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Un sous-marin en coulisse chez Accor

Le groupe hôtelier utilise un faux submersible pour y former ses managers. Succès : les demandes de stage affluent de l’extérieur…

Un sous-marin installé dans l’enceinte de l’académie Accor, le centre de formation du groupe hôtelier basé à Evry : ce n’est pas une hallucination, mais une simulation. La mission, assignée aux directeurs d’hôtels, consiste à alimenter une usine de poissons située à 2 000 mètres sous la mer. Le jeu vise à évaluer leurs compétences en management ou à tester la coopération d’une équipe, lorsque celle-ci est déjà constituée dans le monde réel.Le concepteur du sous-marin, Dominique Bouffier, estime que “reproduire un autre cadre professionnel permet de mieux identifier les comportements”. Pour cela, le responsable de la formation s’est appuyé sur les techniques utilisées par les parcs de loisirs (Disney, La Villette, etc.) et dans les jeux vidéo sur internet : solutions logicielles de gestion d’événements, matériel multimédia, matrices vidéo, images de synthèse, vérins hydrauliques…

En combinaisons orange

Le dispositif, nommé Teamlab, est constitué de deux parties : le PC, autrement dit la tour de contrôle chargée de gérer à distance, et le module d’exploration, terme désignant le sous-marin. Les équipages, 8 à 15 personnes, sont répartis dans les lieux. Six d’entre eux ?” au maximum ?” vêtus de combinaisons orange, s’installent dans le module selon le rôle qui leur est assigné : le chef de bord coordonne l’équipage ; l’opérateur radio assure les liaisons avec le PC ; le navigateur choisit la route ; le mécanicien s’occupe du matériel ; le scientifique effectue des prélèvements ; le reporter relate en direct les événements pour un journal TV ; enfin un participant est chargé du boîtier à oxygène. Rôle non-hiérarchique, mais ô combien important : le cas échéant, la chaleur augmente “comme si la climatisation était coupée”, se souvient Laurent Thouvenin. Alors, panique à bord ? Le responsable du personnel de l’Hôtel Mercure de la gare de Lyon raconte qu’une participante a été victime d’une crise de claustrophobie…Mais, jusqu’ici, toutes les missions ont été menées à leur terme.De nombreux éléments contribuent à susciter des sensations réelles. Sur un écran sont projetées des images de synthèse représentant les fonds marins. À cette visualisation s’ajoutent des impressions de mouvement, des sons, des odeurs. Bâtie sur une plateforme équipée de vérins, la capsule peut s’incliner en avant ou en arrière, simuler des freinages ou des virages. Ces petits chocs peuvent éventuellement provoquer un court-circuit, identifiable à l’odeur de brûlé. Le scénario de crise prévoit aussi une rupture de contact avec le PC…Tout est illusoire, mais tous y croient. Ainsi Guy Lanfray, directeur opérationnel, supervisant 25 hôtels en Île-de-France, rapporte que son équipe de directeurs d’hôtels “s’est livrée facilement à l’exercice”. “L’alternance des rôles aide à prendre conscience qu’un poste de participant ?” et non de leader ?” n’implique pas une déresponsabilisation”, résume-t-il. Le debriefing des missions a mis en exergue la “perte de temps due à la mauvaise définition des règles initiales”. De son côté, Laurent Thouvenin garde de cette expérience une plus grande conscience de l’interdépendance des postes. Succès donc pour le Teamlab : plusieurs entreprises se bousculent déjà au sas du sous-marin dAccor pour former leurs propres managers.

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Valérie Quélier