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TruCluster dans HP-UX : trop compliqué pour HP

Consternation dans la communauté Tru64. HP ne portera pas les services haute disponibilité de l’Unix de Digital vers HP-UX.

Le constructeur californien ne tient pas ses promesses. Au moment du rachat de Compaq, HP l’avait juré le doigt sur la couture : il ferait converger le meilleur de Tru64, l’Unix de Digital, avec son propre
HP-UX.Voilà donc trois ans que l’on attend que ce dernier porte les célèbres technologies de haute disponibilité de Digital (TruCluster), ainsi que son système de fichiers distribué (AdvFS). Mais en fin de semaine dernière, le projet
est brusquement enterré.Plus question de porter TruCluster sur HP-UX. A la place, le constructeur rachètera plusieurs technologies de Veritas, puis les implémentera dans Serviceguard, ses services de haute disponibilité, ainsi que dans Virtual Storage
Environnement (VSE), son système de partitionnement dynamique.Dans la communauté Tru64, c’est la consternation. Après avoir dépensé des millions dans le développement d’une technologie maison, HP jette l’éponge pour acquérir une technologie du marché. Il semble même y perdre
au change, puisque TruCluster est considéré comme ce qui se fait de mieux dans ce domaine.Il n’empêche. HP justifie ce revirement par un meilleur alignement avec les besoins du marché, et, surtout, par le gain de temps qu’il procure. L’abandon de TruCluster permet, en effet, d’avancer de près
d’un an l’intégration de fonctions cluster dans HP-UX. Grâce à Veritas, le nouveau système de fichier sera désormais disponible dès l’année prochaine dans HP-UX 11i v.2, alors qu’il était attendu dans la version 3 en
2006.

Des retards accumulés

En revenant sur sa promesse, HP reconnaît donc s’être empêtré dans la bascule de TruCluster vers HP-UX. Lorsqu’il a racheté Compaq, le portage de la technologie ne semblait pas poser problème. Après tout, il
s’agissait de deux Unix, l’un possédant une excellente technologie cluster héritée d’OpenVMS, l’autre non. Au final, la tâche s’est avérée plus complexe que prévue, et les retards se sont accumulés.Dans un premier temps, l’intégration de TruCluster et d’AdvFS était attendue pour la fin 2003. Mais, au moment de rendre sa copie, HP a tout reporté à 2006. Et encore, il faut ajouter le temps de portage des applications
tierces et leur certification. L’accord avec Veritas l’autorise donc à revenir à un calendrier plus raisonnable, quitte à perdre en richesse fonctionnelle.Côté utilisateurs de HP-UX, il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle. Selon HP, 75 % d’entre eux utilisent déjà le système de fichiers de Veritas. Du coup, son intégration étroite avec le système ne peut que
simplifier les choses, d’autant que nombre d’applications sont déjà certifiées.En revanche, les utilisateurs de Tru64 se sentent trahis. Quitte à migrer, beaucoup sont prêts à basculer carrément vers autre chose. Pourquoi pas Linux, Sun ou IBM ? Après tout, les produits Veritas fonctionnent aussi sur Solaris
et AIX.

TruCluster victime d’une réduction des coûts ?

Pour faire passer la pilule, HP proposera des licences gratuites de Serviceguard et des technologies Veritas en cas de migration vers les serveurs Itanium. Mais cela ne sera peut-être pas suffisant. Les grands utilisateurs de
TruCluster pourraient même juger plus intéressant de
migrer leurs applications vers OpenVMS plutôt que vers HP-UX.Et pour cause : le vénérable système ne semble pas éclaboussé par le revirement de HP. Ses technologies cluster qui ont servi de modèle à TruCluster resteront intactes, même une fois portées sur l’Itanium. Néanmoins,
l’abandon des technologies qui faisaient la force de Tru64 signe son arrêt de mort. Ses plus fervents supporters demandent sa mise en code source libre, mais il est peu probable que HP les entende.Au final, TruCluster aura peut-être été victime d’une énième réduction des coûts dans la division serveurs. On se souvient que, dans la foulée des bons résultats de fin novembre, HP avait annoncé une vague de
licenciements.La plupart des 200 personnes chargées du développement de Tru64 et de TruCluster ont ainsi perdu leur poste. A commencer par le vice-président, Kent Ferson, qui a trouvé refuge chez EMC. On murmure aujourd’hui qu’une
partie du développement d’OpenVMS a été externalisée en Inde. Espérons que cela ne laisse augurer aucun autre abandon technologique.

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Anicet Mbida