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Rideau sur le business des agences web

La chute d’Integra clôt un chapitre des services internet. En attendant une reprise au sein des entreprises, le secteur se heurte à l’absence d’investisseurs.

La débâcle d’Integra, en cessation de paiement depuis le 27 août, repose avec acuité la question de la survie des agences web sur le marché français.Le défaut de financement de l’ex-star du Nouveau Marché (introduite en juin 1999 à 4 euros, montée à 51 euros en février 2000, aujourd’hui bloquée à 0,2 euro) provient en partie de sa maison mère.

Avatars de la net économie

L’Américain Genuity, qui détient 93 % du capital, a besoin de renouveler un crédit de 2 milliards de dollars (2,04 milliards d’euros), alors qu’un de ses clients, l’opérateur Verizon, lui en a déjà prêté 1,15 milliard. Le groupe, qui a dépassé le milliard de dollars de chiffre d’affaires, sera fixé sur son sort mi-septembre.Les observateurs n’excluent pas une nouvelle faillite, après celles de March First et Exodus en 2001. Mais l’échec d’Integra est d’abord le sien. La société de Philippe Guglielmetti sera tombée dans tous les pièges la net économie. Erreurs, excès, malchance.Erreur, sans doute, le fait de ne pas avoir cédé la société à son plus haut : le prix tournait autour du milliard d’euros ?” selon l’indiscrétion d’un banquier ?” à rapporter à une capitalisation de 9 millions d’euros, au dernier cours.Excessive, l’ambition affichée en 2000, avec l’achat pour 266 millions d’euros du Norvégien Infostream. Une diversification superflue et malchanceuse, la crise de croissance de l’informatique européenne ayant débuté par le Nord.

Effondrement du CA et du cour de l’action d’Integra

L’échec d’Integra laisse de fait un secteur sinistré. Que reste-t-il des agences web dans l’Hexagone ? Quelques rares pure players ?” même si toutes ont élargi leur périmètre ?” d’Umanis à Valtech en passant par Business Interactif, Fi System, Himalaya. Les dernières publications de résultats donnent une idée de leur situation. Reculs et pertes à foison : chute de 24,6 % pour le chiffre d’affaires semestriel de Business Interactif, de 30 % pour Fi System sur la même période, par exemple. Himalaya voit son CA fondre de 57,7 % sur ses six mois, et l’effondrement atteint 80 % pour son pôle intégration.À côté de ces spécialistes, les SSII classiques ont contribué à accélérer la crise en mordant sur un gâteau lui-même rétréci. ” Je suis très sceptique sur l’avenir de ce secteur. On y constate bien des efforts importants pour réduire les charges, mais le marché recule. Les pertes d’exploitation se creusent. Il faut refinancer la plupart des acteurs, or l’appel au marché est pour eux désormais quasiment impossible. On est donc à l’affût de nouveaux investisseurs. Mais les SSII, des prédateurs naturels, n’y ont pas intérêt, si elles veulent préserver leurs marges. Difficile de croire à une recomposition par le haut du secteur “, résume Jean-Christophe Littaye, le spécialiste des petites et moyennes sociétés de services informatiques chez Aurel Leven.En tant que tel, l’analyste ne couvre en fait que trois valeurs strictement apparentées au club des agences web : Valtech, Fi system et Umanis… Les deux premières font d’ailleurs l’objet de rumeurs de rapprochement qui leur ont redonné des couleurs en Bourse.Mais, pour l’heure, aucun investisseur ne s’est déclaré. Le succès de la tentative de repositionnement ?” vers l’e-business au sens large, la gestion de la relation client ou le conseil ?” dans laquelle sont engagés tous les protagonistes est, en partie, suspendu à une reprise des investissements des entreprises, et de la conjoncture macro-économique.“Les besoins informatiques sont toujours considérés comme stratégiques, même si, pour le moment, la tendance est plus au renouvellement qu’au développement”, avance Jean-Christophe Littaye.

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Jean-Michel Cedro