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TNT française : humiliation ou pas humiliation ?

A quelques jours de l’annonce des caractéristiques finales de la télévision numérique terrestre française, tout est encore entre les mains des lobbies. Seul l’intérêt des consommateurs ne semble guère défendu.

Depuis la parution de notre article intitulé ‘ Comment sauver la TNT française de l’humiliation ? ‘ (voir Electronique International Hebdo du
12 février 2004), de nombreuses voix se sont élevées pour que notre future TNT tienne compte des avancées technologiques de ces dernières années et puisse ainsi à la fois diffuser des programmes TVHD, augmenter éventuellement le nombre de
programmes émis en qualité standard, et diffuser des programmes TV adaptés aux écrans des téléphones mobiles.Seul réel inconvénient de cette refonte partielle : les opérateurs de télévision affirment avoir besoin de six mois de plus pour roder les matériels de codage et modulation aux nouvelles normes. Un retard qui n’arrange pas
certains, et ces derniers ne se privent pas de le faire savoir.Le CSA, chargé de défendre avant tout l’intérêt des consommateurs, a toutefois largement pris conscience du problème, surtout depuis deux mois ; il y a donc une forte chance, aujourd’hui, qu’il préfère que
l’Histoire le crédite d’une décision préparant l’avenir (relativement courageuse, avouons-le, compte tenu du contexte), plutôt que d’un choix de court terme qui classerait la France comme l’ultime pays à avoir
adopté la norme MPEG-2 pour sa TNT.Les seuls réels avantages de cette dernière voie seraient que les nouveaux opérateurs de télévision bénéficient de 6 mois de recettes publicitaires de plus pour leurs chaînes gratuites, que TDF et TowerCast puissent faire payer la
location de leurs émetteurs dès mars 2005, et que les importateurs de matériels vidéo puissent vendre au public des décodeurs aussi dès mars 2005. Un choix pour les 20 ans à venirLes lieux d’affrontement préférés des lobbyistes sont les quotidiens la Tribune et les Echos. Dernier intervenant en date, Jean-Paul Baudrecoux, président du conseil de surveillance
de NRJ, dans les Echos. NRJ est doublement intéressé à faire l’impasse sur la dernière technologie MPEG-4-AVC puisqu’il se classe à la fois parmi les nouveaux opérateurs en attente de recettes publicitaires et
parmi les loueurs d’émetteurs, à travers sa filiale TowerCast, en attente de recettes locatives.Ses propos reflètent assez bien le niveau du lobbying actuel : ‘ L’apparition de la TV haute définition n’interviendra pas avant cinq ans. ‘ Chez NRJ peut-être. Aux
Etats-Unis, des dizaines de chaînes émettent déjà en TVHD.En France, TF1 a annoncé qu’il commencerait fin 2005, de même que Canal+. ‘ Il n’existe pas encore de programmes TVHD. ‘ Les intéressés nous ont déclaré qu’il y a au
contraire tout ce qu’il faut en stock, et Alphacom, entre autres, couvre déjà tout évènement en direct en Europe lorsqu’un client le lui demande. ‘ La norme MPEG-4 n’est pas stabilisée. ‘ Ce n’est sûrement pas le directeur technique de NRJ qui a pu souffler pareils propos. ‘ La TVHD nécessiterait
de renouveler le parc de télévisions avec des appareils coûtant entre 3 000 et 6 000 euros. ‘
Nous avons déjà expliqué dans ces colonnes qu’il y aura quatre générations de téléviseurs avant que les récepteurs puissent reproduire de la vraie TVHD. Dans tous les cas, le téléspectateur pourra toujours choisir le rapport
qualité-prix qu’il souhaite. ‘ Nous proposons que la moitié de la capacité du multiplex libre soit réservée à la nouvelle norme pour mobile DVB-H [soit 7,5 Mbit/s environ avec cette norme] dont un tiers pour les
15 chaînes gratuites de la TNT. ‘
Ces chaînes seraient ainsi diffusées sur 2,5 Mbit/s, ce qui est très juste pour assurer une qualité correcte à chaque chaîne, même avec un multiplexage statistique ; cette proposition ne prend pas en compte le fait que la
définition des écrans de nos mobiles va s’améliorer dans les dix ans qui viennent. ‘ Un autre tiers serait réservé à la diffusion de 50 radios numériques. ‘ Il s’agit là d’une proposition nouvelle, possible (la diffusion d’un programme stéréo isolé, à
la nouvelle norme audio aacplus, demande 48 kbit/s). Mais qui a envie d’écouter la radio sur son GSM ?Quant à une éventuelle réception sur autoradios, nous avons peur que les coupures fréquentes – très désagréables en numérique – sur les zones de mauvaise réception, particulièrement nombreuses dans un premier temps, ne donnent
une mauvaise réputation à un tel canal de diffusion. Des essais restent donc à faire, y compris sur les autoroutes, où la technologie isofréquence n’est malheureusement, pas envisagée. ‘ Le dernier tiers offrirait des
services interactifs, comme des programmes TV ou le téléchargement de musique. ‘
Avec des diffusions ‘ en carrousel ‘, cela est possible. C’est même là l’idée de départ de
DVB-H.* Directeur de la rédaction d’ Electronique International Hebdo

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Jean-Pierre Della Mussia*