnement : des protocoles en gestation

Tout projet de VoIP ou de téléphonie sur IP nécessite une transformation du PBX de l’entreprise. Une première solution consiste à y insérer une carte IP faisant office de passerelle entre le réseau téléphonique et le réseau IP. Cette démarche présente l’avantage de préserver l’existant et les postes analogiques. Seconde possibilité : remplacer le PBX par un IPBX, un matériel profilé pour le tout-IP et qui implique un déploiement massif de terminaux IP. Ces deux solutions techniques intègrent différentes fonctions de base, dont une unité de contrôle d’accès (gatekeeper), qui gère l’identification des appels, la traduction du numéro de téléphone en adresse IP, et éventuellement la définition des règles d’appel. Viennent ensuite une passerelle (gateway), chargée de l’interconnexion entre équipements réseaux hétérogènes (téléphone analogique ou numérique, carte RNIS…), et enfin une unité de contrôle (MCU Multipoint Controller Unit) gérant les sessions multicast. Aujourd’hui, l’un des freins de la téléphonie sur IP réside dans l’absence de standards communs à tous les constructeurs. Même s’il constitue souvent une base commune, le protocole de signalisation H.323 (issu d’une recommandation de l’ITU-T) est rarement utilisé tel quel. Plus simple, SIP (proposé par IETF) est encore peu adopté par les constructeurs de matériels. Enfin, MGCP (Media Gateway Control Protocol), autre standard de l’IETF, peine aussi à s’imposer. Une fois la communication établie, le transport et le contrôle des flux de données sont assurés par deux autres protocoles : RTP (Realtime Transport Protocol) et RTCP (Realtime Transport Control Protocol). Le premier permet de reconstituer la base de temps, de détecter les pertes et d’identifier le contenu des paquets pour leur transmission sécurisée. Le second, RTCP fournit, entre autres, des informations sur la qualité de la session. Lorsque les paquets de voix tran- sitent sur le réseau, les paramètres à maîtriser sont la latence (délai de transmission), la gigue (variation du délai de transmission), la perte des paquets (au-delà de 20 %, le signal n’est plus audible). Pour s’en assurer, les différents équipements du réseau (postes clients, routeurs…) doivent être dotés de dispositifs de QoS (qualité de service). La priorité est ainsi donnée aux paquets de voix. Sur Internet, l’hétérogénéité des matériels réseau impliqués empêche toute maîtrise de la qualité de transmission. C’est la raison pour laquelle il est aujourd’hui impossible de mettre en place de la voix sur IP sur Internet avec un niveau d’exigence acceptable pour une entreprise.

Acteurs PBX avec cartes IP ou IPBX ?

Le marché de la voix sur IP se concentre autour des constructeurs d’équi- pements télécoms traditionnels. Deux offres coexistent. La première regroupe les équipements PBX auxquels on rajoute des cartes d’extension IP. Elle s’adresse aux entreprises de taille importante équipées de PBX haut de gamme. La seconde offre concerne les IPBX, de nouveaux matériels qui s’adressent davantage aux PME. Parmi les ténors du marché, on trouve tout d’abord des spécialistes de l’IPBX comme 3Com (IPBX NBX 100 et SuperStack 3 NBX) ou Cisco (IPBX Call Manager). Des fournisseurs sont présents sur les deux marchés comme Avaya (une gamme Definity de PBX avec carte IP, l’IPBX IP 600), Nortel (le PBX avec carte IP Meridian 1, le PCBX Business Communications Manager et l’IPBX Succession 1000) ou Siemens (gamme Hipath 3000 et 4000 de PABX avec cartes IP, l’IPBX Hipath 5000). Quant à Alcatel, il fait le pari de la voix sur IP avec sa gamme OmniPCX.

Alternatives : la fiabilité du téléphone inégalée

La voix sur IP peine encore à s’imposer face à la téléphonie traditionnelle qui assure un niveau de fiabilité 99,999 % à des coûts toujours plus bas. En 2000, selon le Gartner Group, les services de VoIP ne représentaient que 0,6 % du trafic télécoms, contre 22 % pour les services de données et 77,4 % pour les services de voix traditionnels. Le cabinet d’analystes prévoit qu’en 2005 ces chiffres seront de 5,8 % pour la VoIP, 33,4 % pour les services de données et 60,8 % pour les services de voix. Le décollage de la VoIP sera probablement plus lent que prévu.

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Thibault Michel