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TEST Wolfenstein : The New Order, un FPS old school volontaire et plaisant…

Classique toujours aussi jouissif, le dernier héritier d’une des plus vieilles lignées du FPS enrichit son gameplay par petites nuances et offre même une histoire digne de ce nom. Si tout n’est pas parfait, on passe un bon moment avec BJ Blazkowicz.

Uchronie (nom féminin) : récit fictif qui repose sur une alternative à un fait de l’histoire. Wolfenstein, grand ancien du jeu de tir à la première personne, qui revient les années en W, comme dans Waffen SS, qu’on dessoude par centaine…

Fan des Sechziger

Maintenant que les présentations sont faites, parlons du fruit né de cette rencontre. Un monde où les Nazis n’ont pas perdu la guerre, un monde où le IIIe Reich règne sur l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Un monde où le fish and chips a été détrôné par la wurst et le sauerkraut dans le cœur des Londoniens. Un monde où William BJ Blazkowicz passe quatorze ans dans la peau d’un légume – hypermusclé, toujours – avant de revenir à lui dans les années 60.
Croyez-le ou non, il revient et il n’est pas content. Pas content de ne pas voir de hippies, de ne pas entendre les Beatles – remplacés par Die Käfer et leur tube Das Blaue U-Boot – ou ce genre d’éléments emblématiques de cette décennie qui a tout changé. Dans The New Order, l’heure est plutôt à l’asservissement et au Super Béton, qui permet de construire des bâtiments qui font passer l’architecture stalinienne pour de la dentelle ajourée. Le super béton qu’on trouve de Berlin à Londres en passant par Gibraltar et qui instille autant une unité visuelle qu’une certaine monotonie dans les niveaux, par ailleurs assez jolis, comme tout le reste, et quelques fois bugués.

Ach l’infiltrazion !

Les niveaux, parlons-en. S’ils ne sont pas déplaisants à parcourir, ils partagent tous le même point commun, être (plus ou moins) étroits et assez enclins à jouer de la symétrie. Les développeurs de MachineGames, ancien de StarBreeze pour certains, ont tenté de créer différents chemins pour accéder à un niveau, mais cela se résume généralement à pouvoir prendre un ennemi à revers au lieu d’arriver sur lui frontalement.

En soi, ce n’est pas une mauvaise nouvelle car, grosse nouveauté pour un Wolfenstein, l’heure est parfois à l’infiltration ! Oui, BJ est capable de se la jouer discret. Si vous jouez cette carte, vous débloquerez même des talents dans le domaine, car il y a un pseudo arbre de talents automatiques selon la façon dont vous jouez.

Quoi qu’il en soit, l’infiltration est une expérience contrastée. Facilitée par la propension des ennemis à regarder ailleurs, mais rendue périlleuse par leur capacité à vous détecter de dos alors que vous n’avez pas bougé une oreille… Dans ce cas, on retourne au classique : le massacre à la chaîne de nazis, toujours aussi fun et jouissif.
Et l’équipe de MachineGames a plutôt bien fait son travail pour varier les plaisirs entre les soldats de base, les soldats lourds, les drones, les robots, les chiens-robots, etc. Chacun à sa préférence pour mourir, l’un le fusil d’assaut, l’autre le fusil à pompe – toutes ces armes pouvant être utilisées en akimbo, une dans chaque main, pour encore plus de finesse -, l’autre encore le combo grenade IEM et LaserKraftWerk.

Rien ne vaut un bon blaster au côté

Si toutes les armes ont un punch indéniable, arrêtons-nous sur le LaserKraftWerk, qui est l’innovation du titre. Il s’agit autant d’un outil, pour découper quelques caisses ou portes – mais ne rêvez pas à trop de liberté – que d’une arme, assez proche du railgun de Quake 2. Notons juste, concernant les armes, que la roue de sélection est de toute évidence conçue pour le jeu au gamepad et qu’il faut prendre ses habitudes avec une souris…
Amélioré au fil du temps, le LaserKraftWerk gagne en puissance, se recharge peu à peu automatiquement – ce qui n’est pas plus mal parce qu’il faut autrement trouver une borne électrique – et permet de faire exploser les ennemis les plus coriaces après quelques tirs bien placés. Pour autant, sa cadence de tir fera qu’on lui préférera souvent le fusil mitrailleur de base…
Ce dernier a en plus l’avantage de permettre de se déplacer rapidement, rendant les combats plus nerveux et intenses et permettant de perdre une IA qui commence à prendre pied dans les deux niveaux de difficultés les plus durs.

La belle histoire

Comme tout FPS sorti ces dernières années, c’est dans les niveaux de difficulté élevés qu’on prendra le plus de plaisir. Les combats un peu plus âpres soutiendront le rythme plutôt agréable, qui alterne action, infiltration et un peu d’exploration, quand on est de retour au calme, à la base. Ce repère de la résistance permet d’ailleurs de donner corps à l’histoire et ces sixties parallèles. Outre des articles et documents qu’on peut lire, on peut également discuter avec certains personnages et réaliser quelques micro quêtes pour eux.

C’est une autre nouveauté dans l’univers Wolfenstein et ce n’est pas désagréable, on y prend même un vrai plaisir. Les liens tissés avec les personnages humanisent cette espèce de machine de guerre qu’est le Capitaine Blazkowicz. Les petits flashbacks et rêves participent de cette construction. Le niveau de Wolfenstein 3D auquel on accède dans un cauchemar est lui aussi une idée amusante qui rappelle au joueur qu’entre lui et BJ, c’est une histoire qui dure depuis un moment… De bons souvenirs.

Enemy Territory, l’extension multijoueur de Return to Castle Wolfenstein, sortie deux ans plus tard, était également un bon souvenir. Mais les petits gars de MachineGames ont préféré se concentrer sur le solo, qui occupe une dizaine d’heures si on cherche à tout trouver. Faites donc une croix (gammée) sur le multi. Mais peu importe, malgré un certain classicisme, totalement assumé surtout dans le prégénérique, et quelques petits ratés, ce New Order offre une belle retrouvaille avec cette licence. Bien plus agréable que celle qu’on craignait de devoir affronter… Une fois la dernière paire de douilles au sol, on resignerait bien pour une nouvelle partie.

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Pierre Fontaine