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The Legend of Zelda : Breath of the Wild, le célèbre RPG renouvelé

Vu en long et en large durant l’E3, le nouveau Zelda soulève quelques questions quant à la capacité de renouvellement de Nintendo. 

Dans une interview de 2001, Giles Goddard, un des programmeurs de Super Mario 64, expliquait que le gros du travail de Miyamoto avait alors été d’expérimenter les possibilités de déplacements dans un univers 3D. De même, se souvenait-il, lors de la première présentation du jeu, en 1995, durant le Shoshinkai (un événement Nintendo organisé jusqu’en 1996), les visiteurs n’avaient d’yeux que pour les multiples animations qui accompagnaient chaque mouvement, chaque saut, s’émerveillant de constater que le visage du plombier s’orientait dans la direction de sa marche. Mario 64 innovait, inventait, repensait ses conventions. Bref, créait du neuf. Malgré ses apparences de best of du monde ouvert, The Legend of Zelda : Breath of the Wild en fait tout autant.

L’état du monde

Un coup d’œil suffit pour se rendre compte que The Legend of Zelda : Breath of the Wild convie l’éventail des mécaniques des jeux en monde ouvert : escalade et course avec jauge de fatigue, système de combat avec garde, contre et esquive, chasse et cueillette pour remplir son inventaire de recettes et potions, armures à revêtir, loot, moteur physique où vent, feu, eau, arbres et herbes réagissent comme dans le monde réel… À l’énoncé de ces fonctionnalités, n’importe quel joueur peut en deviner l’origine, l’inspiration, évidente.

Rien de nouveau pourtant sous le soleil d’Hyrule, Miyamoto avait déjà allègrement pioché dans un RPG et un action-RPG alors émergeant au début des années 80 pour donner vie au premier The Legend of Zelda. Parce qu’à la manière d’un Call of Duty, véritable marqueur des évolutions mécaniques du FPS, The Legend of Zelda s’approprie et transforme. La différence avec 1985, c’est qu’aujourd’hui le marché du jeu vidéo n’est plus un truc de (vrais) geeks, un truc de connaisseurs qui s’échangent des disquettes sous le manteau et produisent des fanzines imprimés à 50 exemplaires sur des machines à aiguilles.

Aujourd’hui, le jeu vidéo est une industrie culturelle où chaque pas en avant, chaque nouveauté est pleinement commenté, marketé, « youtubé ». Le copieur et son inspiration sont vite repérés. Mais, sur ce Zelda-là, Nintendo ne s’en cache plus. Ainsi que l’a révélé Eiji Aonuma à Wired, son équipe est constituée d’un « groupe de développeurs qui ont étudié les jeux AAA, recherché et disséqué quel type d’éléments nous pourrions ajouter aux jeux Nintendo ». Plus clairement, une centaine de développeurs de Monolith (Xenoblade) travaille sur Breath of the Wild. De quoi rassurer (ou inquiéter, c’est selon), les plus sceptiques.

BagoGames – Flickr

Un Zelda qui donne soif d’aventure

Aussi, ce n’est pas tant la reprise de ces éléments qui importe que la manière dont ils ont été digérés. Ici, et comme Mario 64, chaque animation renvoie au savoir-faire de Nintendo. Paradoxal.

Alors qu’Hyrule s’ouvre, se déploie, gigantesque, « méga » avec ses panoramas où l’on errera des heures, c’est dans le « micro », dans ce détail qui n’est que virgule dans l’action que l’on s’abîme, attentif à chaque frémissement du corps, à chaque position de bras. Un peu comme nous l’étions – attentifs, hypnotisés – il y a vingt-cinq ans quand Lester Chaykin (Another World) se relevait après une chute, puis osait un salut de la main à l’étranger contre lequel il s’était cogné. Lorsque Link cuisine, il faut tenir les ingrédients en main et les jeter dans un récipient brûlant. Quand un Skyrim ou la plupart des RPG, occidentaux ou japonais, se contentent de faire apparaître le résultat dans un menu, ici, les ingrédients sautillent, dansent dans la poêle.

Tout The Legend of Zelda : Breath of the Wild est détail : les frissons de Link lorsque ses vêtements ne sont pas assez chauds, la possibilité de surfer sur son bouclier dans la neige, ses mouvements de douleur lorsqu’il frappe un coffre d’un pied nu, etc… Coquille vide, simple Peter Pan réinventé, Link prend chair, corps, consistance par toutes ses micro-mises en scène, dans toutes ses animations au cœur de l’action. C’est dans cet entre-deux, dans cette complémentarité entre micro et macro, que Breath of the Wild se fait appel à l’aventure.

Infos :

Editeur : Nintendo

Genre : RPG action-aventure

PEGI 12+

Joueur : 1

Sur Wii U et NX

Prix : 60€ (Précommander The Legend of Zelda : Breath Of The Wild)

Sortie : 2017

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Raphaël Lucas - The Game