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Sous pression française, Microsoft convertit Office au format libre OpenDocument

Pour satisfaire aux exigences du ministère de l’Economie et des Finances français, Microsoft annonce ce 6 juillet l’interopérabilité de ses applications bureautiques Office avec le format de document libre, OpenDocument.

Microsoft obligé de céder devant les exigences de Bercy. Ainsi va l’exception culturelle française. Mais
l’enjeu est de taille : se conformer à un cahier des charges, le Référentiel général d’interopérabilité (RGI) de la Direction générale de la modernisation de l’Etat (DGME).Selon ce référentiel, pour être retenue, une application bureautique devra être compatible et interopérable avec le format de document libre et ouvert XML OpenDocument (ODF). Un format validé par le consortium Oasis
(Organization for the Advancement of Structured Information Standards). Pour rappel, le format XML OpenDocument est un format bureautique dérivé de la suite OpenOffice.org, qui standardise les documents texte, les feuilles de
calcul et les graphiques. Les partisans de l’OpenDocument sont surtout des sociétés américaines, concurrentes de Microsoft, comme Sun et Oracle. Pour la petite histoire, Microsoft est également membre de l’Oasis. Mais ne siège pas dans
les mêmes comités de travail.D’après un interlocuteur proche du dossier, il s’agirait surtout pour l’Administration française d’écarter Microsoft des appels d’offres. Et ce, en effectuant ‘ des recommandations sur les systèmes
d’information de préférence incompatibles avec ceux de Microsoft ‘.
Chez l’éditeur, on ne veut pas entrer dans la polémique. Pour Bernard Ourghanlian, directeur de la technologie et de la sécurité de Microsoft France, ‘ notre objectif est simple, nous allons montrer que, pour
nous, l’interopérabilité est essentielle ‘.
Dont acte : Office 2007 ainsi que les anciennes versions de ses applications bureautiques seront compatibles avec l’OpenDocument.Microsoft ne se charge pas directement de ce projet, mais le finance intégralement. Celui-ci est confié à un cabinet de conseil en architecture technique français, Clever Age. Deux autres entreprises, l’une en Allemagne
(Dialogika), l’autre aux Etats-Unis (Aztec Software), seront chargées de la validation du projet. Respectant les habitudes de l’open source, un projet prototype sera disponible sur le site Web Sourceforge.net, sous
licence open source BSD. Bernard Ourghanlian veut jouer le jeu conformément à la règle pour ‘ s’assurer que la communauté ODF pourra contribuer à ce projet ‘.La version complète du convertisseur Word sera disponible gratuitement par téléchargement à la fin de l’année 2006. Les compléments pour Excel et PowerPoint arriveront en 2007. Quant aux versions plus anciennes d’Office, elles
recevront cet outil via un pack de compatibilité, qui assurera gratuitement la prise en charge du format OpenXML.

L’objectif de Microsoft : céder, mais ne pas plier

Ce support de l’ODF est pour Microsoft un virage à 180 degrés. En effet, Office 2007 est stratégique pour Microsoft, puisque c’est l’occasion de proposer un nouveau format de document libre de droits :
l’OpenXML.L’OpenXML est en cours de normalisation auprès de l’ECMA International (European Computer Manufacturers Association), une association chargée depuis 1961 de la standardisation de l’information
et des systèmes de communication. L’OpenXML a donc vocation, comme l’OpenDocument ?” standardisé par ISO (International Standards Organization) ?”, à être utilisé par tout le monde.
D’autant que son architecte chez Microsoft, le Français Jean Paoli, est l’un des cocréateurs du format XML au sein du W3C (World Wide Web Consortium) et coauteur du langage SGML (Standard Generalized
Markup Language).
En résumé, OpenDocument et OpenXML sont en concurrence. Avec une nuance de taille. Car le format de fichier OpenXML est aussi là pour, avant tout, supporter toutes les fonctionnalités nouvelles de la suite bureautique Office 2007.
Une suite que l’on peut librement essayer jusqu’en janvier 2007.Selon Microsoft, convertir un document OpenXML en ODF va, dans les faits, l’appauvrir. Et l’éditeur indique, à titre d’exemple, que le descriptif des formules mathématiques que l’on peut insérer dans un document
Word, remis par Microsoft à l’ECMA comporte quelque 400 pages. Pour le format ODF, la chose se résume à 9 pages. Pour Microsoft donc, passer du format OpenXML à l’ODF revient à retirer à Office 2007 une part des innovations
apportées. Bernard Ourghanlian assure donc ‘ ne pas baisser les bras pour continuer à démontrer la supériorité de l’OpenXML ‘.

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Thierry Derouet