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‘ Recruteurs, attention ! La génération Y débarque… ‘

Entretien avec Benjamin Chaminade, expert en management des talents. Fondateur d’Inside HR, basé à Sydney, il anime Generation Y 2.0, un blog sur les Y et la culture 2.0.

Vous connaissiez les baby-boomers nés après-guerre ? Vous connaissez aussi leurs enfants, les sacrifiés de la crise, la fameuse génération X ? Apprenez désormais à composer avec leurs petits-enfants : la génération Y. Cette nouvelle
strate sociologique regroupe les 16 millions de Français nés entre 1978 et 1994. C’est-à-dire toute personne âgée actuellement de 14 à 30 ans.Née avec une Playstation dans les mains, cette tranche d’âge entre en force sur le marché de l’emploi et impose ses propres valeurs, ses codes et son mode de vie. Grands ‘ consommateurs ‘ de jeunes diplômés, SSII et
éditeurs se trouvent confrontés de plein fouet au phénomène.

Impatience, individualisme, interconnexion, inventivité

Docteur spécialisé en génération Y, Benjamin Chaminade parle des ‘ 4 i ‘ ?” individualisme, interconnexion, inventivité et impatience ?” pour caractériser cette nouvelle tribu. Opportuniste et consumériste, la génération Y
n’hésite pas à zapper d’un emploi à l’autre. Pour autant, il ne faut pas se prêter, selon lui, à la surenchère ­salariale ?” exception faite des ‘ stars ‘ de la profession ?” au risque d’attirer les
mercenaires. ‘ La fidélisation à l’entreprise ne dépend plus du salaire. L’Y s’engage d’abord sur des hommes. Il prête beaucoup d’attention à la qualité de sa relation avec son manager, son équipe. ‘ Le recruteur a
donc intérêt à présenter ses futurs collègues au candidat en phase d’embauche. Quant au chef d’entreprise, il devra être présent au moment de l’intégration en accueillant les recrues par leur nom. ‘ Je te respecte si tu me
respectes, et non pas parce que tu as les cheveux gris. ‘Interconnecté, l’individu Y est web 2.0 en mode natif. A l’aide des blogs et des ­forums, il échange quantité d’informations sur les entreprises, les conditions de travail ou les rémunérations pratiquées. On peut
notamment y lire : ‘ Je travaille dans telle SSII, l’ambiance n’est pas terrible. Je te déconseille de venir, d’ailleurs je suis sur le point de démissionner. ‘ Un renseignement d’autant plus précieux que l’Y fait
avant tout confiance aux personnes de son âge.Benjamin Chaminade conseille aux entreprises de faire de la veille sur le web pour soigner leur réputation employeur. Elles peuvent également constituer un groupe Facebook pour répondre aux internautes en direct. Mais gare aux
événementiels faussement jeunes comme Second Life ou Myspace, déjà dépassés à ses yeux. ‘ Il faut se rendre dans des univers virtuels moins courus comme Kaneva, Activeworlds ou Home de Playstation 3, en avance de phase.Quant à l’inventivité, le jeune Y dispose d’un champ de créativité fabuleux avec les outils web 2.0 comme les blogs. Pour éviter les frustrations, il doit retrouver dans la société le même environnement que celui de son
domicile. Quitte à mettre des garde-fous pour ne pas empiéter sur la productivité. ‘ On peut laisser, par exemple, les salariés se connecter à Facebook entre midi et 14 heures. ‘ Et attention au fossé intergénérationnel. La remarque d’un
quinquagénaire, qui fait la morale à un jeune actif pour ses cinq minutes de retard alors qu’il s’est connecté à la messagerie d’entreprise une partie du week-end, passera mal.L’entreprise doit, elle aussi, faire preuve d’inventivité en matière de recrutement, d’intégration ou de gestion de carrière. Benjamin Chaminade conseille, notamment, d’utiliser le ‘ rapport
d’étonnement ‘ en phase d’embauche. Le candidat passe une demi-journée dans l’entreprise. Il note ce qu’il a vu et ce qu’il peut faire pour améliorer l’organisation. ‘ Ce rapport vaut toutes les lettres de
motivation. ‘

L’effet positif des entreprises qui acceptent les départs

L’impatience est le point le plus délicat à gérer. ‘ Alors que leurs aînés ont suivi patiemment la voie tracée qui mène du développeur au chef de projet, les jeunes demandent, au bout de deux jours, ce qu’il faut faire
pour devenir chef. ‘ C’est au manager d’expliquer le déroulé de carrière et comment il va aider le collaborateur à atteindre les différents points d’étape. ‘ Le manager ne doit pas avoir peur de perdre sa place. Son rôle tient
plus aujourd’hui du disk-jockey que du contrôleur. Il met l’ambiance pour que son équipe soit toujours dans le rythme. ‘Enfin, pour les velléités de départ, Benjamin Chaminade propose d’être transparent : ‘ On ne va pas se mentir. Il est rare que l’on se marie avec sa première petite amie. Un jour où l’autre, vous voudrez partir. On
va vous y aider en maintenant votre “employabilité” par un plan de formation solide. ‘ En laissant cette porte ouverte, l’entreprise peut récupérer les partants plus tard. Dans l’intervalle, un réseau d’anciens ou
des événementiels aideront à garder le lien. Orange, qui pratique cette ouverture, aurait un turn over plus faible que la moyenne.

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Frédéric Bergé et Christophe Elise