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Tout ce qu’il faut savoir sur Neuralink, l’interface cerveau-ordinateur que nous promet Elon Musk

La puce qui permettra de connecter nos cerveaux à des ordinateurs a été miniaturisée pour être implantée. A l’occasion d’une conférence de presse vendredi, des démonstrations ont même eu lieu sur des truies. On fait le point.

« Ce sera comme un Fitbit dans votre crâne avec de minuscules fils », a déclaré Elon Musk au sujet de son interface cerveau-ordinateur Neuralink lors d’une conférence de presse en direct et en ligne ce week-end. Il présentait la dernière version de cette puce destinée à connecter nos cerveaux à des ordinateurs. Le but n’était pas de lever de nouveaux fonds mais de donner envie à des scientifiques de rejoindre son équipe. On fait le point sur l’avancée du projet.

Comparaison entre le design de Neuralink de l'année dernière et le nouveau.
Neuralink – Comparaison entre le design de Neuralink de l’année dernière et le nouveau.

Quel est le nouveau design de l’appareil ?

Le design de Neuralink a changé depuis la dernière présentation en juillet 2019.  Terminé, le petit boîtier extérieur à placer derrière l’oreille, la puce ne fait plus que la taille d’une grande pièce de monnaie. 23 mm de diamètre sur 8 mm d’épaisseur. Et elle est destinée à être directement implantée dans le cerveau. Elle n’est donc plus visible. « Je pourrais en porter une sans que vous le voyiez. D’ailleurs j’en ai peut-être une en ce moment », a plaisanté Elon Musk. Par ailleurs, ce nouveau modèle « sans couture » se recharge la nuit par induction comme un simple smartphone en posant un petit appareil à proximité du crâne.

Comment ça marche ?

Neuralink est doté d’environ un millier de minuscules fils comportant des électrodes dont la portée se limite pour le moment à la surface du cerveau. Il s’agit de capturer les informations des neurones et de les transmettre à la puce pour les amplifier. Les données sont ensuite envoyées à l’extérieur, par exemple sur une application de smartphone, via Bluetooth. L’application est alors chargée de déchiffrer les informations et de les renvoyer éventuellement au cerveau.

Le robot chirurgical de Neuralink.
Neuralink – Le robot chirurgical de Neuralink.

Est-ce invasif ?

Oui, Neuralink nécessite une intervention et une implantation chirurgicale. Un robot spécial sera chargé d’insérer le dispositif sous le crâne. L’opération pourrait être réalisée sans anesthésie générale et en moins d’une heure, ce qui autoriserait une chirurgie ambulatoire. Il va toutefois falloir renforcer la résistance du dispositif. Le cerveau constituant un environnement très corrosif, l’appareil devra durer plusieurs décennies.

Est-ce que ça fonctionne déjà ?

Neuralink se résume pour le moment à un prototype. Après des tests sur des singes l’année dernière, des démonstrations ont eu lieu en direct sur trois truies. Seule l’une d’elles, baptisée Gertrude, embarque actuellement Neuralink depuis deux mois. A la recherche de nourriture, toutes ses actions sont scrutées grâce aux signaux neurologiques qu’elle émet et dont les pics apparaissent à l’écran. Dorothy, elle, l’a porté seulement momentanément pour prouver que l’opération et le dispositif n’avaient provoqué aucun dommage sur son cerveau et que le procédé est réversible. « Ce sont des truies en bonne santé et heureuses de vivre », s’est enthousiasmé Elon Musk pour prouver l’innocuité de Neuralink.

La truie Gertrude qui porte Neuralink depuis deux mois.
Neuralink – La truie Gertrude qui porte Neuralink depuis deux mois.

A quoi cela va-t-il servir ?

Neuralink a été conçu initialement pour soigner des maladies neurologiques lorsque le cerveau ou la colonne vertébrale sont atteints et ainsi pallier un sens perdu ou un handicap. Il existe déjà des appareils, certes moins compacts, qui ont la même ambition. Mais dans la présentation de ce week-end, Elon Musk a déclaré que tout le monde était amené à subir des dysfonctionnements neurologiques : perte de vision et d’audition, paralysie, insomnie, dépression, anxiété, addiction, perte de mémoires, douleurs extrêmes, etc.. Il envisage donc très sérieusement de généraliser son dispositif. Il pense également aux personnes âgées dont la santé pourrait être surveillée grâce à Neuralink. Mais le stade ultime pour Elon Musk, ce serait de viser la symbiose de l’IA, c’est-à-dire fusionner les intelligences humaine et artificielle. Très cher, l’appareil pourrait être vendu à terme « seulement » quelques milliers de dollars.

A quelle échéance ?

Les premiers essais cliniques porteront sur un petit nombre de patients souffrant de graves lésions de la moelle épinière, pour s’assurer que cela fonctionne. Prévus à l’origine pour cette année,  ils ne sont pas encore à l’ordre du jour. Il va falloir obtenir l’approbation des autorités sanitaires américaines.

Une vision simpliste du cerveau ?

« Nos sens fonctionnent avec des signaux électriques envoyés par des neurones à notre cerveau. Si vous corrigez ces signaux, vous résolvez les problèmes », a affirmé Elon Musk. « Les neurones sont comme des câbles , on peut utiliser de l’électronique pour résoudre des problèmes électroniques », a-t-il également décrété. Une vision jugée simpliste par de nombreux scientifiques qui rappellent que le cerveau n’est pas aussi compartimenté, comme le rapporte l’AFP. « Chaque cerveau a une structure unique, massivement interconnectée », a même commenté Dean Burnett, chercheur de l’université de Cardiff et cité par l’agence de presse.

Source : Neuralink sur YouTube

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Amélie CHARNAY