Le phénomène est connu : quand une génération commence à détenir un pouvoir d’achat important, en général vers 30-35 ans, les pros du marketing chatouillent sa fibre nostalgique pour mieux lui vendre leur soupe. C’est
pourquoi les années 1980 sont autant à la mode : jeans troués, baskets Converse, ‘ Toutouyoutou ‘, etc.Du côté de la technologie, la nostalgie existe aussi. Mais elle n’est pas téléguidée par les spécialistes du marketing. Le phénomène conserve encore toute sa fraîcheur et son authenticité. Il suffit de faire un tour sur les
forums ou sur certains sites web pour s’en rendre compte : les dessins animés du Club Dorothée se collectionnent et s’échangent comme des cartes Pokemon et leurs génériques sont de véritables tubes.Idem pour les jeux vidéo. On ne compte plus les sites de trentenaires qui, désabusés par la course aux graphismes et à la puissance, se jettent sur les jeux à gros pixels réputés plus ludiques de leur jeunesse. Mame, l’émulateur
des bornes d’arcade des années 1980, est aujourd’hui plébiscité par toute une génération de joueurs qui l’installent sur leurs téléphones, leurs consoles modernes ou leurs PC.Ces ‘ retro gamers ‘, comme on les appelle, sont de plus en plus nombreux et de plus en plus influents. Un des arguments de vente de la future Nintendo Vii (ex-Révolution), sera de pouvoir jouer à TOUS les jeux de TOUTES les consoles
Nintendo sorties depuis les années 1980 sans avoir à les racheter, par simple téléchargement.
Mode passagère ou symptôme d’un manque de créativité ?
Ce phénomène ‘ rétro techno ‘ atteint maintenant les téléphones portables. La logique est la même : prendre à contre-pied l’actuelle course à l’armement pour retrouver les bons vieux téléphones tous simples, mais avec
une autonomie hors pair.Sur eBay ou un site comme retrobrick, les plus plébiscités sont les classiques Nokia 2110, Motorola Startac et autres Ericsson. Le comble du snobisme étant de posséder le même Motorola que Richard Gere dans Pretty
Woman.Il fallait s’y attendre : le phénomène commence à être récupéré par les géants du marketing. Le fameux jeu Another World, par exemple, vient d’être relancé en conservant ses graphismes de
l’époque. Quant à Nokia, il va rééditer certains de ses grands classiques, le 2110 en tête.Au final, le débat reste ouvert. La rétro-technologie est peut-être un simple phénomène de mode, ou encore un excès de nostalgie typique de ceux qui pensent que ‘ c’était mieux avant ‘. Mais on peut
aussi y voir une réponse agacée au manque de créativité actuel, ou même le symptôme du décalage entre les besoins et l’évolution technologique.* Rédacteur en chef adjoint de 01 InformatiqueProchaine chronique mardi 23 mai
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